L´agonie de Dieu
Julian Mellado Hernandez
pasteur à Madrid
20 août 2011
La nouvelle est dans tous les médias. La Corne d' Afrique traverse une terrible famine. Les images que nous offre la télévision sont terribles. Des milliers d'enfants meurent de faim. Nous les voyons faméliques, aux yeux enfoncés, sans souffle de vie, ou bien avec leur ventres gonflés à cause des parasites. Les mères désespérées ne peuvent qu’embrasser leurs enfants jusqu' a ce que la mort les arrache de leurs bras. La nouvelle n'est pas neuve. Simplement elle est pire.
On nous dit que l'aide humanitaire ne peut arriver facilement à cause des conflits entre les groupes armés... Ça donne à penser au sujet de la misère et de la folie humaine. Mais au milieu de l'enfer qui existe vraiment ici et maintenant, on voit aussi des traces de grandeur et de dignité. Une femme vient d'accoucher en pleine famine ; on a dû l'emporter car elle avait le choléra. Une autre femme a pris en charge ce bébé. Lorsqu'une journaliste était en train de parler avec elle, celle-ci lui a répondu :
- « je n'ai rien à lui donner. Il va mourir, mais je peux lui donner mon amour »
Et où est Dieu ? voici la grande question. Ceux qui croient en un Dieu qui intervient, doivent chercher beaucoup d'explications pour le disculper de tout ce silence. Quelques réponses sont cruelles, comme un croyant qui me dit que tout cela était un jugement divin à cause des péchés. Bien sûr il dit ces paroles « pieuses » en étant confortablement installé chez lui. J'imagine qu'il se considère meilleur que ces innocents enfants. On ne peut pas croire en un Dieu si cruel et terrible. Mais la question persiste : Où est Dieu ?
Dieu est en ces enfants, ces mères, ces personnes désespérées. C'est un Dieu impuissant et qui ne peut rien faire. Ou plutôt peut-il quelque chose ? Dieu est la source de la vie et de l'amour. En Lui nous sommes, nous existons et nous bougeons comme disait l'Apôtre Paul. Alors ces personnes ont faim en étant en Dieu, pas à part de Lui. Mais alors, d'où viendra l'aide ? Dieu n'intervient pas, mais... il survient. Et Dieu survient quand les hommes incarnent la Compassion. Donc c'est nous qui sommes dans un autre contexte, nous devons intervenir. Concrètement, nous les chrétiens qui nous appelons disciples de Jésus de Nazareth, nous sommes la Providence de Dieu comme dirait le philosophe espagnol Jose Antonio Marina. Dieu est, d'après lui Action de compassion.
Le Royaume de Dieu est une nouvelle façon d'être humain. Un monde de justice, de liberté et d’amour. Jésus nous a montré le chemin à suivre qui consiste à lutter contre tout ce qui dégrade les humains. Contre tout ce qui dépersonnalise. C'est un royaume basé sur cet amour qui est Dieu, qui dénonce les intérêts des puissants, des spéculateurs, de ceux qui se croient les maîtres du monde. Ce royaume nous appelle à un engagement avec nos frères qui souffrent, qui sont nés dans un lieu de ce monde où il n'y a que violence et misère.
Nous devons faire quelque chose. Écouterons-nous cette voix qui nous appelle à intervenir ? Serons-nous de vrais disciples de celui passa sur la terre en faisant le bien ? Allons-nous incarner ce royaume dont Jésus nous parle? Voulons-nous être La réponse de Dieu, sa Providence ?
Ces personnes sans avenir, ces enfants qui meurent, sont les nôtres, ils représentent… l'agonie de Dieu.