SpiritualitÉ des images

 Faith Ringgold

(1930 - ...)

Paris, musée Picasso

jusqu’au 2 juillet 2023

 

Gilles Castelnau

  

16 février 2023

Dans une Amérique toujours très raciste, Faith Ringgold implique sa peinture dans un idéal magnifique et passionné d’égalité entre Noirs et Blancs. Les portraits sont beaux, les visages sympathiques. La visite de cette exposition est plaisante. Il s’en dégage une impression de compréhension humaine, de respect et de fraternité. Les visiteurs sont nombreux et attentifs, intéressés et heureux. Faith Ringgold a une personnalité attachante.

Série « Peuple américain » : Étudie maintenant,  1964

Le cartel de ce tableau rappelle que l’année 1963 est celle de l’Acte des Droits civils censé mettre fin à toutes les formes de ségrégation ou de discrimination. Et qu’elle est aussi l’année du fameux discours du pasteur Martin Luther King : « j’ai fait un rêve ».
Sous le titre général de « American People » [Les Américains], Faith Ringgold peint une série de tableaux montrant la vie qui pourrait être celle de ce peuple, s’il acceptait de s’y ouvrir.

Ce portrait est celui de Charlayne Hunter-Gault, l’une des toutes premières étudiantes noires américaines, qui fit son entrée à l’université de Géorgie en 1961.  Le titre « Étudie maintenant » indique bien le respect dont les Noirs doivent pouvoir bénéficier, comme tous les membres du « peuple américain » et qu’ils sont capables de mériter comme tout le monde.

    
 Série « Peuple américain » : Die » (Meurs !) 1967

Faith Ringgold a vu le grand tableau Guernica de Picasso alors exposé à New York et elle le refait à sa manière. Elle représente en une scène symbolique, la terrible violence que traversent malheureusement les Blancs et les Noirs alors que les tensions ethniques sont à leur comble.

 
  
Série « Black Light » : Le Spectre américain  1969

 

Faith Ringgold utilise ce terme de spectre, qui désigne habituellement les différentes couleurs composant la lumière blanche pour suggérer l’unité de la population américaine dans sa pluralité. Rares étaient ceux qui prolongeaient ainsi le « rêve » de fraternité que Martin Luther King avait si bien proclamé et venait de lui valoir la mort.

 

 

« window » « Mariage »  1973-1974

Faith Ringgold avait découvert l’art africain lors d’un voyage au Congo et elle en avait été – à juste titre -émerveillée.

« The French Collection » |e café des artistes » 1994

Elle avait fait un voyage à Paris en 1961 et se plait dans cette série, à représenter des artistes africains-américains participant à la vie culturelle bouillonnante du Paris des années 1920, où ils auraient naturellement pu fraterniser avec Picasso, Matisse et toutes les personnalités de Montparnasse et de Montmartre.

 

« American Collection » Le Drapeau saigne, 1997

Elle avait déjà peint ce Drapeau 30 ans auparavant et le reprend ici.
Les visages sont anxieux, une femme noire essaye de protéger ses enfants

« Nous n’allons pas célébrer ce bicentenaire (de la déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776) car nous ne sommes pas libres. Je vous le dis, nous n’allons pas le célébrer mais nous réveiller et ressusciter. »

 

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