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Le « salut »

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Jean Besset

Paris

 

Dans un monde, où nul ne sait de quoi demain sera fait, la notion de salut s'inscrit comme un défi qui récapitule les idées d'un passé qui semble périmé et d'un avenir  qui se laisse habiller d'espérance. Il y a là une double perspective qui prévoit aussi bien une fin heureuse pour l'humanité que pour le monde, l'un et l'autre ayant partie liée sans être pourtant confondus.

 

Nous avons conscience qu'une force spirituelle provoque le monde pour qu'il évolue dans une direction vers laquelle il est attiré. Mais il y a en lui une capacité de résistance assez forte pour que la partie ne soit pas gagnée d'avance. Ainsi, sous l'impulsion de l'esprit s'opère un mouvement  de transformation qui cherche à mettre de l'ordre dans la matière qui s'oppose à lui. Dans ce processus de création des choses, nous voyons Dieu tenter de donner du sens à la réalité de la matière dont nous faisons partie.

 

Le même Esprit  privilégie, dans le même mouvement l'humanité, et tend à l'attirer vers lui pour qu'elle participe à l'organisation de la réalité nouvelle. Toujours placée  entre le choix de  se soumettre ou de résister les humains évoluent individuellement et indépendamment de la matière inerte. La force de l'Esprit tend à prendre le pas sur chaque homme qui est entraîné dans une mouvance dont la spirale l'absorbe vers une éternité que nous ne savons pas décrire. Si l'homme se dérobe et résiste, il risque de voir la réalité qu'il espère lui échapper. Mais lui échappe-t-elle vraiment, nul ne peut le dire ?

 

Dieu, qui se confond avec l'Esprit, rend quant à lui, chaque homme conscient du rôle qu'il a à jouer dans la construction de l'harmonie générale. L'Esprit souffle sur l'univers en dépit des résistances humaines et maintient malgré tout son projet  harmonieux de création.

 

Le destin du monde et de l'homme sont distincts mais restent liés l'un à l'autre, cependant, chaque être humain peut se prolonger dans l'éternité indépendamment du monde dont l'histoire peut s'achever par un échec dans la chaîne de l'évolution. Ainsi le salut des hommes peut-il se réaliser indépendamment du salut du monde.

 

Pour chaque homme le salut consiste à savoir que Dieu lui assigne un rôle dans la création harmonieuse  du monde. En participant à ce projet  il entre dans une dimension fusionnelle avec Dieu dont il ne peut plus se séparer.

 

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Werner Burki

Paris

 

Le christianisme est une religion « à salut » comme certaines autres religions. En employant le mot liturgiquement, ou dans la prédication, nous avons conscience cependant que cela ne va pas de soi... Il n'est pas plus simple de l'utiliser directement lors des entretiens individuels.

 

J'y entends toujours la notion de santé, physique, morale et psychologique, dans une interdépendance totale.

 

Le quotidien, nous ferme des espaces vitaux. Que ce soit par une souffrance, même légère et voilà l'horizon barré. La culpabilité que l'on sait non féconde et qui pourtant surgit de mille manière. Le doute de soi induit par le comportement d'autrui à notre égard ainsi que la limitation de nos moyens pour porter secours à d'autres comme à nous-même demeurent des questionnements sans réponse.

 

Le salut, la santé, le secours sont des promesses divines bibliques totalement réalisées par et avec le Christ Jésus.

 

Jésus demeure le grand exemple qui me dépasse et qui m'invite à me dépasser.

Le salut est ce qui induit un apaisement. Ce qui arrive, tout ce qui arrive a été au fond surmonté par avance et résolument une fois pour toutes. En temps de crise, comme le psalmiste, je lève les yeux vers les montagnes en disant d'où viendra le secours ?  Et, dans la foulée, comme le psalmiste, je donne moi-même la réponse par la foi.

 En Christ, Dieu me rejoint et me permet d'élargir l'espace de ma tente.

 

Le salut n'a pas d'effet en soi. Il ne me paraît pas opérant comme doctrine, mais bien plutôt comme une porte ouverte devant moi que personne ne peut fermer alors que je ressens l'angoisse de la perdition comme un navire en détresse. Cela peut se produire plusieurs fois dans la journée... C'est alors que, par la prière, j'observe un certain nombre d'éclaircies. Le salut, pour moi, est l'expérience de la paix (retrouvée) et de la joie (partagée), c'est le don de Dieu réalisé en Christ de manière splendide.

