Un défi passionnant
Julian Mellado
pasteur à Madrid
7 mars 2012
Après l'Holocauste il a fallu repenser beaucoup de choses au sujet de la foi et de la théologie. C´est ce que bien des théologiens et des philosophes essayent de faire.
Nous nous sommes rendu compte qu'il fallait traduire dans la langue d'aujourd´hui les croyances d'autrefois. Par exemple, jadis on croyait que le monde avait trois étages.
Le ciel, oú habitaient les dieux, la Terre, pour les hommes, et sous terre le monde des morts. Maintenant avec les connaissances que nous avons de l´univers, il est impossible de conserver cette conception d'autrefois. On peut, par exemple, toujours parler du « Ciel » comme d'une métaphore, d'un symbole ou d'une image.
Cette tâche de traduction est difficille, mais elle est urgente. Sinon nous prenons le risque que la foi chrétienne soit considérée comme obsolète et ne parle plus à l'homme du 21e siécle.
C'est un défi passionnant.
La figure de Jésus de Nazareth brille demeure brillante, quel que soit le paradigme culturel que nous utilisions. Il demeure notre référent, le critère de notre foi.
Quant à Dieu il se fait mystère. Il n'est pas un objet que nous pourrions étudier. Pourtant nous pouvons l'identifier à la force qui nous habite, à la profondeur de Vie dont nous faisons l'expérience. Peut-être le mot de « présence » peut-il nous aider, sans pourtant permettre aucune description.
La prière se fait méditation, plongée dans les profondeurs de notre vie. Réorientation de notre esprit selon les valeurs de l'Évangile de Jésus. essai de voir le monde avec les yeux du Christ, pour nous engager dans le grand projet du « Royaume de Dieu », d'une humanité nouvelle.
Nous identifions le divin à la compassion, à l'amour, à la justice, à la liberté et à la quête de la vérité.
N'oublions pas que dans tous les êtres humains se trouve ce mystère, cette Vie, cette Force. Jésus est celui qui nous a enseigné à le vivre pleinement, à expérimenter une vie qui se donne aux autres. C'est à nous de rendre visible la Présence de Dieu en notre monde.
Le « salut » est cette plénitude humaine. Il est l'incarnation de l'Amour que Jésus de Nazareth nous a fait connnaître.
Mais bien sûr nous avons la liberté d'étouffer cette voix qui surgit en nous.
Nos dogmes et nos affirmations philosophies peuvent-ils vraiment expliquer Dieu et les hommes ?
L'Amour est universel et il traverse toutes les vies humaines, chacune à sa manière. Certains se détournent pourtant de ll'amour. Quand les hommes et les femmes se comportent avec un amour vrai et solidaire, le « divin » survient.
C'est bien là le message de l'Évangile, la libération, la Vie véritable.
Une église se doit d'être le lieu de la rencontre, du partage, de la liberté de conscience. Lieu où se fait entendre la voix de Jésus. Lieu de la compassion, de la solidarité, de la quête de toute vérité. Lieu aussi de l'amitié où tous sont bienvenus sans distinction aucune. Llieu de loyauté et de confiance.
C'est ainsi que l'Église se fait alors signe d'une nouvelle humanité possible.
Si nous avons besoin d'une foi plus simple qui s'ouvre à l'émerveillement de la Vie, d'une confiance fondée sur le silence intérieur de l'amour, du Père, « Abba » qui nous appelle, essayons alors de vivre la gratuité que nous offre la compassion.
Un défi passionnant !
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