Spiritualité des images
Relief de la Nativité dit de Hlohovec
Vienne et Bratislava 1480-1490
D'or et de feu
l'art en Slovaquie à la fin du Moyen Âge
Paris, musée de Cluny
musée national du Moyen Age
6, place Paul Painlevé, Paris 5e
jusqu’au 10 janvier 2011
Gilles Castelnau
18 octobre 2010
Cette très belle exposition réunit plus d’une soixantaine de sculptures, peintures, enluminures et objets d’orfèvrerie de la Slovaquie de la fin du 15e siècle.
Les derniers feux du gothique ont brillé de manière splendide dans cette région de l’empire des Habsbourg. Les statues représentant la Vierge et les saints sont grandes et colorées, étonnamment vivantes avec leurs gestes qui semblent déjà maniéristes et les vêtements baroques.

Vierge d’Annonciation
Vienne et Bratislava 1480-1490
Religion marquée d’une piété fervente. Regards tournées vers le ciel ou baissés en une intériorisation exemplaire.

Sainte Barbe et sainte Catherine
du retable de la Vierge d’Okolicné
maître Paul de Levoca
avant 1509
Saints martyrs modèles de sacrifice pour la foi, ainsi saint André portant sa croix.

Saint André du retable de la Vierge de Strazky
1520 (1524 ?)
Cette spiritualité gothique est essentiellement contemplative et immobile. Aucune scène du ministère de Jésus n’est représentée, aucune de ses guérisons, de ses rencontres novatrice avec ses contemporains procurant dynamisme, esprit de fraternité et d’entraide, joie de vivre et ensoleillement intérieur à celui qui en serait témoin.
Ce qui inspirait les artistes - et leurs commaqnditaires - était par contre l’inaction hiératique, paisible et pour tout dire sidérée de la Vierge à l’Enfant, sa foi confiante lorsqu’elle écoute l’ange de l’Annonciation et l’exemple tragique de la Passion du Christ.

Ostensoir de Spisska Novà Ves
1510-1520
On fabrique des ostensoirs magnifiques qui authentifient la contemplation du Sacrement. Le visiteur - il faudrait dire le fidèle car tout le monde l’était - se trouve plongé dans l’atmosphère émanant de ces personnages du monde de la sainteté, monde de la Vérité absolue, immuable et parfaite, monde immobile, apaisé, où l’on puise un profond sentiment de sécurité intérieure.
Quelques années plus tard le moine Martin Luther lira autrement les Écritures, redressera la tête devant l’empereur et le pape et une Renaissance spirituelle fera exploser ce monde gothique dans le dynamisme humaniste redécouvert.

Cranach l'Ancien : Kaspar von Köckeritz
Ce portrait d'un grand seigneur ami de Martin Luther, est un bon exemple de l'ambiance nouvelle qui a commencé dès lors à régner dans l'Empire, en même temps qu'il aide à prendre conscience du gothique international dont on sortait et que le musée de Cluny nous montre.
Ce seigneur qui a choisi de se faire représenter un chapelet entre les mains manifeste ainsi qu'il est aussi pieux que les saints et saintes d'avant la Réforme. Mais justement le protestant Cranach ne peint plus les saints. Kaspar von Köckeritz est un seigneur engagé dans la vie politique de l'Empire : conseiller du prince Joachim II de Brandebourg et bailli de la région de Potsdam. Son visage est ferme, son regard perçant, sa contenance sans orgueil ni prétention mais révèle l'aisance tranquille redécouverte par les hommes de la Renaissance.
Un monde nouveau a surgi.
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