Nouvelle

  

Cisjordanie
des colons détruisent les oliviers

Claudine Castelnau

14 septembre  2024

 

C’est le temps de la récolte des olives dans le bassin méditerranéen et en Cisjordanie en particulier. C’est aussi le temps de l’affrontement renouvelé avec les colons juifs de Cisjordanie, depuis des années. Certains disent que des milices juives ont attaqué les oliveraies arabes de la région dès les années 30. The Times of Israël raconte, le 11 septembre, comment « des dizaines d’oliviers appartenant à un agriculteur palestinien d’un village dans le nord de la Cisjordanie, ont été volontairement endommagés. »

L’association Yesh Din, une organisation israélienne de défense des droits de l’homme en Israël et en Palestine qui fait campagne contre la violence des colons juifs, a diffusé une vidéo où l’on voit des individus masqués portant des tronçonneuses et vêtus d’un vêtement rituel juif, quitter une oliveraie où des feux ont été allumés à proximité d’oliviers. Ils remontent ensuite vers une implantation juive intégriste proche. L’association Yes Din affirme que des dizaines d’oliviers ont été abattus et brûlés lors de l’attaque et demande que l’armée israélienne soit prête dans les jours qui viennent à empêcher que les oliviers, source de revenus de nombreux Palestiniens, ne soient endommagés afin d’assurer la récolte. Yes Din sera-t-elle entendue alors que certains soldats israéliens sont au cœur des violences des colons qu’ils accompagnent, ou même qu’ils y participent, au lieu de protéger les paysans palestiniens ?
Car les violences se répètent d’année en année. Ainsi, en octobre 2015, le site Vice racontait déjà : « Après que les premières pluies de la saison ont lavé la poussière d'été des oliviers […] en Cisjordanie, Ahmad Najjar et sa famille partent récolter leurs oliveraies. Comme toujours à cette période de l'année, Najjar, un agriculteur et ouvrier du bâtiment, qui vit ici avec sa femme et ses six enfants […] craint les agressions des soldats israéliens et des colons d'extrême droite qui vivent juste en haut de la colline où se trouvent ses oliveraies. « Dans le passé, les soldats nous ont chassés de nos terres et les colons nous ont attaqués », dit-il, en regardant vers la colline en direction de la colonie voisine de Yitzhar, considérée comme l'une des plus extrêmes de Cisjordanie. 
Najjar, sa femme Amna et leurs enfants Baher et Orayb, âgés de 13 ans, étendent des bâches noires sous quelques petits oliviers sur une pente rocheuse à environ 100 mètres de la frontière nord de Yitzhar, la colonie juive intégriste. À l'aide de leurs mains ou d'un peigne en plastique occasionnel, la famille gratte les olives des branches, les laissant tomber sur les bâches en dessous. Plus tard, elles seront collectées et envoyées dans une usine locale pour être pressées en huile. Aujourd’hui, les Najjars bénéficient d’une aide pour leur travail. Un groupe de 16 volontaires – dont 11 Israéliens et cinq étrangers – est venu de Tel-Aviv et de Jérusalem pour constituer une « force d’observation » qui décourage les attaques des colons et les troubles causés par les soldats israéliens.
Le groupe de volontaires a été organisé par Rabbis For Human Rights (RHR), une organisation israélienne dont  la mission est « d’informer le public israélien sur les violations des droits de l’homme » et de faire pression sur le gouvernement israélien « pour qu’il répare ces injustices ». Pendant la récolte des olives qui dure environ six semaines, le groupe Rabbis for Human Rights, présidé par le rabbin Arik Ascherman se rend en Cisjordanie avec différentes familles tous les jours, sauf le jour du sabbat. »

Certains volontaires du groupe ont déjà participé à la récolte d’olives palestiniennes plus de 50 fois, ces neuf dernières années ! Parce que dans toute la Cisjordanie, les attaques des colons militants contre les civils palestiniens et leurs oliveraies sont monnaie courante. Entre 2006 et l’été 2013, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), dix Palestiniens ont été tués et 1 040 blessés lors de telles attaques. Les actes de vandalisme des colons sur les propriétés palestiniennes ont également endommagé près de 40 000 arbres dans la région, dont la majorité sont des oliviers, selon l’ONU […].

Partout en Cisjordanie, les zones interdites aux Palestiniens s’élargissent. C’est précisément contre cela que se bat le rabbin Ascherman, qui pense que donner aux agriculteurs palestiniens l’accès à leurs terres profitera aussi un jour à Israël.  « La colère et l’impact économique provoqués par le fait que les agriculteurs ne sont pas autorisés à exploiter leurs terres finissent par se retourner contre nous, en créant davantage de violence et de haine parmi les Palestiniens », dit-il. « Et si une troisième Intifada survient, nous continuerons d’aider les agriculteurs palestiniens à vivre de leurs terres, car non seulement c’est la bonne chose à faire, mais c’est aussi dans notre intérêt de le faire. »

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