17 novembre 2003

Je suis horrifié par les attentats contre les synagogues ou les écoles juives. Je suis horrifié qu'un amalgame se fasse dans la tête des criminels entre la politique et la religion. Ils identifient sans doute la religion d'Israël, la Bible, la foi, la prière qui se vivent dans les synagogues, avec la politique répressive d'Ariel Sharon contre les populations palestiniennes, le mur qu'il fait construire, et les oliviers arrachés par les colons israéliens dans les territoires occupés de Cisjordanie.
Dans toutes les religions il y a, notamment de nos jours, des extrémismes qui les dénaturent, des intégrismes fondamentalistes qui sont responsables de toutes les dérives, souvent, en effet, criminelles.

- Les musulmans, auxquels on pense tout de suite lorsqu'il s'agit d'attentats anti-Juifs, ne sont pas non plus indemnes de ces amalgames.
On identifie facilement la religion musulmane, le Coran, la foi, la prière qui se vivent dans les mosquées, avec les abominables attentats suicides sanglants, avec la charia du Nigeria, d'Iran et d'Arabie saoudite, les lapidations, les mains coupées, les coups de fouet, la situation inférieure des femmes etc.
L'amalgame est vite fait entre le paisible islam, fraternel et généreux, le doux judaïsme souriant apaisé, et les intégristes qui prétendent naturellement être les seuls fidèles, avoir le monopole de la compréhension juste de la religion.
Ce sont eux qui qualifient, complètement abusivement, d'attitude antisémite les critiques hélas trop justifiées contre l'attitude d'Ariel Sharon et d'islamophobie les critiques également justifiées contre les horreurs des lapidations et mutilations.

Ma libre opinion est que nous ne devons pas nous laisser entraîner par ces abus de langage, ces confusions mentales, ces incitations à la haine.
Il n'est en rien caractéristique de la religion musulmane d'être violente, intolérante et terroriste. Nous connaissons tous ces musulmans paisibles dont la foi est heureuse et l'attitude fraternelle et hospitalière. Nous connaissons tous ces juifs tranquilles et amicaux remplis d'amour et d'espérance.
Témoin en soit d'ailleurs les musulmans et les rabbins que j'ai à plusieurs reprises invités sur les ondes de Fréquence protestante et dont les paroles apaisées et la foi communicative ont fait le bonheur des auditeurs.

Mais justement, ma libre opinion est aussi que ces théologiens et penseurs juifs et musulmans si gentils et agréables, devraient eux aussi, comme je m'efforce de le faire moi-même à leur place, dénoncer ces amalgames inacceptables et répéter haut et fort que non, en vérité, les juifs et les musulmans ne sont pas tous des fondamentalistes affolants, des intégristes méchants.
Ils ne le font guère. Sans doute parce que, pour eux, cela va sans dire. Peut-être aussi parce qu'ils ne veulent pas sembler manquer de solidarité avec ces fondamentalistes qui se réclament du même Moïse, du même Mahomet.

Un juif pieux et sympathique, comme ils le sont presque tous, se sentirait-il tellement solidaire des colons qui coupent les oliviers des Territoires de Cisjordanie pour accaparer leurs terres, qu'ils n'osent même pas dénoncer leur folie au nom de la solidarité tout simplement humaine avec leurs frères humains palestiniens ?

Un musulman pieux et sympathique, comme ils le sont presque tous, se sentirait-il tellement solidaire des Talibans et des ayatollahs qui lapident les adultères, fouettent les femmes qui conduisent des autos, coupent les mains des gens et organisent des attentats suicides, qu'ils n'osent même pas dénoncer cette folie au nom de la solidarité tout simplement humaine avec leurs frères humains transgresseurs de la charia ?

- Mais il faut aussi balayer devant notre porte, le christianisme. Il faut certainement mentionner les dérives de certaines tendances super conservatrices de l'Église catholique, qui laissent périr du sida des millions d'Africains plutôt que de leur permettre de se protéger par des préservatifs, ou qui cherchent à entraver parfois la liberté des femmes de pratiquer le contrôle des naissances, l'avortement etc. Les dénonciations de ces excès de pouvoir pourrait sans doute se faire davantage dans les journaux catholiques et du haut de la chaire des messes du dimanche, afin que personne ne puisse faire d'amalgame entre le message libérateur et sauveur du Christ et l'enfermement moral et spirituel de ces conservateurs.
Et que l'on ne vienne pas, ici non plus, qualifier d'anticatholicisme primaire ceux qui n'y reconnaissent pas le message d'amour de l'Évangile.

- Alors je ne veux pas être injuste moi-même et sembler oublier les fondamentalistes protestants américains, intégristes fous eux aussi, qui assassinent les médecins et les infirmières coupables à leurs yeux d'avoir pratiqué des IVG, qui cherchent à imposer des prières de leur cru au haut-parleur dans les stades avant les match de football, et qui conseillent l'Administration de W. Bush dans sa croisade contre ce qu'il appelle les « forces du mal ».

Remarquez que les protestants n'ont pas leur langue dans leur poche et dénoncent vigoureusement à qui veut les entendre ces dérives inacceptables. Le président de la Fédération protestante de France est allé manifester devant la Maison Blanche (où d'ailleurs il n'a pas pu être reçu, même pas par un petit fonctionnaire subalterne) et le président de l'Église méthodiste à laquelle le président W. Bush appartient n'a pas pu non plus être reçu et entendu à la Maison Blanche. Mais au moins ils l'ont fait savoir et l'amalgame ne peut pas être fait entre les temples protestants de France et les tendances intégristes du protestantisme. Dénoncer ces excès n'est, certainement pas, être contre Dieu et on Évangile !

.

Ma parole finale sera de dire que les responsables religieux doivent absolument mobiliser toute leur énergie et prêcher contre les amalgames destructeurs que je dénonce, afin de travailler tant qu'ils le peuvent à l'entente et la compréhension entre les hommes, à la paix des esprits et... la paix tout court ! Ainsi, la vie des hommes soit plus heureuse et plus fraternelle.

Mais comment les hommes s'entendront-ils si les responsables religieux ne les y aident pas ?

haut de la page