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Gilles Castelnau

Paris

 

Le dynamisme créateur divin monte en tous les êtres qui se meuvent et respirent en ce monde, sans tenir compte de nos distinctions.

 

Chaque fois que les forces de destruction et de mort nous divisent, nous opposent, nous minent et nous ruinent, nous désespèrent, son souffle de vie agit en nous afin de nous guérir, de nous renouveler de nous réorienter, toujours en vue de la grande harmonie du monde où chacun retrouve la vie de joie qui est la sienne.

 

Chaque fois que des hommes s'ouvrent à cette Présence, comprennent son renouveau, en saisissent la force d'espérance pour leur prochain comme pour eux-mêmes et s'impliquent dans sa réalisation en se dressant, coûte que coûte contre les forces du mal, leur témoignage de salut éclaire le chemin de joie qui s'ouvre à tous.

 

Ce fut le cas pour Jésus qui est, à mes yeux, l'archétype de ces sauveurs, comme avant lui Moïse, le prophète Ésaïe et le Bouddha, après lui Pierre et Paul, Spartacus, Vincent de Paul, Victor Schoelcher, Gandhi, Martin Luther King, Desmond Tutu, tant d'autres, vous et moi sans doute...

 

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Laurent Gagnebin

Paris

 

1) Les termes et les notions d'expiation, de rédemption, du sang qui coule sur la Croix, du sacrifice de son Fils unique par son Père pour que Dieu puisse pardonner aux hommes etc. sont incompatibles avec l'image d'un Dieu d'amour. Ce Dieu du sang qui doit couler pour notre pardon n'est même pas à la hauteur de ce que l'on appelle un honnête homme !

 

2) La Croix tourne notre regard vers le passé. Si le Royaume de Dieu est bien le coeur de l'enseignement et de la prédication de Jésus, alors notre regard doit se tourner vers l'avenir. « Le centre de gravité de la foi chrétienne n'est pas le drame rédempteur de notre dogmatique, mais la venue du Royaume de Dieu en notre c�ur et dans le monde. » (Albert Schweitzer)

 

3) D'après Tillich, nous sommes sauvés de :

 
 

a) la peur de la mort
b) l'absurde
c) l'aliénation (= péché).

 

4) Si la « chair » désigne bien l'homme TOUT ENTIER (corps et âme) prisonnier de lui-même et si l'Esprit désigne bien l'homme TOUT ENTIER (corps et âme) possédé par l'Esprit de Dieu, à savoir un esprit d'amour qui nous oriente vers l'autre, alors être sauvé, c'est être libéré de son moi quand ce moi devient une prison. Le salut, c'est, en Dieu, être dépréoccupé de soi-même, libéré pour se tourner vers l'autre, ne plus s'épuiser à se faire valoir, à prouver quoi que ce soit.

 

5) « Salut » ? Je ne suis pas convaincu que cette réalité réponde vraiment à l'attente de nos contemporains et à leur préoccupation majeure. Faut-il sans cesse parler du christianisme comme d'une religion de salut ? J'estime que non, comme indiqué plus haut au point n° 2. Laisser cette question du salut dans l'ombre fait problème pour les protestants qui s'ingénient à convaincre les gens de leur perte pour pouvoir ensuite leur annoncer le salut par la seule grâce de Dieu !

 

Le mot « salut » ne parle peut-être pas vraiment aux gens d'aujourd'hui et reste pour eux assez abstrait ou connoté  par les doctrines traditionnelles évoquées ci-dessus au point n° 1. Il faut probablement le remplacer par celui de « libération(s) », comme indiqué plus haut au point n° 4. De libérations, nous en avons bien besoin et l'Évangile l'illustre sans cesse. Cf. les théologies dites de la libération.

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Bernard Guiery

 

            Le salut réduit à un point doctrinal sonne bizarrement à nos oreilles et pourtant cette notion évoque quelque chose de bien précis chez un malade ou un prisonnier. Un malade attend la guérison et un prisonnier la délivrance. Plus généralement un intense  désir de métamorphose nous anime. Cet élan offre de l'amplitude à vos vies. La racine hébraïque du verbe sauver suggère l'idée de donner de l'espace.

