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Peut-on être
chrétiensans être théiste ?
Can One Be a Christian without Being
    a Theist ? John S.
    Spong (larges extraits)     6 octobre 2002 On nomme « théisme » la théorie qui conçoit
  Dieu comme un Être
  extérieur au monde, au pouvoir surnaturel, qui agit sur le
  monde pour l'amener à l'obéissance et l'ouvrir à
  sa Présence. Le Dieu théiste est forcément
  toujours décrit, de manière humaine, comme une personne
  animée d'une volonté propre, qui aime,
  récompense ou punit.Les liturgies des Églises chrétiennes, notamment les
  recueils anglicans, s'expriment de manière
  théiste : Dieu y est présenté comme un
  Être céleste, qui apprécie nos louanges,
  écoute nos confessions, nous révèle sa
  volonté sainte et nous appelle à une vie spirituelle en
  communion avec lui.
 Le théisme est si universellement
admis que le rejeter est
considéré comme a-théisme, rejet de Dieu
lui-même. Mais dans notre monde où, actuellement, la
conception théiste perd de sa pertinence, commence à se
poser, qu'on le veuille ou, la question du théisme :« peut-on être
chrétien sans être
théiste ? » Le théisme était autrefois
la théorie commode permettant
d'attribuer à la toute puissance de Dieu les
événements qui dépassaient la
compréhension humaine : catastrophes
météorologiques, maladies, morts subites, malheurs de
toutes sortes. Mais aujourd'hui la médecine diagnostique et
traite les maladies sans référence à Dieu et
notre société sécularisée ne met plus en
relation avec la volonté divine les tragédies que sont
les accidents d'avion, l'épidémie de SIDA, etc.Aujourd'hui, devant une mort soudaine, on pratiquera une autopsie qui
révélera un infarctus ou une hémorragie
cérébrale, sans que personne ne s'interroge sur les
raisons que pourrait avoir eu l'Être Suprême
théiste de punir cette personne en particulier.
 Les météorologues
observent la formation des cyclones
dans les zones de basse pression de l'hémisphère sud et
suivent leur itinéraire jusqu'à ce qu'ils aient
déchargé sur terre vent et pluie, ou qu'ils se soient
apaisés dans l'air froid et dense de
l'hémisphère nord. Personne n'interprète ces
phénomènes naturels comme des châtiments
infligés par Dieu à une région, un peuple ou une
nation particulièrement coupable.  Il fallait la réflexion
particulièrement naïve
du télévangéliste américain Pat Robertson
pour prétendre, il y a quelques années, que ses
prières pourraient détourner un cyclone de son
entreprise de radio et de télévision, à Norfolk
en Virginie. On pourra remarquer que M. Robertson n'a pas
prié pour calmer le cyclone, mais seulement pour en
détourner l'itinéraire destructeur. D'ailleurs Pat
Robertson ne s'est pas préoccupé de ce qui arriverait
à ceux sur lesquels ses prières auraient
détourné la tempête ! Un théologien anglais, Michael
Goulder, perdit la foi, lorsqu'il se
rendit compte que le Dieu traditionnel du théisme« n'avait plus de raison
d'être », alors
qu'on ne faisait plus appel à lui pour expliquer les
mystères, soigner les maladies, diriger les
éléments, conduire les guerres, punir les
pécheurs et récompenser les fidèles.En fait, le Dieu extérieur au monde, qui intervient
périodiquement de façon surnaturelle dans les affaires
du monde pour les diriger selon sa volonté, a
réellement disparu de notre pensée collective, bien
que, dans nos lieux de culte on continue à lui rendre un
hommage officiel.
 Quel avenir le XXIe
siècle ouvre-t-il dans ces
conditions, à notre christianisme ? Il s'agit-là
du problème théologique majeur qui se pose à
notre génération. La pensée chrétienne
s'est structurée autour du concept théiste ; la
personne de Jésus a été
généralement interprétée comme
l'incarnation du Dieu théiste ; le « Père » dont il venait accomplir la « volonté » était conçu comme un Être
suprême surnaturel, extérieur au monde ; et la mort
du Christ sur la croix comme le sacrifice offert à ce Dieu
pour mettre fin à la rupture séparant l'homme de son
Créateur. Les théologiens ont ainsi
développé la
théorie du
« Péché originel » et de la « Chute » ;
ils ont expliqué le rôle capital de la Croix dans le
drame du salut souligné le pouvoir de guérison du sang
du Christ. Mais le monde ne croit plus à cette Divinité
irritée exigeant un sacrifice et cette interprétation
de la croix du Christ perd sa signification.Dans un monde qui, depuis Darwin et sa théorie de
l'Évolution, ne conçoit plus que la création
soit achevée par Dieu et parfaite, mais l'imagine en
évolution continue, la doctrine de la chute du monde, jadis
parfait, dans le péché et dans la mort, n'est plus
crédible.
 L'idée même d'un Dieu
exigeant la mort de son Fils sur la
croix pour payer le prix des péchés, est
désormais inacceptable : un parent humain
réclamant la mort de son enfant pour faire réparation
d'une rupture, serait soit arrêté par la Justice, soit
enfermé pour trouble mental.Et pourtant ces images, issues de l'ancienne conception
théiste, qui ont perdu tout sens et sont même devenues
source de répulsion, font toujours la trame de nos
liturgies.
 La question fondamentale se pose à nous : la foi vivante
dont nous avons besoin pourra-t-elle refleurir sur les
décombres des anciens concepts théistes ? Les
conservatismes théologiques refusent cette question. La
société déchristianisée l'ignore en
rejetant totalement Dieu.
 Nous pensons retrouver Dieu en
abandonnant le théisme. C'est
un nouveau langage qu'il faut rechercher pour traduire à
l'intention de nos contemporains la foi d'hier dans les
catégories de demain.   Traduction Gilles
Castelnau     Retour vers la page d'accueilRetour vers "John
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