La foi dans
un âge scientifique
exposé de
Robin Meyers
pasteur de l’Église
Unie du Christ
professeur de théologie à l’Université
d’Oklahoma
à la Conférence
« Marcus Borg »
tenue à l’église St. Stephen de Bristol
le 13 mai 2017
présentation de l'exposé
par David Ireson
traduction
Gilles Castelnau
5 octobre 2018
Dans ses cours
de théologie à l’Université, le
professeur Robin Meyers rapporte que,
fréquemment, des étudiants en théologie venant
de province, disent que « ses cours sont
dangereux. » Leurs croyances et leurs idées
sont, en effet, confrontées pour la première
fois, à un enseignement universitaire. Le
« Dieu du ciel » de leur enfance, le
Papa surnaturel, le législateur et juge
alternativement consolateur et assassin divin,
le Dieu que l’on peut mobiliser pour être de
notre côté dans nos combats pour aimer ceux que
nous aimons et haïr ceux que nous
haïssons :
« Ce Dieu est mort ».
Il n’est d’ailleurs pas étonnant
que des millions d’anciens fidèles quittent
l’Église car ils ne peuvent plus y croire.
On veut aujourd’hui la vérité et les É glises
ont pour cela mauvaise réputation. Les pamphlets
athées attirent davantage les jeunes.
« Il y a une crise de
Dieu ».
Il nous faut abandonner
tranquillement l’idée d’un Dieu qui serait
« celui de là-haut ». L’idée que
science et religion seraient ennemies, alors
qu’elles sont naturellement partenaires.
La Bible est une conversation à
propos de Dieu que nous cherchons à écouter
alors qu’elle ne nous est pas destinée. Lire les
épitres du Nouveau Testament est lire les
lettres adressées à d’autres qu’à nous.
La Bible ne dit rien. Elle a dit beaucoup de
choses il y a 2000 ans, auxquelles
peut-être nous pouvons trouver du sens
aujourd’hui.
Nicolas
Copernic qui observait le ciel avec une
grande attention, découvrit que c’était la terre
qui tournait autour du soleil et non l’inverse.
Jean Calvin
répliqua : « qui s’aventurera à placer
l’autorité de Copernic au-dessus de celle du
Saint Esprit ? »
Martin Luther
se contenta de traiter Copernic de fou.
Quant à
Galilée, il admit la nouvelle
cosmologie en disant : « la Bible dit
comment aller au ciel, elle ne dit pas comment
le ciel fonctionne. » Mais cela lui coûta
presque la vie.
Lorsqu’Isaac Newton étudia les étoiles et les
planètes, il élabora une loi de leur mouvement à
la manière d’une horlogerie : « Le
magnifique système du soleil, des planètes et
des comètes ne peut provenir que de la volonté
d’un être intelligent et puissant. » Pour
cette « horloge » géante, il a bien
fallu l’action d’un horloger.
[...]
Le « Réseau
lumineux ». Plutôt que d’un
horloger individuel comme une personne, il vaut
mieux parler de Dieu comme d’un « réseau
lumineux ». Les théologiens du Process
voient Dieu comme intervenant dans les relations
des gens entre eux, avec des choses, et des
choses entre elles. Et le Tout est l’unité
fondamentale de la réalité, « lumière
agissant en tout ce qui existe » come l’a
dit Marcus Borg : gloire de Dieu présente
dans l’ensemble de la création.
Robin ne croit pas en la Trinité.
Il a dit : « le dogme de la Trinité
est une indication donnée par l’Église au cours
de son évolution, pour expliquer le mystère du
Dieu créateur, du Dieu soutien... qui nous aide
par le mystère de la mort et de la résurrection
de Jésus... La Trinité est très utile comme
métaphore relationnelle et certainement pas
comme dogme théologique : son usage est
problématique dans le dialogue avec les juifs et
les musulmans qui la comprennent comme un
polythéisme. »
Il a également dit : « je ne crois pas
que le diable soit un être personnel. Il
est le symbole de l ‘accumulation de tous
les effets néfastes de la haine, de la
bigoterie, de la colère et des insultes entre
humains. »
Il faut bien
constater que jusqu’à présent l’Église
en est restée au modèle newtonien alors que les
paroissiens vivent dans un univers de pensée
post-newtonien. Ils perdent alors leurs repaires
traditionnels et leur foi se délite. Ils sont,
en effet naturellement connectés au surnaturel
comme au « réseau lumineux, où toute
réalité est connectée à toutes les autres
réalités, où toute action est la conséquence et
la cause d’une autre et a une importance éthique
à une niveau spirituel profond. » Ce qui
compte n’est donc pas la qualité de notre
obéissance mais celle des conséquences de nos
actes.
