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Des animaux et des dieux

essai de théologie animaliste


Christian Delahaye


éd. Empreinte

184 pages - 18 €

 

16 juin 2022

L’auteur fait, en 12 chapitres le tour de la pensée humaine envers le monde animal. Il nous présente de manière claire et intéressante la manière dont l’humanité s’est située dans une sorte de parenté avec les animaux comme l’ont fait les anciens greco-romains, les autres religions hindouistes, et bouddhistes. Puis le développement d’une pensée catholique (et protestante) étroite avec son combat acharné contre Darwin, jusqu’à sa recherche d’ouverture à une période récente.

Dans ce livre catholique, les théologiens protestants sont fréquemment mentionnés, notamment Dietrich Bonhoeffer, John Spong, Jürgen Moltmann, Paul Tillich, Andrew Lindzey.

L’auteur montre bien que l’amour créateur de Dieu envers l’ensemble de la création nous ouvre à la spiritualité ouverte et heureuse d’un amour universel.

En voici des passages.

 


1
Une révolution tout d’abord scientifique

 

 Une désastreuse querelle

Cent cinquante ans après le lien retrouvé par Darwin entre l'animal et l'homme, la désastreuse querelle contre le darwinisme  continue pourtant de plus belle, menée par les irréductibles tenants d'un créationnisme fixiste, anhistorique et anti-scientifique, arcboutés sur leur lecture littérale du livre de la Genèse.

[...]

Après Darwin et Collins, s'inscrivant dans leur sillage suivant des études différentes, d'autres scientifiques, depuis un demi-siècle, sont encore montés au créneau du mur spéciste pour achever de le démonter, ce sont les éthologues. Le prix Nobel de médecine 1973 Konrad Lorenz (1903-1989) fut l'un de leurs précurseurs, avec les travaux qu'il a minutieusement menés sur l'oie cendrée, ses caractéristiques physiologiques (locomotion, cris, nourriture, reproduction), ainsi que sur ses mœurs étonnantes, sa vie de couple, sa vie familiale, sa vie au sein de son groupe hiérarchique, mais également sur, ce qu'il appelle l'empreinte, le mouvement qui amène l'oison à s'attacher au premier être vivant qu'il rencontre à la sortie de l'œuf. Les photos qui le montrent suivi d'une procession d'oies, ou avec une oie lui faisant un câlin sur l'épaule sont passées à la postérité pour illustrer cette empreinte qui n'est pas un numéro, mais une validation scientifique.

 


2
Une révolution qui chamboule le droit


Déclaration universelle des droits de l'animal

Il n'empêche que les nombreux textes qui concernent l'animal témoignent d'une nouvelle sensibilité, une prise de conscience formulée nettement dans les divers considérants exprimés en ouverture de la déclaration universelle des droits de l'animal, proclamée à Paris en 1978 par l'UNESCO : tous les êtres vivants (ont) une origine commune qui s'est différenciée au cours de l'évolution des espèces, tout être vivant doté d'un système nerveux Possède des droits particuliers, le mépris, voire la simple méconnaissance de ces droits naturels provoquent de graves atteintes â la nature et conduisent l'homme â commettre des crimes envers les animaux. Le respect des animaux par l'homme est inséparable du respect des hommes entre eux.

 

 


3
Et maintenant une révolution politique


Le rapport Dombreval demande aussi l'institution d'une sorte de défenseur des droits ou d'un secrétariat d'État dédié â la condition animale, voire un délégué interministériel qui pourrait traiter toutes ces questions, â l'image de ce qui se fait en Belgique. Un remaniement ministériel plus tard, le gouvernement n'a pas entériné cette dernière suggestion, mais il a adopté quelques mesures concrètes (interdiction de la castration à vif des porcelets et du broyage des poussins, suspension de la chasse à la glu, interdiction dans quelques années des spectacles d'animaux sauvages dans les cirques itinérants et des numéros de dauphins ou d'orques dans les delphinariums).

 

 



4
Les deux révolutions des philosophes


L’apparentement de l’homme et de l’animal

[...]

La démarche cartésienne se veut scientifique.

Descartes professe que la langue du grand livre de la vie n'est ni l'hébreu, ni le grec, ni le latin, mais la mathématique. Il se sert d'outils mathématiques qui permettent de rattacher ses thèses à une théorie d'ensemble. Pour lui, le Pneuma ne régit plus le monde, l'univers n'a plus ni vie, ni force, mais il s'offre à l'intelligence humaine selon les seules données mesurables des dimensions et du mouvement. Et il applique celles-ci à l'animal comme aux étoiles, à l'intérieur de la gigantesque machinerie où ses rouages osseux et musculaires, ses fluides divers et ses ressorts organiques obéissent aux lois générales d'un métabolisme purement mécanique.


