Nouvelle

  

Le voile islamique

Claudine Castelnau

21 octobre  2024

 

L’affaire de l’élève voilée du lycée Sévigné de Tourcoing n’en finit pas d’occuper les pages de nos journaux. Et la semaine passée, elle a connu un nouveau rebondissement après l’ouverture d’une enquête par le parquet de Lille à la suite de la publication sur X (Twitter) des noms de professeurs de ce lycée professionnel après l’altercation qui y avait eu lieu la semaine précédente entre une enseignante et une lycéenne qui refusait de retirer son foulard alors qu’elle était encore dans la cour du lycée.
La lycéenne avait giflé l’enseignante qui avait répondu par une autre gifle ; coups et menaces avaient suivi et la lycéenne sera jugée le 11 décembre pour « menaces de mort » sur une personne chargée de service public. C’est à la suite de cet incident qu’une liste de noms de professeurs  a été publiée et que des médias dont ceux du groupe politiquement ultra conservateur  de  Vincent Bolloré comme Cnews, le JDD et Valeurs Actuelles ont prétendu qu’une « dizaine » d’enseignants se seraient désolidarisés de la professeur « au nom de la lutte contre les discriminations » selon Le Monde. Ce qui est absurde, le voile à l’école étant l’affaire d’une loi qui l’interdit dans l’enceinte scolaire. La liste de professeurs a depuis été supprimée de X à la demande du ministère de l’Intérieur. Le parquet de Lille n’a relevé aucune information sur l’absence supposée de soutien à l’enseignante agressée.  « Un mensonge pur et simple », a déclaré la section CGT du lycée.  Mais un mensonge qui peut se révéler une arme contre ces professeurs offerts à la vindicte d’esprit dérangés. La mort de Samuel Patty ou de Dominique Bernard sont là pour nous le rappeler douloureusement, les médias ont une immense responsabilité à jouer aux diffuseurs de haine.

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Des voix musulmanes critiquent cette mode du voile ou du foulard islamique, interdit depuis 2004 dans l’enceinte scolaire après beaucoup de remous ! Il y a quelques années un universitaire musulman avait écrit « Comment le voile est devenu musulman ». Il se disait choqué que dans les villes européennes, le voile musulman soit si visible. Et il rappelait qu’en terre d’islam, selon la tradition est un geste d’effacement, de modestie quand une femme est dans l’espace public et non pas l’ornement ou le signe de provocation que l’on exhibe en Occident où se promener voilée s’est s’afficher alors même que l’islam prohibe l’ostentation, celle des femmes particulièrement.  Et il recommandait, paradoxalement, que les femmes musulmanes feraient mieux de ne pas voiler dans les lieux où ce n’est pas la norme. Dans la rue, par exemple, ou dans les cours de lycée.

Mais il semble qu’on ne raisonne plus sur ce qui est musulman ou pas aujourd’hui ! Dix après la réflexion de cet universitaire, les « influenceuses » sont passées par là et porter le voile est considéré comme très « tendance » dans cette population de jeunes filles issues de l’immigration qui trouvent probablement dans le port du voile, interdit à l’école, une manière de s’affirmer, de s’afficher comme des « icônes de l’islam », un islam dont elles ignorent tout ou presque… Et qui prône la modestie des femmes ! Et leur effacement ! Qu’en pensent ces femmes iraniennes ou afghanes, ensevelies sous leur voile et qui luttent, jusqu’à la mort parfois, pour rejeter ce signe d’effacement ?

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