L'évêque
John Spong
La définition
théiste de Dieu
26 août 2006
Question
Si je comprends bien, ce que vous
contestez dans la définition théiste de Dieu
C'est qu'il est :
1 extérieur
2 surnaturel
3 Il intervient dans la vie des
hommes.
Est-ce que cela signifie qu'à vos
yeux Dieu est en réalité le contraire de ces trois
points ?
Cela me paraît en tout cas clair
pour le point 3 : vous dites toujours que Dieu n'intervient
pas dans la vie des hommes et n'en serait d'ailleurs pas
capable.
L'opposé du point 2
signifierait que Dieu est naturel. Mais dans ce cas comment se
manifeste-t-il dans la nature ?
L'opposé du point 1
signifierait que Dieu est intérieur.
Cela suggère que Dieu est une
partie de l'être humain plutôt qu'une construction
intellectuelle.
Le Dieu non-théiste est-il donc
intérieur, naturel (quoique non visible en dehors de la
réflexion humaine) et incapable d'intervenir dans la monde
(sauf dans la conscience des croyants) ?
Réponse de John Spong
Le théisme est un essai
humain de description de Dieu dans un langage
pré-moderne.
- Avant Copernic, Kepler et Galilée, les gens se
représentaient forcément Dieu comme une présence
surnaturelle au-dessus du monde naturel.
- Avant Isaac Newton, ils pensaient que Dieu force les
lois de l'univers pour faire des miracles et exaucer les
prières.
- Avant Darwin et Freud, ils concevaient Dieu comme un
parent céleste extérieur au monde et
créateur.
- Avant Einstein, ils étaient sûrs que ces
conceptions étaient objectivement vraies et n'étaient
pas soumise à la relativité qui est la nature de
l'esprit humain dans la mesure où l'espace et le temps qui
sont les nôtres sont relatifs et non absolus.
Donc, en récusant le
théisme, ce n'est pas Dieu
qui est concerné mais une certaine image de Dieu qui
s'efforçait de rendre compte d'une expérience humaine
du divin.
Penser que si le théisme est faux, le
contraire du théisme doit alors être vrai serait faire
la même erreur. Toute tentative humaine de définir Dieu
est tout simplement une tentative humaine de définir
l'expérience humaine du divin. Lorsque je parle de Dieu, je ne
parle que de mon expérience de Dieu. Je ne dis pas ce qu'est
Dieu, je dis seulement ce que je crois être mon
expérience de Dieu.
Je ne ressens pas Dieu comme une force
surnaturelle, extérieure,
intervenant dans l'histoire du monde et je ne crois pas que le
concevoir ainsi soit juste.
Le problème est que la plupart des
gens ont tellement identifié cette définition de Dieu
avec Dieu lui-même, que lorsqu'elle perd sa
crédibilité en raison des progrès de notre
connaissance, ils ont l'impression que Dieu lui-même est
mort.
Je ne m'efforce donc pas de construire
une nouvelle définition de Dieu mais tout simplement de partager mon
expérience. Dans la vérité de ma conscience, au
plus profond de ma vie et aux limites de ma pensée, je crois
en la transcendance que j'ai rencontrée, en la vie qu'elle me
donne, l'amour qu'elle éveille en moi et le fondement de mon
être qu'elle me révèle. Je la nomme Dieu. Elle
est pour moi la source de la vie, la source de l'amour et le
fondement de l'être.
Je peux parler de cette expérience
mais comme je n'ai que des mots humains, je ne peux pas vraiment
parler de Dieu.
Les chevaux font l'expérience de
la présence humaine dans leur
conscience de chevaux. Mais un cheval ne pourra jamais dire à
un autre cheval ce que c'est que d'être humain. Il semble que
bien des gens n'ont pas réalisé qu'il en est de
même pour les hommes qui ne peuvent vraiment connaître le
divin.
Je ne sais pas comme Dieu agit et je ne peux
donc pas prétendre le dire. Si je me permettais de
préciser comment Dieu intervient, pourquoi il n'intervient
pas, ou même qu'il est incapable d'intervenir, je parlerais de
ce que j'ignore.
Je me répète quotidiennement
ceci et alors que je crois toujours plus profondément en Dieu,
je semble avoir de moins en moins de croyances à son
sujet.
Les hommes semblent presque incapables de
pénétrer le mystère, spécialement
l'ultime.
Mon bonheur est d'ignorer les dogmes et
les systèmes doctrinaux - y compris les miens - et de cheminer quotidiennement dans
le mystère de Dieu. Je suppose que je suis ce que l'on nomme
un mystique, mais un mystique en recherche, jamais satisfait,
toujours en évolution.
Cette attitude donne du sens à ma vie
et à toutes choses, elle est dynamique et créatrice, je
vous la recommande.
Traduction Gilles
Castelnau
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