Réactions à l’idéologie mécaniste

Rousseau observe une ressemblance exacte avec l'espèce humaine chez les babouins ou les orangs-outans, plus gros et plus forts, qui, malgré leurs yeux enfoncés, présentent un visage humain. Il relève parfois moins de différence d'eux à des hommes que d'homme à homme et s'étonne des raisons sur lesquelles les auteurs se fondent pour refuser aux animaux en question le nom d'hommes sauvages.

 

 

5
Les polythéismes, darwinistes avant Darwin

 

Degrés animaux hiérarchisés

On retrouve chez Platon la croyance en un karma qui, suivant les actions posées dans la vie antérieure, entraîne une réincarnation avec des degrés animaux hiérarchisés selon le Logos. Mais c'est toujours la même âme, commune à tous les vivants, qui poursuit sa destinée en se réincarnant dans diverses espèces. L'apparentement qui s'ensuit entre les humains et les animaux se retrouve encore chez les Grecs et chez les Romains, comme dans l'animisme, le totémisme, le védisme, l'hindouisme, le zoroastrisme, le bouddhisme, le jaïnisme, le confucianisme, le taoïsme, tant il est vrai qu'aucune frontière, aucun mur ne semble jamais avoir été dressé sur aucun continent ni par aucune civilisation entre humains et non humains. Sans exclure l'existence d'une hiérarchie entre les espèces, une continuité des créatures, une solidarité entre les vivants revêt bien un vécu universel et intemporel. Un pré-darwinisme, en quelque sorte, semble bien prévaloir à travers croyances et religions. Jusqu'à ce qu'émerge le monothéisme.

 


6
Le Dieu unique et l’animal

[...]  

Les animaux inclus avec les hommes dans l'alliance

[...]

Au final, les animaux vont être inclus avec les hommes dans l'alliance passée par le Créateur. Dans Genèse 1 et 2, l'homme ne tuait ni ne mangeait l'animal, et dans Genèse 6 et 7, la domination exercée par l'homme se déploie avec une visée salutaire, elle fait participer pleinement l'animal à l'alliance divine, une alliance conclue entre le Créateur et toutes les créatures.

 


9
Le double clash catholique

 


[...]
C'est à un théologien, prêtre de l'Oratoire, le père Nicolas Malebranche, plus cartésien que Descartes lui-même, que l'on doit d'avoir porté à son apogée cette doctrine exclusiviste et discontinuiste, une doctrine que l'on qualifiera alors d'humaniste, comme si le souci de l'homme passait par le mépris de toute vie animale. Malebranche a rédigé des pages que Descartes, inventeur de l'animal-machine, n'avait pas osé écrire : Dans les animaux, il n'y a ni intelligence ni âme, comme on l'entend ordinairement. Ils mangent sans plaisir, ils crient sans douleur, ils croissent sans le savoir, ils ne désirent rien, ils ne craignent rien, ils ne connaissent rien ; et s'ils agissent d'une manière qui marque l'intelligence, c'est que Dieu les ayant faits pour les conserver, il a formé leur corps de telle façon qu'ils évitent machinalement et sans crainte tout ce qui est capable de les détruire.

 


Fraternité évangélique des créatures

La rupture catholique entre l'homme et l'animal est ainsi consommée, le Cantique des créatures de François d'Assise est oublié, le modèle cartésien occupe tout le terrain de l'anthropologie religieuse. Comment, en confessant le suprémacisme et l'hybris humain et en bafouant la mission confiée par Jésus, l'annonce de l'Évangile à toute la création et donc à toutes les créatures,  comment l'Église a-t-elle pu se rallier au malebranchisme ? Ce sont les milieux dévots qui y ont tout d'abord adhéré, suivis, dans la foulée, par les jansénistes. Le clergé a rapidement suivi, renouvelé dans le cadre de la contreréforme tridentine, un clergé de plus en plus éloigné du monde rural et de ses superstitions, de plus en plus instruit et citadin.

 

 

                               10

La haine catholique du darwinisme

[...]

