Le Centre Pompidou nous
présente en 200 sculptures l’œuvre deGermaine Richier dont on répète toujours
qu’elle fut « la
première
artiste femme exposée de son vivant au Musée
national d’art moderne ».
Elle était surtout une
fille du Midi. Elle mène une vie épanouie dans
une famille aisée montpelliéraine. Elle se
forme à l’École supérieure des Beaux-Arts de
la ville. Elle se révèle immédiatement experte
dans l’art sculptural le plus académique qui
soit où elle est appréciée de tous. Son
habileté et sa sensibilité lui font exprimer
la profondeur de la personnalité de ses
modèles.
Buste n°2, Remi
Coutin enfant, 1927-1928
Elle monte à Paris,
fréquente le milieu artistique de Montparnasse
et convainc le sculpteur Bourdelle de la
prendre pour élève.
Elle s’efforce
d’exprimer, avec respect et avec cœur, l’âme
de ses modèles. Elle aime son entourage et
s’en fait aimer.
Sava Alexandra,
1944
Elle se marie avec un
sculpteur suisse Otto Bänninger et la
guerre approchant part avec lui à Zürich où
elle continue à sculpter.
Après la guerre, elle
abandonne son mari et rentre seule à Paris où
elle retrouve avec plaisir ses amis de
Montparnasse.
La Mante, grande, 1946
Sa personnalité s’affermit.La violence de la guerre l’a bouleversée,
ainsi que les mystères parfois effrayants de
la vie intérieure de certains de ses
contemporains.
Sa grande Mante, insecte des garrigues
méridionales dont la femelle est réputée pour
dévorer son partenaire après l’accouplement a
ici sa dimension agrandie jusqu’à atteindre
celle des humains. Représente-t-elle une
menace à laquelle chacun risque de se trouver
affronté ? Ou au contraire symboliser l’agressivité
sourdement présente en toute femme ?
L’Orage, [1947-1948]
Cet homme monstrueux
au visage détruit, au ventre
crevé, aux doigts écarquillés et à la peau
écorchée semble échappé d’un incendie ou d’un
tremblement de terre. De la guerre peut-être.
En tous cas il symbolise toute l’angoisse qu’à
l’époque on venait de traverser.
Germaine
Richier
écrit : «Saisir l’humain
dans sa violence et sa fragilité, sa vie
intérieure. »
Le fait qu’après plusieurs décennies de
désamour l’œuvre de Germaine Richier retrouve
de nos jours un nouvel intérêt peut nous
interroger : les Français que les
sondages disent tellement déprimés se
retrouvent-ils donc dans une telle
image ?
L’Homme de la nuit, grand,
1954
Cette créature étrangement
nommée « Homme de la nuit »
représenterait-elle vraiment un être
humain ? Serait-il maléfique ou seulement
amusant ? Quel élan intérieur a pu
pousser son auteure à une telle
sculpture ? et nous-même, quel sentiment
éveille-t-elle en nous ?
Le Cheval à six têtes,
grand, 1954-1956
Cette même année, Germaine
Richier se remarie à Paris
avec un historien et critique d’art, René
de Solier.
Elle part
exposer à New-York et ailleurs, son succès est
international.
L’Échiquier, grand, 1959
Germaine Richier va
mourir d’un mauvais cancer.
Elle a 57 ans.
Ses œuvres ne sont plus inquiétantes. Voici
une des dernières : les pièces d’un jeu
d’échecs tranformées, agrandies, coloriées,
bizarres…
Cette grande
exposition nous laisse une impression à la
fois surprenante, déstabilisante, irritante
mais aussi sympathique, amicale, souriante...
Le visiteur décidera pour lui-même.
Une inscription
au mur dit : « Ma nature ne me
permet pas le calme, on est comme on est. Et
l’âge ne me rend pas douce et sereine. »
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