
statue de l'amiral de Coligny, rue de Rivoli à Paris
Gaspard de Coligny
1519-1572
Gilles Castelnau
2 février 2019
Le 16 février 1519, c’était il y a 500 ans, naissait Gaspard de Coligny qui fut à l’époque une personnalité incontestée du monde protestant. Il était aussi une personnalité nationale, ministre de la France et conseiller du roi Charles IX. Assassiné pourtant – ou justement – au début du massacre de la Saint-Barthélémy.
Si on passe rue de Rivoli à Paris à l’angle de la rue de l’Oratoire, juste derrière le grand temple de l’Oratoire, on voit l’immense monument avec sa noble statue qui a été édifié par souscription nationale lors du centenaire de la République en 1887.
Il est bien placé à cet endroit devant le temple puisqu’il était un grand protestant, puisqu’il traversait quotidiennement la rue de Rivoli – qui n’était alors qu’un simple sentier – pour entrer au Louvre où il partageait les préoccupations du roi et puisqu’il habitait tout près de là, au 136 de l’actuelle rue de Rivoli.

Une plaque a été apposée par erreur au N° 144 avec cette inscription : « A cette place s’élevait l’hôtel où l’amiral Coligny périt assassiné dans la nuit de la Saint Barthélémy le 24 août 1572.
De plus la rue qui passe devant l'église Saint-Germain l'Auxerrois se nomme rue de l'Amiral de Coligny.
De famille de grande noblesse, il passa son adolescence à la cour du roi François Ier . Avec les fils du roi, le jeune François qui mourra à 18 ans et le futur Henri II, il étudiait avec eux les lettres et les mathématiques, les arts de cour (la danse et le jeu de paume) et les arts de guerre (équitation et escrime).
Lorsqu’Henri II devint roi, il devint un homme de guerre célèbre, il jouissait d’une grande faveur à la cour. Henri II en fit son principal ministre et le nomma amiral de France. Il sympathisait avec les protestants et les aidait à se structurer et à devenir progressivement une force organisée et puissante.
Henri II le chargea d’organiser une expédition coloniale au Brésil. Celle-ci, sous les ordres de l’amiral protestant Villegagnon débarque dans la baie de Rio de Janeiro et y établit le Fort Coligny. Coligny pensait que des protestants français pourraient s’y établir et pratiquait librement leur religion. Mais les catholiques portugais les en ont chassés.
Sous le règne du roi Charles IX, les protestants ont pris de l’importance, beaucoup de nobles s’y sont intégrés et ils souhaitaient avoir droit à une existence politique comme les catholiques. D’ailleurs Catherine de Médicis, la mère du roi et régente du royaume semblait se montrer favorable à la conciliation entre catholiques et protestants.
En 1560, à 41 ans, Coligny se convertit officiellement au protestantisme et participa publiquement au culte. Il présenta en 1560, une requête pour la construction de temples et la suppression des peines contre les protestants. Avec Catherine de Médicis il prépara en 1561, dans l'espoir de réaliser l'unité religieuse le colloque de Poissy mais celui-ci échoua.
Néanmoins elle signa l'édit de Janvier 1562 qui reconnaissait pour la première fois la « nouvelle religion » et accordant aux protestants la liberté de culte hors des villes.
Mais cet édit pourtant fort limité exaspéra les catholiques, d'où deux mois plus tard, le massacre de Vassy, qui souleva un intense émoi et fut le départ des guerres de religion.
Coligny participa dès lors aux trois premières guerres de religion (Il y en eut huit en tout que l'Édit de Nantes signé par Henri IV en 1598 fera cesser.
Du coté protestant c’étaient Louis de Condé et Gaspard de Coligny. Du côté catholique le clan des Guise le duc d'Anjou, frère du roi Charles IX.
Coligny obtint en 1570 la Paix de Saint-Germain (1570) qui accordait la liberté de conscience à « ceux de la religion prétendue réformée » et la liberté de culte (sauf à Paris) avec quatre « places de sûreté ».
C’était l’apogée de la carrière de Coligny. Lui qui avait été condamné à mort par le roi et dont les biens avaient été confisqués avait désormais retrouvé toute sa place à la cour, jouissait de la faveur du roi et était devenu son conseiller. Il l’incita par exemple à soutenir Guillaume d’Orange qui défendait la liberté des Pays-Bas protestants contre le roi Philippe II d’Espagne. Mais ce projet suscita l’exaspération du camp des catholiques, mené par les Guises.
1572. La Saint-Barthélemy, assassinat de Coligny
C’était le mariage d'Henri de Navarre, le futur Henri IV avec Marguerite de Valois. Paris était plein de gentilshommes protestants venus de province pour l’occasion. Les catholiques ne décoléraient pas.
Charles de Louviers, seigneur de Maurevert, tira sur Coligny depuis une maison appartenant aux Guise. S'étant penché pour renouer le lacet de sa chaussure, il ne fut touché qu'au bras gauche et à la main par ce coup d'arquebuse.
Les historiens sont encore partagés sur l'identité du commanditaire de cet attentat, les principaux suspects étant :
- Catherine de Médicis en personne (jalouse de l’influence que Coligny prend sur le roi Charles IX, et inquiète de leurs projets de guerre, encourage les Guise à exercer leur vendetta sur l’amiral)
- Le roi Charles IX, à l’écoute des Guise, convaincu que sa couronne est mise en danger par le pouvoir protestant. Il a besoin du soutien de la population de Paris, mais celle-ci est déjà tellement chauffée par les prêtres anti-protestants qu’elle devient incontrôlable.
Cet attentat manqué provoque, dans les deux camps, colère et angoisse et déclenche le massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, qui commence par l’assassinat, chez lui, de l’amiral. Son corps est jeté par la fenêtre de sa maison.
L’assassinat de Coligny d’après Agrippa d’Aubigné (Histoire Universelle) :
Besme entre dans la chambre, trouve l’Amiral, sa robe de nuit sur lui. Il lui demande :
-
Es-tu l’Amiral ?
La réponse fut «
-
Jeune homme, respecte ma vieillesse.
[...]
Besme lui passa l’épée au travers du corps et, la retirant, lui met le visage en deux. Le duc de Guise demandant si la besogne était faite et Besme ayant répondu que oui, on lui commanda de jeter le corps par la fenêtre, ce qu’il fit. On lui coupe la tête et on pend son corps par les pieds au gibet de Montfaucon.
Alors le peuple parisien, avec la bénédiction active du clergé, se déchaîna pendant trois jours contre les « hérétiques », faisant 2 000 à 3 000 morts dont 200 gentilshommes protestants.
La nouvelle du massacre provoqua en province d'autres massacres, explosions de haine anti-huguenote.
La Saint-Barthélemy a évidemment mis les protestants en état de choc. Là où les communautés étaient nombreuses et bien implantées, dans le Midi et l'Ouest, la résistance s'organisa : ainsi à La Rochelle, Montauban, Millau, Castres.
Et la quatrième guerre de religion s'alluma. Elle se termina en 1573 par un édit de paix marquant la défaite des protestants.
Il reste du seigneur Gaspard de Coligny son monument rue de Rivoli et le nom de sa ville de naissance : Châtillon-sur-Loing, renommée Châtillon-Coligny sous la 3e République.
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