C'est qu'avec sa théorie de l'évolution, Darwin sapait les fondements anthropologiques et théologiques du christianisme de l'époque : il rompait avec l'inhérence de la Bible, détruisait le mythe de la chute et la dialectique du péché qui l'assortit, il ruinait le principe d'une âme immortelle et exclusivement humaine, bref, il démontait toutes les clés de voûte du système dogmatique catholique. C'était bien sûr triplement inacceptable pour l'institution, qui va se précipiter, tiares et mitres dressées, toutes crosses brandies, dans une désastreuse querelle contre les tenants de l'évolutionnisme par la sélection. La tentative de réconciliation entre science et religion, qui avait été tentée sous l'égide du cartésianisme, avait fait long feu, l'onde de choc du darwinisme la faisait voler en éclats.

 

 

Darwinisme chrétien

 

[...]

L'affaire Darwin témoigne que, contrairement au dogme de 1870, le pape est faillible. Jusque dans le monde catholique, tout au long du XXe siècle, Darwin et Teilhard ont fait des émules. Dans leur sillage, l'évolution des mentalités au sujet des animaux a gagné l'opinion publique et a trouvé des échos auprès de théologiens et d'ecclésiastiques de plus en plus nombreux. Le mur érigé entre l'homme et l'animal s'est progressivement lézardé, des prêtres ont pris position contre les violences infligées à l'animal, telles la corrida et la chasse, dénonçant la cruauté de l'homme, lançant des appels au respect et à la bonté à l'égard des autres créatures divines. Les mâchoires de l'étau catholique qui broyaient l'animal ont commencé à se desserrer, comme nous allons maintenant le voir. Un pape autoproclamé infaillible s'était bel et bien trompé en condamnant Darwin.

 

 


11
Quand l’étau semble se desserrer


L’évolution de Jean-Paul II sur l’évolution

[...]

Plusieurs d'entre eux visent expressément les animaux. Dès 1979, Jean-Paul II déclare que la protection animale est une éthique chrétienne ; deux ans plus tard, il félicite une association d'assistance aux animaux de s'occuper de nos frères les plus petits. Il n'hésite pas à dénoncer la tyrannie exercée par les hommes sur les autres vivants et il fait inscrire cette révolution d'attitude dans le catéchisme de l'Église catholique en 1992

 

 


12
En avant vers la révolution théologique

 

L'amour de toutes les créatures au cœur du message chrétien

Le mode de vie de l'homme avec l'animal, leurs relations interespèces sont révolutionnées. C'est ce que plusieurs théologiens ont perçu, analysé et développé, à l'instar d'Albert Schweitzer, en inscrivant le respect, voire l'amour de toutes les créatures au cœur du message chrétien. Des mouvements apostoliques ont embrayé sur cette voie, sous la bannière catholique ou protestante, érigeant la protection animale en un nouvel apostolat. Pour répliquer à leurs adversaires qui les taxent de sensiblerie, des théologiens s'efforcent de fournir une assise fondamentale, comme Andrew Linzey : dans ses nombreux ouvrages tous consacrés au statut chrétien de l'animal, le prêtre et universitaire anglican édicte les droits des animaux comme une affaire de justice divine, un témoignage de l'amour de Dieu pour le cosmos, un amour inclusif de toutes les vies et de toute la vie, une priorité morale édictée par le commandement de la défense du faible, du petit, pour livrer le combat contre la cruauté et contre le mal - ce combat dont, justement, c'est un animal, l'Agneau de Dieu, qui exprime dans l'Évangile le paradigme, paradigme de l'innocence martyrisée. Linzey part en guerre contre l'anthropocentrisme, ce paganisme aristotélicien selon lequel l'animal n'aurait d'autre fin que le service de l'homme. Il y dénonce l'expression, d'un chauvinisme humaniste et d'une idolâtrie de l'homme. Il appelle à accueillir l'animal dans les cérémonies, lui faisant place au sein de la liturgie, quitte à y introduire une pagaille symbolique. Le message commence à être reçu, de nombreuses paroisses proposent aujourd'hui des célébrations où les animaux sont accueillis pour y recevoir des bénédictions.

 


Jésus sauveur de l’évolution, Christus evolutor

[...]

Confisquer la résurrection du Christ, sa victoire sur la mort, au profit des seuls humains, cela revient à contester la pleine victoire du Christ sur la mort, en laissant la victoire à la mort pour tous les non-humains. Si la victoire du Christ n'est pas totale, alors, son règne n'est pas universel : Si le Christ n'est pas mort seulement pour la réconciliation des hommes, analyse Moltmann, mais également pour la réconciliation de toutes les autres créatures, alors toute créature a une valeur infinie devant Dieu et un droit Propre à la vie, et non pas les hommes seulement.

 


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