Science et religion convergent de
plusieurs manières et notamment sur le concept
d’ « unité ». on ne peut plus
prétendre que l’animal humain est différent et
supérieur à toutes les autres formes de vie sur
terre. Toutes les vies sont connectées les unes
aux autres. L’idée est que l’univers est un
Réseau lumineux et que nous sommes de la
poussière d’étoiles dans un champ cosmique. Nous
ne sommes pas seuls. Nous faisons partie de
l’ensemble du réseau qui est pure relation et
dynamisme nous animant tous depuis la naissance
du monde.
Robin reconnaît une analogie de
cette idée avec la théologie de Paul Tillich qui décrit
Dieu comme le « Fondement de l’être »
et même comme l’« Être lui-même ».
Moïse
reconnaissait Dieu comme « Je suis qui je
serai ».
Et saint Paul
disait : « Aujourd'hui nous
voyons au moyen d'un miroir, d'une manière
obscure, mais alors nous verrons face à face;
aujourd'hui je connais en partie, mais alors je
connaîtrai comme j'ai été connu. »
Le temps est certainement venu
pour la Science et la Religion d’organiser une
conférence de paix. Nous sommes placés devant le
mystère de la grande vie unique du monde. Nous
ne la comprenons pas mais elle nous paraît
merveilleuse.
.
Lors de la
séance de questions, Robin Meyers précisa
ceci :
La prière
Dans ma paroisse de Mayflower (Oklahoma) on a
tout simplement arrêté de mentionner Dieu de
façon personnalisée. Nous disons plutôt :
« Esprit éternel », « Réseau
lumineux », « unité parfaite »
(‘dear Eternal Spirit’, ‘dear Luminous Web’,
‘dear Wholly One’).
Nous nous efforçons d’utiliser des mots qui ne
personnalisent pas Dieu et qui, en tous cas, ne
soient pas masculins. Nous n’utilisons pas de
pronoms masculins pour Dieu. Nous disons alors
simplement « Dieu «.
De plus nous évitons de rédiger des prières de
demande. Nous essayons d’avoir des prières qui
soient une pratique spirituelle qui nous aident
à entrer dans le mystère du Réseau lumineux.
L’éthique
Le Réseau lumineux ne se préoccupe pas du bien
et du mal. Il sait seulement que toutes les vies
sont connectées. Par exemple un tremblement de
terre n’a pas de signification morale. Si
quelqu’un y perd la vie, ce n’est pas parce
qu’il a fait le mal. Mais aider les victimes du
tremblement de terre est un acte moral connecté
dans le Réseau lumineux.
Dieu
ne fait pas tout
Je crois que Dieu est la réalité spirituelle qui
met toutes choses en relations pour le bien ou
pour le mal à un niveau spirituel et physique.
Mais je ne crois pas qu’il fait arriver les
choses en les commandant, en disant :
« je vais faire cela », ce qui peut
sembler d’un arbitraire horrible et ce qui
pousse les gens hors des églises.
Nous devons abandonner l’attitude infantile de
ceux qui s’adressent à un Père Noël dans le ciel
pour lui demander de faire ceci ou cela pour
nous, de punir ceux qui nous n’aimons pas ou de
donner du sens à ce qui est inexplicable.
Prière
non-théiste
Robin Meyers n’est certes pas théiste. mais le côté
abstrait du Réseau lumineux le contraint
d’admettre que « lorsque les gens
traversent une crise, ils n’ont pas envie de
prier une sorte de réseau invisible et nébuleux
du style "que la Force soit avec toi" ».
On s’adresse dans la prière à quelqu’un dont on
pense qu’il est suffisamment comme nous pour
qu’il puisse établir avec nous une véritable
relation. Il y a là une vraie question. Comment
être non-théiste sans abandonner le réconfort
que l’on trouve dans la prière lorsqu’on a
besoin d’aide et de conseil et que l’on ne se
trouve que devant quelque chose d’impersonnel.
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