Dialogue interreligieux

Le chemin, la vérité et la vie


Gilles Castelnau

 

18 mars 2023

Jésus a dit en Jean 14. 6 :
        Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. 

Il faut sans doute s’interroger : Quel est le chemin, la vérité, et la vie ?
On peut proposer deux réponses selon qu’on est plutôt centré sur la « religion » ou sur la « spiritualité ».

• La 1^ère réponse est celle de la « religion »
C’est l’ensemble de doctrines, de rites dans lesquels on vit.
Un intégriste musulman a ses certitudes primordiales indiscutables et excluant les autres.
Un conservateur catholique ou évangélique, intégriste jugera que l’essentiel est d’être intégré dans l’absolu de la Vérité divine révélée. Il se focalisera sur les affirmations qu’il jugera indiscutables que Dieu est le créateur tout-puissant du ciel et de la terre, que Jésus-Christ est son Fils unique, né du saint Esprit, que le dogme de la Trinité affirme justement que le Père, le Fils et le Saint-Esprit constituent un Dieu unique en trois personnes, que le sang de la croix du Christ nous purifie de nos péchés et notamment du Péché originel.


Le conservateur chrétien s’éloignera des musulmans et de tous les autres en expliquant ainsi l’affirmation de Jésus : 
- Le chemin, évidemment unique, est celui que l’Église décrit par ses dogmes et qui conduit vers l’au-delà de Dieu.
- La vérité, évidemment unique, est que ses dogmes décrivent de manière absolue l’organisation du monde, ici-bas et au-delà.
- La vie, éternelle, unique elle aussi est effectivement signifiée et transmise par les seuls enseignements et sacrements de l’Église.

• La  2^e réponse est celle de la « spiritualité »
Le spirituel chrétien se rapprochera des musulmans et de tous les autres en développant la conscience d’être profondément enraciné dans Terreau divin comme une plante qui laisse monter en elle la sève de la vie. La spiritualité nous fait ainsi puiser en nous le dynamisme créateur divin qui anime tout ce qui respire et habite l’univers.
On n’y cherche pas la sécurité morale ou intellectuelle mais le courage, l’élan permettant d’affronter les épreuves et les forces destructrices.

- Le chemin de Jésus n’est pas balisé par des doctrines et des rites mais il est un mouvement infusé par Dieu, dirigé par sa créativité et la conviction de la « grâce », bienveillance donnée à tous sans discrimination.
- La vérité est celle de la seule ouverture à Dieu par la foi et non celle des pharisiens qui qualifiaient Jésus de pécheur dans la mesure où il n’obéissait pas aux règles de la religion qu’étaient le respect du sabbat, les rites de pureté, et le pardon réduit au seul Yom kippour et suivant l’expression d’une repentance.
- La vie que révèle Jésus est celle de l’énergie intérieure qui fait « se lever et marcher », guérir spirituellement, vivre et penser dans l’esprit d’une résurrection intérieure.

Un musulman libéral mettra sa confiance en Dieu « miséricordieux et compatissant ».
Il citera la sourate 2, 177 :

La piété ne consiste pas à tourner votre face vers la Mecque ou vers l'occident.
L'homme bon est Celui qui, pour l'amour de Dieu,
donne de son bien à ses proches, aux orphelins, aux pauvres, au voyageur, aux mendiants.
Celui qui s'acquitte de la prière, celui qui fait l'aumône,
ceux qui sont patients dans l'adversité, le malheur et le danger :
Voilà ceux qui sont justes ! Voilà ceux qui craignent Dieu. 

Chrétiens et musulman libéraux, nous ne récuserons pas systématiquement les doctrines différentes de nos « religions » respectives, nous ne polémiquerons pas sur nos idées et nos pratiques mutuelles. Nous établirons un dialogue heureux et souriant sur la vie profonde que nous sentons en nous et que nous vivons dans la prière, la fidélité, l’amour du prochain, la paix intérieure, l’universalité de Dieu.
Nous partagerons ensemble les graves problèmes que sont la guerre, la violence, la pauvreté, la protection de la nature, les injustices et les violations des droits de l'homme.
En nous rencontrant ainsi nous approfondiront chacun notre spiritualité sans le vouloir particulièrement y convertir l'autre.

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