            On ne se sauve pas. Il ne s'agit pas d'une évasion. Plus précisément, nous sommes sauvés, nous sommes au bénéfice d'une disposition gracieuse, libre, imméritée et inconditionnelle. Nous entrons dans une dynamique créatrice. C'est un processus qui nous met en mouvement et nous remplit d'espérance et d'entrain.

            « La foi, nous dit Raphaël Picon, dans cette perspective, ne consiste ni à croire ceci ou cela, ni à vouloir croire ceci ou cela, la foi est le fait d'être saisi par ce qui s'impose à nous pour nous concerner profondément, de manière dernière et ultime ».

            La notion du salut par grâce nous libère de la préoccupation du salut et nous rend libres pour les autres, libre pour s'ouvrir à l'infini.

            Le « Tout » ne se réduit pas à ce qui est : « Quelque chose est encore possible. Il y a du jeu dans l'univers » Il est ouvert à la possibilité de l'inouï.

            Être sauvé, c'est sortir du trou qui nous enferme, nous comprime et nous étouffe.

            Dieu est le salut de l'homme.

            Une habitation divine s'établit chez l'homme. Cette demeure secrète ne connaît pas de limite dans le temps et l'espace. Tel est le Royaume annoncé par l'Évangile et la joie promise à ceux qui sont à bout de souffle.

            Cette présence nous envahit dès maintenant comme un flux immense. Les expériences de lumière, de libération, d'amour authentique, se confirment et se condensent dans une éternelle présence.

            Le salut, c'est de pouvoir penser, non pas réciter, mais penser le Notre Père.

O Notre Père par lequel aucune limite ne s'interpose,

fais-toi connaître sur le visage de l'autre. Amen, en vérité.

Cette vérité que j'attends comme l'ultime réalité...

 

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  Stéphane Hervé

Nanteuil les Meaux

  

Je donnerai deux orientations au sens du mot « salut ». Tout d'abord, je crois que nous sommes perpétuellement sauvés dès notre vie présente du péché. Ce mot ne me dérange nullement pour peu que nous efforcions de lui donner un sens plus moderne. Je crois que naturellement, l'homme est séparé de Dieu, des autres, et de lui-même. L'homme ne saurait, par ses propres moyens, procéder à cette réconciliation. Cette possibilité lui est extérieure. Le message biblique invite l'homme à se décentrer de lui-même et de Dieu pour y placer son prochain. C'est dans ce décentrement et dans cette « sortie de la religion » que l'homme pourra faire l'expérience de la réconciliation.

 

Ensuite, j'ose croire en la vie éternelle, en une vie après notre mort. Le mythe de la caverne de Platon exprime selon moi l'existence de l'homme. Sa perception du monde, de lui-même et de Dieu est totalement limitée, déformée et partielle. Je crois que la vie éternelle sera cet instant où la Vérité s'imposera à tous dans un monde totalement et définitivement réconcilié.

 

Enfin, en Christ est signifiée de manière parfaite et ultime la volonté de Dieu de sauver tout homme. En sa mort et sa résurrection, je vois un Dieu impuissant, incapable d'empêcher les morts les plus injustes, et du même coup, un Dieu qui compatit pleinement aux souffrance de l'humanité. C'est ce même Dieu qui pourtant, ouvre un possible, capable de changer de manière irréversible le mal en bien, une étincelle de vie, un possible dans l'absurdité de l'existence humaine.

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René Lamey

Strasbourg

 

Ici, il n'est pas question du salut accompli par le Fils Unique de Dieu mourant sur la Croix. Le salut, dans la conception postmoderne, consiste à rapprocher ce qui est éloigné.

Les sciences humaines s'y appliquent - et souvent de façon satisfaisante.

Mais il y a place pour un christianisme, un christianisme libéré des dogmes et des doctrines (dogmes et doctrines divisent...) et principalement centré sur la personne de Jésus.

Jésus, et, partant, sa vie, ses paroles/paraboles, son enseignement, peut apporter au monde un sens, une direction, un désir de vie, de relation, un espace pour la parole de chacun.

