26 janvier 2007
Question
Le site BeliefNet pose un certain nombre de questions
théologiques qui vous situent dans un éventail allant
de l'athéisme au fondamentalisme où vous vous trouvez
en compagnie de personnalités religieuses américaines
qui professent le même type de foi. Vous êtes ainsi
placé juste avant l'athéisme.
Réponse
Avec tout le respect que je porte aux
amis de Beliefnet, je pense que leur
exercice est trompeur dans la mesure où ils ne
définissent pas clairement le vocabulaire qu'ils employent.
Notamment le terme d' « athéisme » ne signifie pas l'absence de Dieu mais le refus du « théisme ».
Nous assistons aujourd'hui à une
importante montée du fondamentalisme qui entraine une augmentation correspondante du
nombre de gens qui considèrent que les affirmations
religieuses sont devenues non crédibles. Fanatisme religieux
d'un côté, pensée sécularisée de
l'autre. Les personnalités religieuses caractéristiques
de cette opposition en sont d'une part les
télévangélistes Jerry Falwells et Pat Robertsons
et d'autre part les « athées » Richard Dawkins and Sam Harris.
Je suis, en général, bien
d'accord avec les critiques que font ces derniers de ce qu'est devenu
le christianisme. Mais ils sont « athées » parce qu'ils ne connaissent rien d'autre qu'une
misérable expression de cette religion.
Le « théisme »
populaire est en train de disparaître et les gens croient que c'est le christianisme qui
disparaît.
La conception selon laquelle Dieu est un
être surnaturel, qui demeure quelque part au ciel et intervient
à l'occasion dans le monde de manière divine, ne me
paraît plus crédible. Mais bien des gens n'ont pas
d'autre idée de Dieu et s'imaginent que l'athéisme est
la seule alternative au théisme. Et ceci révèle
décadence actuelle du christianisme.
On se trompe en croyant que si on n'est pas « théiste » on ne peut qu'être « athée ». Rien n'est plus faux. Je suis croyant et je
ne suis pas « théiste ». Je suis enivré de Dieu, peut-être
suis-je même mystique.
Je ressens Dieu comme
l'Autre, la Transcendance, la
Profondeur, la signification fondamentale de la vie. Je crois
qu'humanité et divinité ne sont pas
séparées mais représentent ensemble la
réalité humaine. La divinité est la
réalité profonde de l'humanité.
Je discerne cette présence de Dieu
dans la vie humaine de Jésus de Nazareth.
Je sonde les Écritures pour
trouver les affirmations transcendant l'ancien « théisme », l'image archaïque du vieil homme dans le ciel
à la toute-puissance magique.
- Et je les trouve sans peine dans le refus des
anciens auteurs de la Bible de prononcer le nom de Dieu, car ils
savaient que l'esprit humain ne peut connaître Dieu au point
d'être capable de le nommer.
- Je les trouve dans le premier commandement
interdisant de faire une « image
taillée » de Dieu
car rien de ce qui est fait par la main de l'homme ou pensé
par l'esprit de l'homme ne peut définir le Dieu saint.
Et pourtant on entend constamment des gens
religieux dire que les Écritures, les credo et les dogmes,
rédigés par des hommes, encadrent la divinité.
Alors que ce sont seulement des « images
taillées ».
- Je les trouve dans les passages où les auteurs
bibliques, sans doute sensibles au fait que prendre à la
lettre les affirmations personnelles donnent une conception fausse de
Dieu, utilisent des images impersonnelles et disent que Dieu est un
vent, un rocher, ou même l'amour.
En parlant de Dieu, on parle en
réalité de l'expérience humaine de
Dieu.
Assumer cette évidence fait
disparaître certaines fausses certitudes mais
l'expérience de la présence de Dieu ne disparaît
pas.
Je souhaite profondément que les
auteurs de ce site de BeliefNet, que ceux qui écrivent dans
les journaux, qui parlent à la télévision et
à la radio prennent davantage conscients de ces
réalités et tiennent compte des limites de l'esprit
humain.
Traduction Gilles
Castelnau
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