
Jésus parmi les docteurs
Le Tintoret
Impétueux, tempétueux, ambitieux, artiste révolutionnaire de génie déjà,
que ce Tintoret de l’exposition du musée du Luxembourg.
musée du Luxembourg
jusqu’au 15 juillet 2018
Marie-Renée Kobilinsky
15 mars 2018
Il a une vingtaine d’années quand il réalise cette toile : « Jésus parmi les docteurs ». Au premier regard, la scène semble animée d’un tourbillon qui emporte tout dans le bruit des discussions plus qu’animées : personnages, tuniques, voiles, cheveux s’enroulent et virevoltent plongeant le spectateur dans un mouvement qui engendre une grande confusion. De cette confusion émergent des roses, des jaunes, des bleus admirables, des tons parfois stridents, témoins de sa maîtrise remarquable des couleurs et facteurs supplémentaires de vie dans cette scène très agitée qui semble parfois peu claire.
Pourtant, rien n’est laissé au hasard par ce génie en devenir, passionné d’architecture et de perspective qui, par la construction étonnante de son œuvre, guide le regard vers l’estrade de l’arrière-plan où siège un personnage à peine visible, Jésus. Cette construction révolutionnaire oppose les gesticulations et le bruit des théologiens à la stabilité des colonnes et surtout de cette imposante femme-statue du premier plan, véritable cariatide de l’ensemble : Marie. Elle découvre avec stupéfaction, incompréhension et un véritable questionnement ce fils qu’elle cherchait depuis trois jours et qui initie une véritable révolution religieuse.
Que dit Le Tintoret dans cette toile ? Il dit certainement qu’à vingt ans il sait tout peindre et égale les meilleurs, Michel-Ange, Raphaël de l’Ecole d’Athènes ; sans doute que la vie est un perpétuel théâtre où les hommes se mettent en scène dans l’agitation et la violence de leurs passions ; peut-être que la Renaissance est une époque fascinante où artistes et humanistes placent l’homme au centre d’un monde bouleversé par des débats théologiques fondamentaux. Cette œuvre est datée des années 1540-1542, vingt ans après la diète de Worms où Luther a affronté le légat du pape et l’empereur Charles Quint et cinq ans avant le début du concile de Trente où l’Eglise catholique définit la Contre-Réforme.
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