Spiritualité
La prière
pasteurs libéraux
transmis par Gilles Castelnau
Autres textes des pasteurs libéraux
Nous sommes un groupe de pasteurs - presque tous en Région parisienne - qui nous réunissons tous les mois dans le but de rechercher de manière « libérale » un langage qui proposerait à nos contemporains en mal de spiritualité une alternative au fondamentalisme.
Nous ne signons pas de confession de foi « libérale » mais nous sommes d’accord pour une compréhension systématiquement historico-critique des textes bibliques et des dogmes de l’Église et pour une approche positive de la culture contemporaine.
A l'approche de Pâques certains d'entre nous nous ont écrit une sorte de confession de foi. Nous sommes tous convaincus que chacune d'entre elles n'a de valeur qu'en relation fraternelle avec les autres car personne ne peut penser connaître seul la Vérité.
Autres confessions de foi sur ce site
Jean-François Blancheton
Pour moi, prier c’est tutoyer Dieu comme je le fais pour un ami.
La prière est l’espace d’une rencontre désirée avec l’ être aimé ;
c’est le temps de la halte bienfaisante sous la tente où s’ouvre le dialogue :
je suis au pied du Maître de Vie, je l’écoute et je lui parle en toute confiance ; parfois je pleure, parfois je chante, parfois je crie, parfois je murmure et, par les mots de la Bible, je l’entends m’aimer, me consoler, me créer, me relancer… m’ouvrir un possible.
Ce monde dans lequel je vis, il le connaît car il l’habite aussi – avec la paix qu’il me donne il me le confie pour l’habiller de l'Evangile de Jésus de Nazareth.
Y-aurait -il en effet, prière sans accueil, prière sans décision, prière sans envoi, prière sans travail ?
Gilles Castelnau
Quand je prie, je ne vois pas Dieu comme le « Père tout-puissant créateur du ciel et de la terre »
. qui me conduirait sur le chemin qu’il voudrait pour moi,
. qui considérerait avec une attention sourcilleuse mes mauvaises attitudes et mes fréquents dérapages
. et auquel je devrais m’adresser humblement pour lui demander pardon,
. lui rappeler que je le loue pour sa grandeur
. et solliciter de sa part certaines interventions particulièrement importantes.
Je crois que Dieu est en nous, qu’il est plus que nous mais qu’il n’est pas sans nous,
que son dynamisme créateur et son esprit de compréhension et de paix m’incitent à entrer dans son grand dessein de vie et d’harmonie universelles.
Ma prière se fait donc plutôt méditation :
. attitude de calme, suscitée peut-être par une lecture biblique,
. je cherche à voir le monde, les autres et moi-même avec les yeux de Jésus-Christ,
. je prends conscience de la présence du Saint-Esprit, cet élan de vie qui traverse l’univers et me rend participant à toutes les autres vies du monde, proches et lointaines
. et renouvelle à mon insu en mon cœur, l'amour et la créativité que Jésus-Christ a fait connaître.
Laurent Gagnebin
.1. Le pasteur Wilfred Monod (professeur à la Faculté de théologie de Paris : 1909-1937) a écrit : « Prier, c’est exaucer Dieu. ». Il ne veut pas dire par là qu’en priant nous faisons ce que Dieu nous demande, à savoir prier. Monod veut dire que prier, c’est agir dans le sens de ce que Dieu attend de nous. N’attendons pas que Dieu nous exauce, mais faisons sa volonté. C’est ainsi que nous exaucerons Dieu. Ainsi, quand nous disons dans le Notre Père « Que ta volonté soit faite », cela signifie : « Que nous fassions ta volonté ».
.2. J’ai souvent dit ou écrit : « Joindre les mains, ce n’est pas se croiser les bras. » Quel que soit le Dieu auquel nous croyons et que nous prions, l’essentiel n’est pas d’adopter une attitude passive d’attente et de résignation, celle d’un exaucement, mais de prolonger notre demande par un acte lui donnant corps et vie. La prière n’est pas une attitude passive.
.3. J’ai aussi dit ou écrit cette proposition qui résume l’essentiel de ma théologie : « Joindre les mains, c’est rejoindre les autres. » Il s’agit là d’affirmer qu’un christianisme spirituel, que la piété, sont inséparables d’un christianisme pratique et social. Ce dernier est en quelque sorte l’accomplissement ultime d’un christianisme spirituel bien compris.
Claudia Heidemann
Pour te reconnaître,
pour te recevoir.
Tel un récipient
me dessaisissant de tout encombrant,
je me tiens devant Toi,
le cœur ouvert,
en silence
dans l’écoute.
Tel un récipient,
en creux profond,
avec
mes ombres
et mes pièces manquantes,
j’y suis,
assise,
dans le désir ardent
de Te recevoir,
me recevant moi-même
de Ton regard.
