Fatma Haddad, dite Baya,
était une enfant
d’une famille misérable. Orpheline de
bonne heure, à la garde de sa grand-mère,
elle fut placée comme servante dans la
propriété de colons français.
La chance
de sa vie est d’y avoir été remarquée
par Marguerite
Caminat qui, peintre
elle-même, lui mit des pinceaux dans les
mains, et s’émerveilla du mouvement et
des couleurs que la petite Baya se mit
spontanément à créer.
Avec l’accord de sa
grand-mère, elle la
prit chez elle à Alger comme servante, lui
apprit à lire et à écrire et la
laissa libre toutes ses après-midis pour
s’adonner à la peinture.
Elle montra ses œuvres à Aimé Maeght, de
passage à Alger et celui-ci en fut saisi. Il
lui organisa une première grande
exposition à Paris dès 1947. Elle n’avait
encore que 16 ans.
Albert Camus
écrivit :
« Dans un Paris noir et
apeuré, c'est une joie des yeux et du
cœur. »
Jean Dubuffet, le fondateur de l’« art
brut », de passage à Alger la
rencontra et décida qu’elle était parfaitement
membre de l’art brut.
Malgré
son très jeune âge, elle participa
dès lors à de nombreuses expositions. La joie
émanant de ses compositions, leur
dynamisme qui en faisait une sorte de chant de
la vie réjouissait tout le
monde.
Elle se maria en 1953
à 22 ans à un
musicien qui, selon la coutume
algérienne, ne concevait pas qu’elle peigne,
travaille et même sorte de la maison. Elle fit
6 enfants et arrêta
effectivement de peindre, d’autant plus que la
guerre d’Algérie sévissait.
En 1962,
la paix revenue, elle sortit de
son immobilité et se remit à peindre. Elle
était en bon terme avec son musicien
de mari qui approuvait son art.
Le musée
national des Beaux-Arts d’Alger
lui organisa une exposition et en 1969
elle
obtint le Grand Prix de peinture de la ville
d’Alger.
La dame aux roses,
1967
Profondément musulmane
(elle fera en 1972 le
pèlerinage de La Mecque avec son mari),
elle résista néanmoins aux diktats
islamistes sur l’image pendant la
« décennie noire » et ne
craignit
pas de participer à des expositions en
Algérie au début des années 1990.
Femme au
jardin,
1968
« J’attache
beaucoup d’importance à la
création spontanée, à la
manière des surréalistes. Je peins ce que
je sens. Je
suis agacée quand on me demande ce que je
veux exprimer à travers ma peinture ;
Je vous donne le droit d’y trouver ce que
vous désirez […] Moi je peins. A vous
maintenant de ressentir. »
« Quand on peint
et quand on tient ses
pinceaux entre les mains,
on s’évade de tout, on est dans un monde à
part et on
crée ce que l’on a envie de créer. C’est
un parcours un peu solitaire… Et que
j’aime. C’est un besoin. »
Le rêve
de la mère
Retour
vers spiritualité des images
Vos
commentaires et réaction