L'évêque
J. Spong
Réponses
d'un évêque épiscopalien
.
Question
Immaturité des
chrétiens
Pasteur Martin. Le Christ et le christianisme pourront-ils
dépasser la période d'immaturité dans laquelle
tout est en mouvement, changement, et ébullition ?
Feront-ils émerger finalement le style de vie adulte que
souhaitait Jésus et dont nous avons
désespérément besoin ? Ou bien les
fondamentalistes triompheront-ils ?
Réponse
Évêque
John Spong
12 juin 2005
Cher collègue, je trouve votre
image de l'immaturité vraiment juste. Néanmoins je soupçonne que si les
chrétiens sont si peu désireux de devenir adultes,
c'est qu'ils en sont empêchés par deux raisons, une
externe et l'autre interne.
La raison externe est l'Église qui est toujours en recherche
d'autorité et qui accroît celle-ci en s'efforçant
de maintenir ses fidèles dans un état de
dépendance, immatures, infantiles, incapables de critique et
en plus toujours culpabilisés. Le Christ qui est venu, selon
l'Évangile de Jean, afin de nous donner la vie en abondance,
est présenté dans nos Églises comme le sauveur
des « pécheurs »
que nous sommes incapables de rien
faire de bien sans l'aide de Dieu.
Pour manifester la grandeur du salut de
Dieu, l'Église a cru devoir se concentrer sur la
dépravation de l'humanité et nous enfonce toujours dans
un état de passivité et de dépendance
infantile.
La raison interne est que nous sommes des créatures vivant en
permanence dans la peur et l'anxiété et que nous
craignons par dessus tout la mort. Nous avons donc un besoin profond
de sécurité que nous trouvons dans la protection d'un
Dieu-Père au pouvoir surnaturel qui surveille le monde et nous
défend. Cette sécurité paternelle nous maintient
elle aussi dans un état infantile chronique.
Nous trouvons plus facile de « naître de
nouveau » que devenir
adultes, mais c'est une solution illusoire.
Pour survivre, la religion doit promouvoir l'esprit de
maturité et de responsabilité. Il faut redéfinir
Dieu d'une manière non-théiste. Un Dieu qui renouvelle notre humanité en
accroissant ses capacités, ses forces, son courage, comme l'a
dit le théologien Paul Tillich.
Notre spiritualité adolescente nous
fait hésiter entre deux déviations : Soit nous
devenons fondamentalistes et nous nous attachons aux doctrines
d'autrefois. Soit nous cherchons à nous libérer du
passé et nous ne faisons que rêver un avenir.
Peut-être faudra-t-il une
génération complète ou même deux pour arriver à la
maturité et vivre en pleine conscience dans le
présent !
Traduction Gilles
Castelnau
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Spong"
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