En relisant les Évangiles avec des yeux libérés de tout concept dogmatique, nous redécouvrons l'homme Jésus.

- Jésus a vécu pleinement son humanité ; il a porté un réel et sincère intérêt à la vie de ceux et celles qu'il rencontrait

- Jésus a aimé gratuitement ; il n'a rejeté personne, il a aimé jusqu'au bout (« Pardonne-leur... »)

- Jésus a été pleinement lui-même : fidèle à lui-même, fidèle à ses convictions ; il a été lui-même jusqu'à la fin de sa vie (agonisant, il a refusé l'éponge pleine d'alcool qui lui aurait brouillé les sens) ; il a aussi invité les autres à être pleinement eux-mêmes.

C'est dans ce sens que l'on peut proclamer que Jésus est un sauveur. Il me sauve de ma peur de vivre en m'invitant à vivre pleinement, il m'encourage à dépasser ma peur d'aimer en aimant gratuitement, il m'appelle à être pleinement moi-même.

Ce qui nous sauve, ce n'est pas sa mort, mais sa vie, en ce qu'elle donne sens à notre vie, elle peut aider l'homme à devenir plus « humain », plus  « complet ».

Les gens d'aujourd'hui ne savent plus donner un sens à leur destinée ; leur vie leur échappe, ils n'ont plus de repères, ils se sentent perdus. C'est de cette « perdition »-là que Jésus peut venir les sauver.

 

En langage post-chrétien, on pourrait dire que le péché, c'est l'éloignement de soi, des autres, de la vie, la nature, et le salut serait alors le rapprochement et la réconciliation de l'individu avec soi-même, les autres, etc... donc avec Dieu.

 

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Isabelle Lozeron-Hervé

Aulnay

 

De qui, de quoi avons-nous à être sauvés ?

Dans une religiosité où le salut est un combat, combat contre le diable, contre le païen, contre l'ennemi reconnu de Dieu, là le salut prend son sens car chacun est capable de détecter l'ennemi où tout au moins de le créer. Dans cette compréhension tout combat devient juste car je deviens moi-même le justicier, et c'est ce que les églises chrétiennes ont souvent proclamé.

Mais dès lors qu'il s'agit d'être sauvé soi-même, cela nous place dans la position du coupable et donc toutes les prières de libération et exorcismes en tous genres deviennent sans effet car ce n'est plus de l'autre qu'il faut se débarrasser mais de soi.

Aussi le salut nous place dans cette situation de conflit intérieur, ou l'homme en vient à lutter contre lui-même.

Etre sauvé de nous-mêmes comment le pourrions-nous ? Ce n'est pas l'homme à la mer qui peut lancer la bouée qui le sauvera. Il n'en demeure pas moins que s'il n'appelle pas au secours le risque est grand que personne ne vienne à son aide.

« Toujours pécheur, toujours pénitent, toujours justifié »

Cette formulation de Luther, induit la complexité du salut, qui s'enroule comme un serpent qui se mort la queue. Le salut sous cet angle nous rend dans le même temps responsable et extérieur à notre salut. Responsable, car toujours pénitent, irresponsable car toujours justifié.

Pour être sauvé il faut être deux celui qui crie et celui qui aide.

Cela pose la question de savoir qui me sauve, mon prochain, Dieu, Jésus ?

Il n'est pas certain qu'il faille trancher.

 

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Roger Parmentier

Le Mas d'Azil

 

Salut ? Oui mais sans mythologie !

 

A mes yeux, Jésus est avant tout le prophète, le guetteur qui (comme ses prédécesseurs) avertit des menaces proches. Son Évangile (trouve un accord, tant qu'il est temps, avec ton adversaire, sinon ça finira mal... ; celui qui prend l'épée périra par l'épée... ; etc.) vise à détourner de la folie intégriste des Zélotes, alliée à la folie fondamentaliste et moralisantes des Pharisiens ; mais il ne sera pas écouté, et ce sera le massacre des Juifs entre 66 et 70.

 

De même aujourd'hui son Évangile (qu'il est indispensable d'actualiser) veut nous sauver de bien des périls. Sera-t-il écouté ?

