docteur en théologie de l’université de Chicago
Question
J’ai lu que des astrophysiciens ont déclaré qu’il y a dans l’univers plus de mille milliards de galaxies. Comment y concevoir Dieu ?
Réponse de Carl Krieg
Aux temps bibliques, on croyait que l’univers était à trois étages : en haut, le monde de Dieu, en bas le monde souterrain et au milieu le monde de l’humanité. Youri Gagarine, le premier cosmonaute russe, crut avoir réfuté l’hypothèse religieuse en annonçant n’avoir vu aucun Dieu dans l’espace. Nous savons aujourd’hui que, non seulement la terre est sphérique et n’a ni haut ni bas mais que l’immensité de l’univers dépasse l’entendement : il y a peut-être mille milliards de galaxies que nous pourrions théoriquement être capables d’observer, mais il existe aussi des galaxies qui nous resterons à jamais inconnues car l’expansion de l’univers est si rapide que leur lumière ne nous parviendra jamais. Nous ne sommes, finalement, qu’un minuscule grain de sable dans un océan infini.
Et pourtant, la présence de Dieu est aussi proche de nous que celle de notre prochain. Souvenons-nous de l’une des paraboles les plus célèbres de Jésus : un homme lui demanda ce qu’il devait faire pour hériter de la vie éternelle. Jésus lui répondit :
– Tu connais la réponse. Aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même.
L’homme lui demanda alors :
– Qui est mon prochain ?
– Un homme marchait… dit Jésus, il fut battu et volé […] puis un Samaritain passa.
Nous connaissons tous cette histoire. Lorsque nous aimons, nous rendons Dieu réel dans notre vie, et c’est bien autre chose qu’une simple instruction sur Dieu : c’est une communion avec Dieu. Dieu est amour, et c’est une réalité que nous pouvons connaître et vivre ici et maintenant.
On évoque parfois le lieu où Dieu pourrait se trouver dans l’univers. Certains disent que Dieu serait la conscience de l’univers.
D’autres pensent que Dieu pourrait se trouver dans une 4e dimension ou d’autres dimensions supplémentaires que nous ne connaissons pas et qui pourraient exister à côté de nous.
D’autres encore l’imaginent dans la mystérieuse énergie sombre qui semble remplir uniformément l’espace-temps dans tout l’univers.
Peut-être.
Mais il suffit pour penser à Dieu de prendre conscience de la plénitude de la création divine qui nous entoure et de l’amour qui nous soutient. Et lorsque nous tendons la main, nous aussi, avec amour, nous faisons plus que penser à Dieu : nous l’incarnons dans notre propre vie.
La plupart des gens, aujourd’hui, ne mentionnent même plus l’existence de Dieu. Certains le déplorent mais cette tendance ne me semble pas regrettable car nous sommes alors recentrés sur la nature même de Dieu et sur son action. Le prophète hébreu Amos ne disait-il pas avec force :
Je déteste, je méprise vos fêtes,
Je ne puis sentir vos assemblées.
Quand vous me présentez des sacrifices et des offrandes,
Je n’y prends aucun plaisir ;
Mais que le droit jaillisse comme une source !
Que la justice coule comme un torrent intarissable !
(Amos 5.21-24)
C’est une idée que Jésus a reprise à son compte et il n’est pas nécessaire d’être prêtre ou pasteur pour la mettre en pratique.
Il n’est pas indispensable de dire « Dieu » quand on dispose du mot « amour » ni de penser à Dieu de manière théorique quand on peut tout simplement aimer son prochain.
En contemplant l’infini des étoiles, trois attitudes s’offrent à nous.
La première est de penser que l’élan qui guide l’univers n’est pas de nature morale mais qu’il poursuit simplement son cours.
La deuxième est de dire, au contraire, que le mal règne en maître.
La dernière est de voir en toute chose l’amour, et c’est là effectivement le message de Jésus, de sa vie, de sa mort et de sa résurrection et que finalement la mort et la destruction sont vaincues, et que l’amour triomphe.
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