Nouvelle

  

La naissance d'Israël

Claudine Castelnau

21 octobre  2024

 

Cela s’est passé la semaine dernière : « M. Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU », a lancé le Président de la République Emmanuel Macron, rappelant le  vote en novembre 1947 par l’Assemblée générale des Nations unies du plan de partage de la Palestine en un État juif et un État arabe. « Et par conséquent, ce n’est pas le moment de s’affranchir des décisions de l’ONU », avait précisé Emmanuel Macron, alors que le Premier ministre israélien réclamait le départ du sud Liban des Casques bleus de l’ONU qu’il trouvait gênant pour ses opérations contre le Hezbollah. Cette remarque a suscité une vive réaction du président du Sénat Gérard Larcher qui a rappelé que la naissance de l’État d’Israël n’était pas « venue comme un acte notarié uniquement constaté par l’ONU. » Gérard Larcher s’est emporté : « Est-ce qu’Emmanuel Macron a pris conscience de ce qui s’est passé pendant la Shoah et après la Shoah ? », allant jusqu’à affirmer qu’il y avait, « comme un doute » sur le fait que le chef de l’État puisse remettre en question la légitimité de l’existence d’Israël. […] 

« Le droit à l’existence d’Israël n’est pas discutable ni négociable », a encore ajouté le Président du Sénat alors que dans les propos d’Emmanuel Macron rien ne laissait supposer une quelconque remise en question de l’État d’Israël ! Plus grave, le commentaire d’une députée des Français à l’étranger qui a taxé d’ « indigne », le commentaire du chef de l’État et qui s’est lancée sur le réseau X dans une proclamation que les extrémistes religieux du gouvernement de Netanyahou ne renieraient pas : « Le lien du peuple juif à la Terre d’Israël n’a pas eu besoin de l’ONU pour exister, le sionisme est un rêve plusieurs fois millénaire et réduire Israël à une seule décision de l’ONU c’est nier l’histoire du peuple juif et son lien légitime et historique à cette terre. »

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Jérusalem, a connu, selon la tradition juive, le meurtre d'Abel par Caïn. Adam y demeurait et y aurait été enterré. Noé y a construit son autel après le Déluge. Abraham était prêt à y sacrifier son fils. Parlons justement d’Abraham car certains fondamentalistes juifs ou évangéliques fondent l’existence d’Israël sur la promesse de Dieu à Abraham de lui : L'Éternel apparut à Abram, et lui dit : Je donnerai ce pays à ta postérité (Genèse 12.7) Mais nous ne disposons d’aucun document ni d’aucun texte contemporain d’Abraham et les récits le concernant ne datent que de l’Exil juif à Babylone au 6^e siècle av. JC. Il est facile de le constater en lisant la Bible elle-même : Les textes bibliques les plus anciens datent du 8^e siècle av. JC. Ce sont les livres d’Osée, d’Amos, de Michée et du Premier Ésaïe (Ésaïe 1 à 39). Ils sont datés par la mention des rois de l’époque. Ils ne mentionnent ni Abraham, ni Isaac ni Jacob qui leur sont largement postérieurs et dont la saga a été mise par écrit pendant l’Exil à Babylone pour redonner du courage aux Israélites. Le récit dit ainsi qu’Abraham demeurait à Babylone et que guidé par Dieu il avait quitté ce pays pour entrer en Israël. 

La Sortie d’Égypte avec Moïse. Nous ne possédons aucun document, aucun hiéroglyphe contemporain d’un tel événement, aucune trace de la noyade de l’armée égyptienne dans la mer Rouge ainsi que du pharaon Ramsès (que les fondamentalistes datent de cette « époque », aucune trace du séjour des 600 000 Hébreux dans le désert du Sinaï : ni tombe, ni vaisselle cassée ou vêtement perdu. D’ailleurs nous avons un texte en hiéroglyphe d’un officier égyptien en poste à cette époque à Jérusalem adressé au pharaon montrant que la Palestine était alors colonie égyptienne : le peuple hébreu se serait enfui d’ Égypte pour se réfugier dans une de ses colonies ?

Jérusalem conquise selon la tradition par l'armée de David qui en fait sa capitale et y garantit le respect de la Loi de Dieu. Salomon y construit le Temple pour signifier la Présence divine.

Nous ne possédons aucun document ni aucun texte contemporain des rois David et Salomon. Les archéologues estiment que la taille de Jérusalem à l’époque de l’an 1000 où les fondamentalistes prétendent situer David était celle d’un gros village actuel et en rien comparable au grand empire que l’on attribue à David. Aux 8^e et 7^e siècles av. JC l’État  d’Israël était effectivement souverain. Mais en -587 Nabuchodonosor, le féroce roi de Babylone envahit Jérusalem, détruit le palais du roi et le Temple, et emmène le peuple en Exil. C’en est fait à jamais de l’autonomie d’Israël. Désormais, Israël ne sera plus qu’une province perse, grecque, romaine, ottomane, chrétienne, à nouveau arabe, britannique en 1920 puis à nouveau autonome en 1948. Donc après 2500 ans, elle a retrouvé son autonomie !

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