Jacques Gradt
Prier c’est au-delà du voile être certain d’une présence
et au-delà du silence entendre une réponse.
C’est le geste de celui qui croit ne pas croire et prie sans savoir qu’il prie.
Prier ça n’est pas forcément un instant consacré à Dieu,
Ça n’est pas nécessairement parler ;
c’est un mouvement de tout l’être :
révolte, fatigue ou action de grâces.
Prier c’est un appel ! comme on s’appuie sur un compagnon pour ne pas tomber.
C’est un geste d’humilité ! peut-être que l’orgueilleux a du mal à prier.
Prier c’est se savoir faible, pauvre et limité et recourir à plus fort.
C’est faire confiance comme celui qui dort
sans penser toujours au toit qui le protège de la pluie ou du vent.
On ne pense pas toujours à sa respiration ou au cœur qui bat !
Prier c’est aussi contempler, une fleur, le sourire d’un enfant ;
il y faut le silence.
C’est parfois pousser un cri, dire une révolte !
Prier c’est souvent être comme un relais, un écran sur lequel viennent buter
les appels, les cris, les joies des frères, les transmettre plus haut,
et qui sait ? recevoir une réponse.
Prier c’est être là, vrai devant Dieu !
Prier à haute voix en public c’est discrètement éviter
d’imposer un cours de catéchisme à Dieu,
ou encore d’infliger une prédication bis aux frères !
c’est fermement implorer pour tous, paix tendresse, bénédiction.
Bernard Guiéry
La parole de la prière est une parole blessée qu'un voile de pudeur retient.
La prière sait qu'elle ne sait pas prier, mais elle ne l'apprend qu'en priant.
La prière est la mise en relation avec quelqu'un à qui on dit « toi » dans l'invisible.
Elle est donc un partage, un échange avec qui on reçoit « la viè, le mouvement et l'être ».
C'est une présence plus ou moins sentie au mystère de Dieu, une présence qui fait dire : « ô toi, l'au-delà de tout. » Une présence qu'une absence fait mûrir.
Avec Jean de la Croix j'aimerais faire entendre « une musique silencieuse », musica callada. Le silence est aussi une hospitalité à l'égard de Dieu.
Agnès Adeline-Schaeffer
La prière, c’est ma voix intérieure à chaque instant de ma vie, dans un dialogue avec une présence invisible, et pourtant promise.
Cette prière est audible quand je l’exprime à voix haute, que je sois seule ou que je partage avec les autres, ma joie, ma tristesse, mes questions, mes souffrances, mes inquiétudes, ma reconnaissance, pour le monde comme pour moi. Je le fais avec mes mots, mais aussi avec mes gestes, mon corps, ma danse, mon chant.
Certains pensent que c’est un monologue, à cause du silence, comme seul écho des mots. Pourtant ce silence est porteur d’une réponse, en particulier lorsque je recueille ma personne : à l’écart, dans un endroit calme, ou dans les transports, ou devant une œuvre d’art, devant un paysage, dans l’écoute d’une musique, dans la lecture. Ou même quand je dors !
Je nomme cette présence « Dieu ». Mais je dis souvent : « Seigneur » et dans ce cas, c’est au Christ que je m’adresse plus facilement.
Avec la prière, je choisi de me tenir devant une présence qui donne sens à ma vie. La prière, c’est mon espérance folle, chevillée à mon corps et à mon cœur, d’être accompagnée.
Cette présence ressemble bien souvent à un souffle ténu, mais elle me donne cette incroyable conviction que je ne suis pas seule.
Michèle Sourisseau
Prier, c’est parler à Dieu… Cette simple petite phrase résume totalement ma définition de la prière.
Parler à Dieu, c’est parler à Celui qui a envahi ma vie, qui ne me quitte jamais…
Je peux lui parler à n’importe quel moment, en n’importe quel endroit, quelles que soient les circonstances...
Et comme je suis très bavarde, je lui parle souvent !
C’est, je pense, ce qu’on appelle « l’intimité » …
Pourtant, au-delà de mes monologues, il y a ce dialogue entre lui et moi quand je me tais pour essayer de comprendre ce qu’il a à me dire…
L’écouter… écouter son silence dans le tumulte qui m’entoure, dans le vacarme de ce monde bruyant et superficiel, dans ce tohu bohu que les hommes de notre temps s’ingénient à recréer sur cette planète…
L’implorer parfois, souvent, au-delà de mes colères devant la bêtise et la méchanceté, pour qu’Il prenne en pitié ce monde déboussolé…
L’écouter et chercher dans son silence la réponse à tant de questions insolubles que je me pose…
L’écouter… car son silence m’apaise…
Et le remercier d’être présent…
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