L'évêque
J. Spong
Question
Nos liturgies sont
aberrantes
Je fréquente une Église
presbytérienne assez libérale. Les sermons mentionnent
le respect de la nature, font état d'une lecture non
littérale de la Bible et du respect de la science. Les
prières ne demandent généralement pas à
Dieu d'interventions physiques directes. Tout cela me
satisfait.
Cependant bien des conceptions anciennes
sont encore véhiculées par les chants, les textes
liturgiques et certains gestes traditionnels.
Ainsi, lorsque c'est un laïc qui lit la Bible, il arrive qu'il
termine sa lecture en proclamant : « Voici la Parole
de Dieu ».
L'affirmation de la mort rédemptrice de Jésus est
récurrente et la conception théiste de Dieu est systématique.
Je ne pense pas être le seul
à réagir ainsi. Qu'en pensez-vous ?
Réponse
Évêque
John Spong
29 décembre 2005
Les textes liturgiques sont en
général au moins cent ans en retard. Dans mon Église, la nouvelle liturgie
de 1979 est typique du 19e siècle.
La première chose à faire pour lancer la nouvelle
Réforme est de changer chacun
ce qu'il peut dans sa paroisse, à commencer par les sermons,
l'interprétation de la Bible et le respect de la science.
D'après ce que vous me dites, c'est déjà ce que
vit votre Église, alors qu'elle est encore engloutie dans un
océan de concepts prémodernes.
Quand on prend conscience
que la terre n'est pas le centre de
l'univers, et que Dieu ne demeure pas dans le ciel au-dessus de nos
têtes, une grande partie des images de la Bible apparaissent
alors comme pré-modernes. Comment, d'ailleurs, en aurait-il pu
être autrement alors qu'elle a été écrite
entre les années 1000 av. J-C et
135 ap. J-C ?
(Note de Gilles Castelnau. Les
biblistes donnent aujourd'hui plutôt les dates de
800 av. J-C à 90 ap. J-C).
Souvenons-nous que Jésus croyait
que l'épilepsie était une possession
démoniaque.
Nous sommes
déchirés entre notre
mentalité du 21e siècle et
notre liturgie du 1er, du
4e, du 13e siècle.
Le fait d'en être conscient est excellent car cela nous pousse
à réagir. Ou bien nous qui sommes sensibilisés
à ces choses, réussirons à nous libérer
des formulations fondamentalisme de nos liturgies, ou bien elles nous
paraîtront progressivement tellement aberrantes que nous ne
pourrons plus aller à l'église.
De plus en plus de petits groupes
se forment, dans toutes les
dénominations, pour reformuler les liturgies. Ils ne pourront
manquer de s'unir par delà les frontières des
Églises dont ils ébranleront la vie traditionnelle.
J'attends et j'espère ce
jour. Je prie pour sa venue chaque
fois que nous chantons le cantique « Oh viens
Emmanuel ! ».
Emmanuel veut dire « Dieu
avec nous » - cela
signifie Dieu présent au plus profond de notre être,
véritable fondement dans lequel notre vie s'enracine.
« Dieu en nous, et non pas
à l'extérieur du monde », voilà la grille de lecture pour de nouvelles
prières.
Donnons-nous rendez-vous dans un
an pour voir les progrès que
nous aurons fait.
Traduction Gilles
Castelnau
Voir le texte de l'Église du
Canada
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Spong"
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