Protestants dans la Ville

Page d'accueil    Liens    

 

Gilles Castelnau

Images et spiritualité

Libres opinions

Spiritualité

Dialogue interreligieux

Hébreu biblique

Généalogie

 

Claudine Castelnau

Nouvelles

Articles

Émissions de radio

Généalogie

 

Libéralisme théologique

Des pasteurs

Des laïcs

 

Roger Parmentier

Articles

La Bible « actualisée »

 

Réseau libéral anglophone

Renseignements

John S. Spong

 

JULIAN MELLADO

Textos en español

Textes en français

 

Giacomo Tessaro

Testi italiani

Textes en français

Libre opinion




gl1689.png

A quoi servent
les politiques de mémoire ?


Sarah Gensburger et Sandrine Lefranc



 

Les Presses de Sciences Po,
192 pages 17 €


Recension Alain Houziaux

 

23 janvier 2023


            Depuis la fin des années 90, on assiste à un développement massif des politiques de mémoire : musées mémoriaux, éducation civique à l’école, jours commémoratifs, actions de repentance… Mais ces politiques n’ont pas pu endiguer la montée de populisme, ni empêcher des actions politiques violentes. Pourquoi ?

            Les deux sociologues et politistes SG et SL proposent quelques hypothèses.

           

1) Ces politiques en identifiant les bourreaux, confèrent aux autres le sentiment qu’ils sont inaptes à ce genre de crime. Elles portent sur le passé et de ce fait, n’incitent pas, bien au contraire, à une prise de conscience sur le présent.

            Ces politiques renforcent le fossé entre les communautés. Ainsi, la commémoration de l’assassinat de S. Paty marginalise et identifie les réticents ; les visites des écoliers israéliens à Auschwitz renforcent leurs préjugés vis-à-vis des Autrichiens, voire du reste du monde.

 

2) Ces politiques suscitent un militantisme de la tolérance qui devient lui-même intolérant.

            Paradoxalement, ce qui interdit la violence la rend possible. De fait, la soumission à l’autorité d’une norme même morale est tout à fait apte à susciter des comportements violents et intolérants. En revanche, elle est inapte à susciter la tolérance.

 

3) L’être humain, loin d’être homogène, est dissocié et clivé. En chacun d’entre nous coexistent en parallèle, dans ce que nous ressentons, pensons et faisons, les attitudes les plus différentes. On peut à la fois professer en toute sincérité la tolérance et être aussi, dans les faits, tout à fait intolérant, et ce sans même en être conscient.

            Les impératifs des politiques de mémoire suscitent en nous des attitudes et des credo collectifs, grégaires et mimétiques et non des attitudes individuelles vis-à-vis de situations individuelles. Les politiques de mémoire peuvent susciter des comportements dictés, mais non des changements réels de la personnalité profonde.

            Nos comportements réels sont suscités par les situations et les circonstances occasionnelles dans lesquelles on se trouve. C’est le cadre situationnel, davantage que l’intériorisation des normes, qui détermine ces comportements.

 

4) Ce sont les individualistes, les marginaux, voire les misanthropes qui refusent d’entrer dans les actions meurtrières qui leur sont commandées (c’est ce qu’ont montré les études réalisées pour identifier les Allemands qui ont résisté au nazisme). Or les politiques de mémoire ont pour objet de susciter des conformistes et non des individualistes asociaux.

            Ce qui suscite la tolérance, c’est l’esprit critique. Mais, peut-on enseigner l’esprit critique ? Tout comme l’injonction « Sois libre, je te l’ordonne ! » est auto-falsificatrice, de même l’éducation à l’esprit critique apparaît comme un projet auto contradictoire.

            Il reste donc la question : que faire pour éduquer à l’esprit critique et à la non violence ? Et plus généralement : comment enseigner la morale ?

 

            On le voit, les conclusions de cet ouvrage rare sont tout à fait déconcertantes, dérangeantes et profondément décourageantes. Sauf de très rares passages, SG et SL ne font pas de proposition d’actions qui pourraient conduire à un changement réel des mentalités et des comportements. Il n’en reste pas moins que ce qui est dit dans cet ouvrage mérite d’être entendu. Et on ne peut que féliciter celles qui ont eu le courage de l’écrire.

                       

 

 

 


Retour vers "libres opinions"

Retour vers Alain Houziaux
Vos commentaires et réactions

 

haut de la page

 

   

 

Les internautes qui souhaitent être directement informés des nouveautés publiées sur ce site
peuvent envoyer un e-mail à l'adresse que voici : Gilles Castelnau
Ils recevront alors, deux fois par mois, le lien « nouveautés »
Ce service est gratuit. Les adresses e-mail ne seront jamais communiquées à quiconque.