Jérusalem, trois fois trop sainte
Claudine Castelnau
19 mars 2018
« Trois fois trop sainte ». C’est de Jérusalem qu’il s’agit. L’article paru dans Le Monde des religions le 28 février est encore hélas d’actualité avec la décision du président Trump et au mépris des engagements internationaux, d’y transplanter l’ambassade des Etats-Unis qui est jusqu’ici à Tel Aviv, la capitale d’Israël où sont la plupart des autres ambassades du monde occidental. Alors Jérusalem, cette ville qui suscite tant de haine et de passion et que Le Monde des religions décrit :
« Elle couvre à peine plus de cent kilomètres carrés de notre vaste planète. Cent kilomètres carrés chéris, adulés, sacralisés. Mais cent kilomètres carrés qui ne cessent d'empoisonner les relations internationales, voire les simples rapports de voisinage. De fait, même à l'autre bout de la planète, chacun se sent concerné par la situation à Jérusalem, et plus globalement par le conflit israélo-palestinien [.....]
En mêlant dans un lieu unique les trois religions vouées à un Dieu tout aussi unique, on obtient un précipité particulièrement explosif. Un anthropologue spécialiste des pèlerinages, de renchérir : Jérusalem est "trois fois trop sainte".
Comme si, paradoxalement, l'excès de sainteté nuisait au sacré. Comme si, à trop sacraliser un site, un personnage, un texte, on finissait par le souiller.
Car oui, Jérusalem est souillée par les drames qui se déroulent bien trop souvent en son sein. Au fond, on en vient à croire que pour faire baisser la température dans cette zone du globe, il faudrait finalement désacraliser, au moins un peu, l'attachement viscéral que les fidèles des trois religions portent légitimement à cette terre millénaire, berceau de l'humanité. Laquelle oublie, parfois, de se conduire avec humanité.
Désacraliser pour retrouver l'essence du sacré, pour renouer avec ce qui fait de nous des êtres humains. Avant de rêver à la Jérusalem céleste annoncée dans l'Apocalypse - où les hommes, dit Jean, vivront avec l'Éternel, pour l'éternité -, parvenir à cohabiter avec nos (plus ou moins) semblables dans la Jérusalem terrestre, nécessairement imparfaite, témoignerait de notre maturité. Suprême utopie ? »
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