60e Salon de Montrouge
mairie de Montrouge
jusqu’au 3 juin 2015
Gilles Castelnau
Voir aussi le 59e Salon de Montrouge
Voir aussi le 58e Salon de Montrouge
5 mai 2015
C’est le 60e anniversaire du Salon de Montrouge qui connaît, comme toujours, un grand succès, en présentant une sélection de jeunes peintres prometteurs et qui ont déjà commencé une belle carrière.
Stéphane Corréard, commissaire artistique du Salon a reçu 3000 candidatures et a retenu les 60 qui lui semblaient les meilleures. Son enthousiasme est tel qu’avec l’accord du maire et du Comité organisateur, les œuvres dépassent même les murs de la mairie pour se trouver dans les squares de la ville. Des visites guidées y sont organisées.
Les enfants ne sont pas oubliés, qui sont certainement sensibles à l’originalité de ces œuvres aux couleurs vives et aux formes multiples : des ateliers créatifs leur sont réservés. Une Journée Interdite aux Parents est même organisée le 20 mai !
Le Salon induit une impression de grand dynamisme, d’imagination et de vivacité impressionnants, un plaisir de s’exprimer évident. Il est particulièrement intéressant en ce qu’il donne une idée de la manière dont les jeunes peintres se représentent de nos jours la vie du monde, ses espoirs, ses idéologies, ses anxiétés et... ses désespoirs.
Voici quatre de ces artistes
Filip Mirazovic

Il représente, dans un style qui fait penser à la grande peinture du 19e siècle, des intérieurs de palais imaginaires qu’il remplit d’éléments significatifs du monde d’aujourd’hui.
Filip Mirazovic est serbe. Il est un homme engagé et il entend que son œuvre soit porteuse de message. Comme il le dit :
« La marche trouble du monde, le modèle occidental en crise, les inégalités et les injustices provoquées par la voracité et la cupidité des plus puissants et la dégradation rapide de l’environnement et du lien social constituent des problématiques fondamentales qui m’incitent à réagir. »
Il est « inquiet mais dans l’espérance d’une évolution humaniste ».
Et c’est ce qui frappe et séduit dès l’abord de ses grandes toiles. La lumière y jaillit de partout.
Cette grande pièce sombre à l’architecture lourde et oppressante s’ouvre sur l’extérieur par deux grandes fenêtres mais la lumière surgit aussi en dessous et rayonne partout.
La statue de gauche est bien solennelle, immobile et indifférente au désordre de la pièce, du monde et à la peine des minuscules petits êtres qui s’activent péniblement dans le bas. Des arbres morts aux branches sinistres ajoutent encore au drame humain qu’ils vivent. Ils sont pourtant nimbés de lumière.
Un grand tableau du Christ en croix domine toute la scène, symbole évidemment de toute la souffrance du monde. Filip Mirazovic n’attribue aucune présence au Crucifié qui n’est qu’un personnage de tableau et dont la représentation est d’ailleurs étrangement floue. Il n’est peut-être, en effet, qu’un souvenir des idéologies passées pourtant cette croix se détachant sur un plafond sombre ajoute une note funeste à l’ensemble du tableau.
Le visiteur ne manque pas d’être saisi par cette lumière illuminant par l’espérance qu’elle suscite, le monde du désespoir que l’on ne peut manquer de reconnaître.
Yun-Jung Song
a
Cette jeune coréenne modèle une céramique délicate et fragile. Elle voit des êtres étranges, immobiles et muets. Ils sont calmes et certainement sympathiques. Ils font probablement resurgir silencieusement dans l’inconscient de cette artiste les mystère d’un lointain passé qui nous échappe. Présence parmi nous des rêves d’ailleurs.
Marion Bataillard, Jardin avec boule de fumier

Le vide étrange de cet enclos est souligné par l’aspect de l‘herbe lisse comme une moquette. Ce lieu que nous montre Marion Bataillard est irréel, énigmatique, onirique. Il n’est pas vraiment inquiétant, secret seulement. Les murs enferment dans un enclos sans vie : pas de fleurs dans ce jardin, même l’arbre central est sans feuille, la poubelle est vide et le titre annonce que le tas brun, dans le fond, n’est que du fumier !
Anxiété devant le monde clairement révélée par une jeune artiste trentenaire ?
Pour ses œuvres exposées Marion Bataillard a reçu le Grand prix du Salon de Montrouge de cette année.
Raphaël Barontini

Il visite les arts populaires, les arts sacrés, les arts d’autres civilisations, se saisit d’images qui ont attiré son attention et il se les approprie. En les retouchant, en les modifiant, il fait siennes les productions du passé, des cultures qui ne sont pas les siennes. En construisant des « installations », il les transfigure et les adapte à sa vision du monde d’aujourd’hui.
Ainsi ici avec la Ménine de Vélasquez.