Libre opinion
Ninive et la Covid
Gilles Carbonell
3 janvier 2021
Jonas entre dans la ville, il marche pendant un jour entier. Il annonce aux gens : « Dans quarante jours, Ninive sera détruite ! »
Aussitôt, les gens de Ninive croient à la parole de Dieu. Ils décident de ne rien manger. Tous mettent des habits de deuil, les riches comme les pauvres.
Cet extrait du livre de Jonas pourrait nous interpeller de nos jours : à l’annonce d’une menace, les habitants de Ninive, sans attendre, se jettent dans l’action pour protéger, ou essayer de protéger, la communauté.
Ils agissent ! Ils ne s’abîment pas dans la prière ni dans la résignation, ils ne désignent pas de bouc émissaire, ils ne se contentent pas d’attendre les directives de leur roi, ils agissent !
Regardons autour de nous : certains agissent, aide aux isolés, portage de repas... cultes en ligne, soutien scolaire à distance. Ils n’attendent pas que la situation se débloque, ils n’attendent pas qu’on leur dise comment il faut comprendre les choses, ils n’attendent pas d’incantations ni de prières, ils agissent !
Au cours de l’année, à des dates diverses, le Conseil national de l’Eglise Protestante Unie a publié des communiqués comme celui-ci : « Frères et sœurs, les jours que nous vivons sont sombres, la peur s'infiltre dans les esprits, la mort et son cortège de larmes recouvrent tout. [...] Au cœur de l’épreuve, c’est en Dieu que nous plaçons notre confiance. Disons-Lui nos craintes et nos peurs, Il apaisera notre cœur. Tournons-nous vers Lui, il nous donnera sa paix [...] Soyons les uns pour les autres témoins de cette espérance, témoins de cette promesse de vie [...]. Dans la nuit du monde, que la lumière du Christ ressuscité soit notre phare. »
Oui. C’est bien. Mais si nous nous accommodons de cela, si cela nous suffit, nous contente, alors cela veut dire que nous sommes comme Jonas, enfermés dans le ventre d’un poisson, ne voyant rien du monde extérieur.
Agir. Et agir même si l’on n’est pas concerné. Parmi les habitants de Ninive, certains étaient effectivement fautifs, provoquant la colère de Dieu, mais pas tous. D’autres sans doute étaient des justes, des gens de bonne volonté. Et pourtant tous ont pris le deuil, ont jeûné, juste pour sauver tout le monde, pour éviter la destruction de leur ville. Tous !
Aujourd’hui, la menace ne vient pas de Dieu, c’est une épidémie. Nous ne sommes pas tous exposés de la même manière, nous ne sommes pas tous en danger direct, personnel, mais nous devons tous prendre les précautions qui peuvent protéger l’ensemble de la population : règles d’hygiène, port du masque, renoncement aux rassemblements et, bien sûr, depuis peu, vaccination dès que cela devient possible.
Nous devons faire ce qui semble efficace. C’est ce qu’ont fait les habitants de Ninive, ville menacée ; ils ont agi, sans attendre et sans être sûrs du résultat.
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