Protestants dans la Ville
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L'excuse de Dieu
GOD'S APOLOGY
Jim Burklo
pasteur de l’Église Unie du
Christ
Université de Californie du Sud
traduction
Gilles Castelnau
25 juin 2021
Salut, les humains. Je suis Dieu qui vous
parle. Voici
quelques nouveautés dont je veux vous parler.
J’ai plusieurs façons de me faire connaître.
Comme vous avez aussi plusieurs manières de
vous présenter, toutes basées sur votre propre
existence. En voici une en ce qui me concerne.
Vous la trouverez peut-être utile.
J’ai commencé par être le créateur de
l’univers : c’était moi le gars demeurant
au-dessus du ciel qui a amené le cosmos à
l’existence. J’étais une entité ressemblant à
un être aux pouvoirs surnaturels illimités.
J’avais créé l’univers parce que je me sentais
seul. J’avais besoin de compagnie. Alors j’ai
formé le monde et j’y ai mis un humain,
quelqu’un à qui je pouvais parler. Quelqu’un
qui m’adorerait.
Mais j’ai vite vu qu’il y avait un problème.
Il est difficile d’entretenir de l’amitié avec
quelqu’un qui n’est pas votre égal. Mais si
j’avais créé l'homme comme mon égal, il serait
Dieu lui aussi. C’était un problème dont je ne
pouvais pas me sortir par mes pouvoirs
surnaturels. Je voulais de la compagnie mais
pas de rivalité.
Adam voulait la compagnie de quelqu’un qui
serait à son niveau. Je voyais bien qu’il
n‘était pas à l’aise. Alors je l’ai fait
dormir, je lui ai retiré une côte que j’ai
transformée en femme. Cela a marché un moment,
mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’ils
deviennent tous deux ambitieux. Les promenades
dans le jardin d’Eden étaient très bien pour
nous trois, mais ils se sont mis à vouloir
davantage. Ils voulaient mes super pouvoirs.
Alors ils ont mangé le fruit de l’Arbre de la
Connaissance et tout a basculé. Leur
prétention m’a déplu et je les ai chassés du
jardin. Je les ai obligés à travailler pour
gagner leur vie en pensant que cela les
calmerait. Mais ils ont finalement bien réussi
en agriculture, ils ont commencé à amasser des
surplus et leur progéniture a créé des cités
et des civilisations.
Ils ont réussi à construire des choses très
bien, comme l’étonnante tour de Babel. Ils
m’ont impressionné, mais ils m’ont aussi
effrayé à cause de leur proximité avec le
royaume des cieux. J’ai dû les faire revenir
sur terre en confondant leur langage de sorte
qu’il leur soit difficile de s’entendre et de
s’employer à ce qui doit demeurer du domaine
de Dieu.
C’était bien essayé mais cela n’a pas marché.
Ils ont développé des civilisations de plus en
plus élaborées et se sont tellement focalisés
sur la recherche du plaisir qu’ils ont
commencé à m’oublier. Cela m’a vraiment mis en
colère et j’ai décidé de nettoyer la terre et
de tout recommencer.
J’ai sélectionné une famille, je lui ai fait
construire un grand bateau et y placer un
couple de chaque animal et j’ai inondé la
terre entière.
Après le Déluge, Noé a repeuplé la terre et
pendant un temps tout allait mieux. J’étais
plus respecté et les gens semblaient calmés.
Mais évidemment, ils ont fini par retrouver
leurs anciennes habitudes.
Cette fois j’ai essayé de me montrer plus
subtil. J’ai envahi l’esprit de certains
hommes – les prophètes – qui parlaient de ma
part pour corriger l’orgueil et les mauvaises
attitudes des gens.
Cela a parfois marché, mais la plupart du
temps les prophètes étaient ignorés ou
persécutés : on ne leur manifestait du respect
qu’après leur mort.
Je commençais à ne plus m’intéresser à
l’humanité exactement comme elle ne
s’intéressait plus à moi. Je me suis senti
isolé et frustré.
Pourtant un homme m’a fait plaisir : Job. Il
suivait mes commandements et m’adorait de tout
son cœur. Avec lui je sentais que je pouvais
espérer avoir avec les hommes une véritable
relation.
Dans ma cour céleste d’anges et d’archanges,
Satan me servait d’inspecteur particulier. Il
a vu que j’étais content de Job mais il savait
aussi que j’avais bien souvent été déçu par
les hommes. Il m’a suggéré de tester Job pour
être sûr de sa fidélité. J’ai fini par
accepter à contre cœur sa proposition. Job a
enduré mille souffrances pendant cette période
de test. Il a perdu sa famille, sa richesse et
sa santé. J’avais le cœur brisé de l’entendre
crier vers moi pour me demander justice et
compassion. Il savait que ma conduite à son
égard était injuste et il me le répétait. Il
avait parfaitement raison.
J’ai essayé de le faire taire en lui tenant un
grand discours sur ma puissance et ma gloire
mais il n’y a trouvé aucune satisfaction – et
moi non plus évidemment.
Finalement nous lui avons rendu sa famille, sa
richesse et sa santé mais le test nous avait
laissé tous les deux traumatisés. Depuis des
millénaires j’en suis culpabilisé.
Cela m’a amené à
repenser toute cette histoire de divinité.
Être divin est très surévalué. A l’origine,
j’ai créé l’univers parce que je voulais une
relation d’amour. Mais l’amour exige une
certaine vulnérabilité. Job était vulnérable,
je ne l’étais pas et ma divinité compliquait
tout.
Alors j’ai décidé de devenir un être humain,
un mortel. En Jésus j’ai vécu tout ce que Job
avait enduré et souffert. C’était merveilleux
et c’était horrible.
Après la torture de la croix, après la tombe,
il n’y avait plus de recours. J’avais
abandonné mon omnipotence et mon omniscience.
C’était maintenant mon omniprésence. Trois
jours après je suis sorti de la tombe : je
n’étais désormais rien de plus et rien de
moins qu’amour inconditionné.
L’amour est tout ce qui me reste. Je reconnais
que je ne peux pas tout faire, je ne peux rien
forcer. Je ne peux pas contrôler les
événements. Tout ce que je peux faire
est formuler des invitations, attirer,
accueillir, rayonner la bonté et la compassion
et espérer attirer ainsi tous les êtres
vivants. Et lorsqu’ils m’ouvrent leur cœur et
se traitent mutuellement avec amour,
lorsqu’ils abandonnent toute prétention
démesurée, je ressens alors une joie
irrépressible en leur compagnie.
J’ai abandonné ma solitude cosmique. J’ai dû
renoncer à moi-même, comme d’ailleurs tout le
monde devrait faire, afin de trouver l’amour
que je recherchais si désespérément.
Pendant des temps et des temps j’ai souffert
de solitude et de frustration et j’ai par
conséquent fait souffrir les hommes par ma
prétention à leur donner l’impossible. Je
n’étais pas vraiment une très bonne divinité
surnaturelle car j’étais trop préoccupé par ma
jalousie rageuse.
Je suis sincèrement désolé de tout cela, chers
humains.
Le fait de me mettre à votre niveau me donne
une infinie empathie pour tout ce que vous
avez vécu.
Je ne veux pas que la religion rende votre vie
plus dure qu’elle n’est déjà.
Alors, à partir de maintenant, pensez à moi
comme Amour.
Ainsi je pourrai vous connaître tels que vous
êtes et vous pourrez aussi me connaître
vraiment.
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