 

Il me semble qu'il ne peut-être question ni de péché originel, ni de condamnation universelle, ni d'expiation des fautes des autres par un Jésus innocent, ni d'une résurrection à tous égards impensable, ni d'une domination impériale de Jésus (devenu Christ) dans le ciel et sur la terre et pas non plus d'une Providence (faisant que selon le bon plaisir de Dieu, les uns meurent dans un accident et pas les autres)... Une mutation radicale de nos christianismes (retrouvant enfin l'Évangile de Jésus, bien qu'il ait été formulé dans les conceptions culturelles et religieuses du temps) est non seulement inéluctable, mais indispensable, si nous voulons que le christianisme soit « sauvé ».

 

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Claude Peuron

Paris

 

Le mot salut n'a plus vraiment de pertinence aujourd'hui. Il en est de même des autres mots que l'on a pu employer : rédemption, rachat... Peut-être le mot « libération » a-t-il, plus que les autres, échappé à cette usure.

Pour expliquer le salut, je préférerais parler de libération. On peut en effet considérer Jésus comme un libérateur, comme le libérateur. Il nous libère de la vaine manière de vivre héritée de nos pères. Certes, ces mots de la première de Pierre (1/18) sont employés dans un contexte sacrificiel mais ils évoquent quand même une réalité bien actuelle, même si elle n'est pas nouvelle.

Par ses paroles, sa manière de parler et ses actes, Jésus ouvre un chemin : il est possible de vivre autrement, avec d'autres préoccupations, un autre but. Nous sommes ainsi libérés du souci de paraître, de la soif de posséder, de la hantise de devoir toujours faire nos preuves, de la crainte de ne pas être à la hauteur, du besoin d'être aimé, d'être approuvé. Libérés de la vanité constatée par Qohélet (l'Ecclésiaste), le non-sens ou l'absurdité d'une existence qui s'épuise à courir après ce qui nous échappe toujours. Libération d'une voie dont il apparaît de plus en plus qu'elle est sans issue (les solutions proposées dans le cadre de la campagne électorale ne sont guère de nature à nous sortir de l'impasse). En écrivant cela, j'ai bien conscience de me situer du côté des nantis, de ceux qui ne souffrent ni de la faim ni de la guerre civile. Ils s'exprimeraient autrement et je n'ai pas à le faire à leur place.

Pour moi, Jésus ouvre un chemin. J'ai commencé à le suivre, mais je sais bien que j'ai encore à avancer... Pourtant le chemin existe, Jésus m'y précède et m'entraîne, en dépit de mes résistances.

Il est risqué de parler de sacrifice offert à Dieu

Comment imaginer que Dieu, qui est Amour, dont certains affirment la toute-puissance (ce que je ne peux accepter qu'en ajoutant qu'elle est seulement la puissance de l'amour qui se manifeste dans la faiblesse) se trouve dans l'obligation d'exiger un sacrifice pour pardonner, et que ce sacrifice soit celui de son fils ? A quelle nécessité inflexible, à quel destin inexorable, à quelle divinité supérieure serait-il ainsi soumis ? Assurément, Dieu peut pardonner (sauver) sans avoir besoin d'un sacrifice et je crois qu'il le fait.

Il est pourtant difficile de ne pas parler de sacrifice

1. - En effet, le mot sacrifice ne s'utilise pas seulement dans le sens précédent. Certains se sacrifient pour une cause, par fidélité à un idéal, à une mission... La mort de Jésus peut, dans ce sens, être considérée comme un sacrifice. Il aurait pu échapper à la mort en s'enfuyant, mais il aurait ainsi contredit son message, en accordant plus de prix à sa vie qu'à son message. Sa mort constitue la signature qu'il appose pour certifier son message et, par la résurrection, Dieu vient sceller celui-ci.

2. - Je n'écoute pas sans une profonde émotion les pages de J. S. Bach (Passions ou Cantates) dont les paroles expriment l'idée de sacrifice. Bien sûr, on peut se laisser porter par la musique en négligeant les paroles, mais je ne parviens pas à dissocier les deux. Je le peux d'autant moins que j'ai découvert en même temps le chant de chorals (certains attribués à Bach) et l'Évangile lui-même, lorsque j'ai commencé à venir au culte. Alors, au nom de la perpétuité de la foi chrétienne à travers ses expressions successives, je ne peux pas complètement rejeter l'explication sacrificielle qui a nourri et nourrit encore la foi de beaucoup de mes frères. Mais je ne peux accepter qu'elle soit présentée comme la seule manière possible de rendre compte de la signification de la mort de Jésus.

