
Bernar Venet
au château de Versailles
Entrée libre
jusqu’au 1er novembre 2011
Gilles Castelnau
12 septembre 2011
Après Takashi Murakami l’été dernier, Xavier Veilhan en 2009 et Jeff Koons en 2008, c’est à Bernar Venet qu’a fait appel Jean-Jacques Aillagon, président de l'établissement public du musée et du domaine national de Versailles, pour le même défi d’adapter ses œuvres modernes au splendide et immense palais de style classique conçu par le roi Louis XIV.

Le visiteur jugera en arrivant, si les grands cercles de fer rouillé qui encadrent sur la place d’Armes du château la statue équestre du Roi Soleil en font ressortir la grandeur d’une manière qui s’accorde avec la gloire qui l’habitait. Et si les réseaux de cercles déposés devant la façade du château du côté du parc s’accordent à son prestige.
Il y en a plusieurs, tous sur l’esplanade dominant les jardins, mais Bernar Venet n’a pas osé – ou le lui a-t-on interdit ? – en mettre un devant la façade.

Venet a déclaré qu’il était bien sûr que si Louis XIV voyait cela et avait conservé l’esprit créatif qui l’animait en son temps, il aurait tout à fait approuvé la présence de ces œuvres devant son château, ainsi d’ailleurs que celles de Takashi Murakami, de Xavier Veilhan ou de Jeff Koons.
Bernar Venet ne construit que des cercles. Très grands, en acier, lourds de plusieurs tonnes, aux formes calculées de manière rigoureusement mathématique.
Sans être lui-même un scientifique, Venet est passionné de mathématiques. Il donne à ses sculptures d’acier des courbes exactes et pures et les désigne uniquement d’après leur définition théorique.
Ainsi les constructions entourant la statue de Louis XIV sont composées de 16 cercles – 8 de chaque côté – de 22 mètres de haut, mesurant exactement 85,8° d’arc et le cartel posé devant elles indique seulement : 85,8° x 16 (puisqu’il y a 16 arc de 85,8°).
La ville de Suncheon en Corée a d'ores et déjà décidé de les acquérir.

Bernar Venet est connu en France puisque de ses formations sont déjà en place à Paris sur le parvis de La Défense, à Nice, à Épinal, à Strasbourg, au musée de Grenoble. Il l’est davantage à l’étranger : Berlin, Tokyo, Pékin, San Francisco, Genève, Cologne, Liège.
Un atelier de 17 personnes est installé en Hongrie, voué à leur seule production.
Le petit clip que voici le montre jouant avec ses grandes barres qu’il affectionne évidemment.

Louis XIV aurait-il vraiment approuvé la présence de ces œuvres devant son château ?
Bernar Venet dit qu’il n’y a placé que des cercles afin de ne pas opposer la dureté des lignes à la douceur de l’architecture du XVIIe siècle.
Il aurait pu dire qu’il a vu grand afin d’entrer dans l’amplitude étonnante du lieu. La beauté des courbes mathématiquement précises des cercles s’harmonise aussi certainement avec l’harmonie de la façade.
On ne m’ôtera néanmoins pas de l’idée que cette abondance de métal rouillé en regard du raffinement des façades, des statues et des miroirs d’eau représente une agression moqueuse de leur pureté.
Le visiteur jugera.

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