
Le Bois sacré cher aux arts et aux muses
1884
Pierre Puvis de Chavannes
H. 460 ; L. 1040 cm
L’au-delà vu à la belle époque
Musée des Beaux Arts de Lyon
2 mai 2014
En haut du grand escalier sud-est cette immense fresque couvre trois murs et place le visiteur dans l’atmosphère onirique et apaisée, au-delà du temps, d’un monde mythologique et idéal.
Un peu plus loin une autre très grande fresque du peintre méridional Henri Martin représente elle aussi et de manière tout à fait semblable la perfection d’un univers de félicité où des créatures vêtues de blanc conversent avec bonheur, puis planent un instant en petit groupe en chantant sans doute des hymnes transcendants.

Sérénité, Henri Martin
1860-1943
H. 347 ; L. 544 cm
C’est ainsi qu’à la Belle Époque on se représentait le sublime, comme une composition harmonieuse aux couleurs pastel d’un parc boisé sous une lumière douce où se reposent de douces créatures oisives.
Aucune activité n’est suggérée, aucun ennui non plus, rien de nouveau ne semble pouvoir surgir, aucune question ne sera posée, aucun geste non plus, à part le mol envol ne menant évidemment pas loin.
Un internaute actuel posait avec impertinence la question de savoir si, une fois entré au Paradis, on pouvait en sortir. Il avait peut-être visité le Palais Saint-Pierre de Lyon et été horrifié par la vision qu’y proposent Henri Martin et Puvis de Chavannes.
Grand amphithéâtre de la Sorbonne, 1886-89
25,6 m x 4,5 m
Puvis de Chavannes avait d’ailleurs proposé une image semblable en une immense fresque au mur du grand amphithéâtre de la Sorbonne. Les participants des réunions et colloques savants qui s’y réunissent peuvent donc, lorsque leur esprit s’évade, imaginer le moment éternel où aucun effort cérébral ne leur sera plus demandé.
« Et Dieu, où est-il dans ce Paradis ? » demandera peut-être un autre impertinent ?
Vous avez vraiment dit Dieu ?
Mais Dieu n'est-il pas plutôt le Dynamique créateur de la Vie qui ressuscite, renouvelle, guérit, aime et anime des mondes nouveaux, entraîne dans un enthousiasme d’innovation tous ceux qui entrent dans sa communion et les mobilise avec joie dans le bonheur d’une vie active capable d’engendrer du Nouveau !
Évoquer la lumière que projette sur le monde le nom même de Dieu fait prendre conscience combien l’atmosphère de ces trois fresques est finalement froide et terne.
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Voir le poème de l'âme de Louis Janmot dans le même musée des Beaux-Arts.
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