 

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Pierre-Jean Ruff

Paris

 

Nous sommes sauvés.  De quoi ? Comment ?

Le salut est au centre du message chrétien. Mais de quoi sommes-nous sauvés ? Comment cela s'opère-t-il ? Sauvés, nous le sommes pour quoi ?

 

. 1 . La réponse classique

Paul est l'un des meilleurs interprètes de cette réponse. L'humanité est mauvaise. Seul un acte de salut providentiel peut changer cette donne. Cet acte, c'est le sacrifice de la Croix où il y a substitution de victime.

Dans cette optique, le sacrifice du Christ est au centre de l'histoire du salut, donc de l'histoire universelle. La Croix devient alors le symbole du christianisme et le sacrement de la cène ou de l'eucharistie, le signe de ce bouleversement cosmique.

Paul dira : « Si nous n'espérons en Christ que pour cette vie, nous sommes les plus malheureux des hommes » (I Corinthiens 15.19, 32). Ce qui fera dire à André Gide : « Parole atroce de Paul... Rien de plus étranger à l'Évangile que le "si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons car demain nous mourrons" ».

 

. 2 . Comment concevoir ce qui est « éternel » ?

On aura relevé que les trois premiers évangiles parlent de l'invitation au Royaume de Dieu, là où Jean parle de vie éternelle.

Y a-t-il une vie après notre vie terrestre ? Pour ma part j'y crois. C'est un acte de foi dans ce qui est au centre du message de Jésus. C'est aussi un acte de foi dans l'amour. Je crois l'amour plus fort que la mort. Cela dit, si je me suis trompé - ce que je ne saurai qu'après cette vie-ci - cela ne remet nullement en cause ma confiance en Dieu. Dualiste et platonicien, je crois à l'immortalité d'une partie de nous-mêmes, qu'on l'appelle « âme » ou autrement. (en philosophie, le dualisme consiste à considérer que nous sommes l'alchimie d'un esprit et d'un corps, qui ne relèvent pas de la même économie et n'ont pas la même finalité après ce que nous appeloons « la mort », l'un poursuivant sa route autrement et l'autre disparaissant).

Mais il faut distinguer « la vie éternelle » qui est une qualité existentielle, de la vie après la mort. Jésus dira : « Celui qui croit en moi a la vie éternelle ET je le ressusciterai au dernier jour ». (Jean 6.40). Aussi, si certains, sous des formes diverses, croient à la vie éternelle, mais que pour cette vie-ci, cela ne me heurte nullement.

 

. 3 . L'amour de Dieu, l'enfer et le purgatoire.

Si Dieu est amour et s'il a quelque pouvoir, il ne peut pas avoir choisi la mort d'un innocent pour le salut du monde.

Des parents normaux donnent à leurs enfants ce qui est bon pour eux, sans en être priés, même lorsque ces enfants les déçoivent. Dieu serait-il pire que nous ? La coexistence d'une félicité éternelle et de peines éternelles est un non-sens. L'amour de Dieu garantit l'absence de l'enfer. Les prédicateurs cathares déclaraient : « Toutes les âmes sont à Dieu. Toutes retourneront à Dieu, même celles des inquisiteurs ». Karl Barth, par double prédestination, entendait un salut universel.

On relèvera que si le salut est universel, la prédication chrétienne prend une tout autre dimension. Il s'agit bien d'apporter une parole de vie et de salut, mais pas de faire des autres les adeptes d'une religion, seul portillon supposé vers le salut ou la lumière.

Le purgatoire ? Sans la faire mienne, cette notion non-biblique ne me dérange pas. Comme le concept de réincarnation, pris au sens symbolique, cette image nous dit que certains peuvent avoir besoin d'étapes de purification avant d'accéder à la pleine lumière.

Ce n'est pas qu'ils aient beson de s'amender - ils sont sauvés par grâce, mais leurs yeux et leurs coeurs peuvent avoir besoin de s'habituer à une vérité jusqu'alors méconnue d'eux.

 

 

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