
Le grand salon
Pierre Boncompain
Musée d’art contemporain Saint Martin
Montélimar
jusqu'au 27 octobre 2013
Gilles Castelnau
Voir Pierre Boncompain 2018
10 août 2013
Pierre Boncompain est le peintre du bonheur de cette demi-Provence qui commence à Valence, la ville où il est né en 1938.
Plus qu’une description du grand salon (ci-dessus), dont la toile porte le nom, il a su rendre la présence écrasante et envoûtante de la chaleur de l’été et la lumière englobant les meubles et les personnes dans un silence grésillant sans doute de cigales.

Batiks à la fougère (pastel)
Boncompain aime la couleur jaune qui évoque si bien le soleil du midi. Il peint aussi en rouge, couleur enflammée et qu’il rend pourtant si paisible. On dirait du Matisse, bien qu’il s’en défende, à cause de l’absence de perspective surtout et des objets qui flottent dans l’espace sans élément stable où se poser. Regard onirique, vision calme d’un univers imaginaire. « Le travail m’aide à évacuer l’angoisse » a-t-il dit un jour.

Nu à l’oiseau
Boncompain aime les femmes et comme Modigliani, il les représente nues, immobiles, sensuelles certainement mais jamais provocantes. Il les regarde dormir et ne les réveille pas. Il est un peintre de la contemplation sereine et de l’harmonie tranquille. Aucun souci, aucun drame ne traverse son horizon et un sentiment de grande paix, de bonheur profond émane de ses œuvres.

Vercors bleu
Les paysages de son pays ne sont que molles ondulations – sous le soleil ! - et la tranquillité s’en dégage. Cézanne aussi les a aimés et lui a servi de modèle.
Boncompain en est tout imprégné : « Je marche lentement, a-t-il dit, pour ne pas déranger en moi le bonheur d’être ».

L’homme à la conque (céramique)
Cette vision douce et souriante du monde engendre un sentiment de bien-être reposant, comme l’enchantement d’un âge d’or. Cette céramique évoque d’ailleurs les âges mythologiques et Boncompain s’est plu également, à représenter les amants du Cantique des cantiques biblique, monde très ancien où l’on pouvait mieux qu’aujourd’hui vivre en sécurité un amour tranquille.

Méditerranée
« Boncompain, un certain silence » est un magnifique livre publié aux éditions Michel de Maule (2012), 204 pages, 40 €, contenant d’intéressants commentaires et textes d’entretiens et d’analyse ainsi qu’un très grand nombre de très belles reproductions.
Terminons en citant une phrase de Pierre Boncompain extraite d’un grand entretien avec Olivier Renault publié dans ce livre :
Au fond, je suis triste parce que j’ai l’impression que tout ce que j’attendais de l’art, à savoir une plénitude, une sérénité, une énergie, l’art d’aujourd'hui ne peut plus me le donner. La définition de l’art a changé. Il génère l’angoisse, l’inquiétude ; dans le meilleur des cas, il est ludique, il amuse. A aucun moment, il ne comble. Je me sens largué. Je ne sens plus l’humain.
Et une autre phrase figurant dans le chapitre « réflexions et aphorismes » de Pierre Boncompain :
Vasari raconte cette histoire qui me plaît beaucoup.
Un groupe de jeunes artistes porte en triomphe Raphaël dans les rues de Florence.
Sur le trottoire d’en face, Raphaël aperçoit un passant solitaire à la longue barbe blanche.
Il demande à ceux qui le fêtent de le conduire aux pieds du vieillard.
Il s’agenouille devant Léonard de Vinci (car il l’a reconnu) pour lui rendre hommage.
- « Ce n’est pas moi que vous devriez porter en triomphe, dit-il, mais lui, Léonard ».
Et Léonard de dire :
- « Mais il y a Michel Ange ! »
Et Raphaël de répondre :
-
« Ah ! Michel Ange c’est grand, c’est superbe, c’est la mer déchaînée, mais toi tu es la mer calme et c’est encore plus fort ! »
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