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Alain Houziaux



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Le désir de catastrophe


Henri-Pierre Jeudy




 

Circé-poche 2010
10 €



Recension Alain Houziaux

 

24 janvier 2023

            C’est un ouvrage très original qui conduit une approche psychologique de la « passion écolo ». J’en retiens les idées suivantes que je présente à ma manière.


  1) Il y a un désir d’avoir peur (cf. le saut à l’élastique et l’ensemble des conduites à risque).

            De même, il y a un désir de catastrophe. C’est un besoin constitutif de la société. Il y a une culture du désastre. En témoignent le devoir de mémoire et la préservation et la visite des lieux de catastrophes (que l’on peut rapprocher du besoin du criminel de revenir sur les lieux de son crime). Les habitants de Tchernobyl reviennent sur les terres du désastre pour se vivre comme des survivants.

            Ce qui alimente le désir de catastrophe, c’est aussi le désir que ceux qui ont trop joué avec le feu soient punis par là même où ils ont péché. C’est la justice de « l’arroseur arrosé ». Il y a un plaisir que l’on voit comme légitime que l’arroseur soit arrosé. Il y a un goût pour la justice punitive, et on lit l’histoire selon ce crible (« les pères ont mangé les raisins verts et les dents des fils sont agacées » (Jér. 31,29).

            Il y a une étrange fascination pour l’idée de catastrophe. Celle-ci se manifeste sur le mode rétroactif (« si on avait fait ceci ou cela, la catastrophe aurait pu être évitée) et aussi sur le mode prospectif (« si on ne fait pas ceci ou cela, la catastrophe arrivera »).

            Dans de nombreuses cultures, la catastrophe est présentée comme un mode de fondation (la crucifixion de Jésus comme fondement du christianisme), ou de refondation (le baptême qui fonde une vie nouvelle à partir de la réitération rituelle du déluge).

 

2) L’écologie est une pan-idéologie. Elle recouvre les champs de la politique, de la psychologie, de la religion (en réinstaurant les notions de salut et de condamnation-perdition), de la science (refus de la physique rationaliste), de la médecine (les médecines douces et naturelles) et bien sûr de la morale. 

             On peut voir la passion pour l’écologie comme émanant d’un besoin de « réarmement moral » face au vide politico-éthique d’aujourd’hui. ``

 

3) La passion « écolo » est fondée à la fois sur la peur face aux menaces vécues comme catastrophiques et sur l’idée que c’est l’homme qui est responsable et coupable du désastre à venir.

            Il est jugé hors de question que la perspective catastrophique puisse être vue comme l’un des aléas du fonctionnement cosmique ou comme l’une des incertitudes de la connaissance et de la prospective;

            La culpabilité de l’homme est d’avoir dérégulé le fonctionnement naturel du monde. Cette condamnation est fondée sur le postulat que le monde naturel est, s’il reste réglé par lui-même, autorégulé sur un mode cybernétique, par une forme de providence sage et naturelle ; et de ce fait, il ne peut susciter aucune catastrophe. La faute de l’homme est d’être intervenu dans ce système cosmique analogue au meilleur des mondes possibles de Leibnitz. L’homme aurait dû rester un non-acteur, un non-intervenant en suivant la sagesse taoïste du wuwei (non-agir, laisser faire).

            En culpabilisant l’homme d’avoir par ses nuisances déréglé le processus auto régulé de la Nature, l’écologie redonne paradoxalement une place extra mondaine à l’homme alors qu’elle prétendait lui contester ce statut (en contestant la lecture de Genèse 1 qui le lui aurait conféré).

            Ainsi, ce faisant, on exclut l’idée que l’homme puisse être, tout comme les autres forces animales et physiques de l’univers, l’un des acteurs parmi d’autres du système cosmique global supposé auto régulateur.

            Ainsi, il y a une forme de paradoxe de l’idéologie écolo qui à la fois

  refuse que l’on attribue à l’homme un statut exorbitant et « à part » par rapport au monde naturel

  professe que l’homme doit être considéré seulement comme l’un des membres du corps de l’univers

  réintroduit l’idée judéo-chrétienne de responsabilité de l’homme en tant que tel.

 

4) L’idéologie écolo fonctionne et se développe sur le mode de la « rumeur » devenue clameur. Le fait pour les scientifiques, pour les politiques et pour tout un chacun de résister à cette rumeur-clameur est considéré comme abject (il en est de même dans d’autres champs tels que le féminisme, les droits des minorités sexuelles…). Il est impossible non seulement de discuter, mais aussi de relativiser l’impératif catégorique des exigences professées sur le mode du « si vous voulez survivre, il faut faire cela de toute urgence ».

            L’obligation morale est de « paniquer » (du préfixe pan rappelant qu’il s’agit d’une conduite relevant de la totalité de la société). Face à la catastrophe annoncée, la société est mise en demeure de choisir entre mourir ou sauter dans le vide.

            Cet ouvrage pose de bonnes questions même si ses thèses sont indiscutablement partiales. Il a surtout l’immense mérite de nous permettre de réfléchir sur l’origine psychologique, voire inconsciente, de nos convictions idéologiques, politiques ou religieuses.

 

                                                                                                           



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