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Le quatrième évangile

Récits d’un mystique juif chrétien


 

John Shelby Spong

 

Ed. Karthala

252 pages - 24 €

 

Gilles Castelnau

 

 

13 décembre 2020

L’évêque Spong est surtout connu pour ses très nombreux articles, lettres pastorales et conférences où il s’efforçait de réconcilier avec Dieu et avec la foi chrétienne tous ceux qui s’en détournent en raison d’un enseignement inadapté à la modernité. Mais en même temps il poursuivait un travail personnel considérable de connaissance de la Bible. Il lisait avec passion tout ce que les principaux exégètes anglophone publiaient dans le domaine biblique et était capable d’en intégrer les éléments dans le cadre de sa pensée théologique personnelle.
C’est ainsi qu’il nous offre son dernier ouvrage concernant l’évangile de Jean. Il y présente en détails, très clairement et longuement, tout ce qui est désormais reconnu dans le monde universitaire sur l’influence de la liturgie juive ainsi que de la pensée mystique de l’auteur dans une lecture historico-critique rigoureuse.
Certains n’auront pas la patience et le temps de procéder à une lecture suivie et ininterrompue de ce gros livre (les pages sont grandes et les caractères serrés !) mais trouveront un grand intérêt à se référer librement à tel ou tel passage de l’évangile.

En voici des passages à titre d’exemples.


 


Première partie

Présentation du quatrième évangile

 

Intérioriser la Sagesse, la porte d’entrée dans le mysticisme juif

Pour l'instant, mon intention est de montrer comment et pourquoi le mysticisme s'est développé dans le judaïsme, à quel besoin il correspondait et ce qui a déterminé la forme qu'il a finalement prise. Si est exacte mon assertion que la troisième rédaction majeure du texte johannique a été produite lorsque les adeptes de Jésus excommuniés se sont tournés vers les thèmes les plus avancés et universels du mysticisme juif pour traduire l'expérience de Jésus, alors il nous faut comprendre ce mysticisme juif. comment est-il entré dans le judaïsme ? Comment a-t-il évolué au point d'être présent et disponible, non seulement comme l’une des options, mais comme l'option de choix pour comprendre Jésus ? Comment ce mysticisme a-t-il transformé le christianisme au point que les premiers chrétiens ne l'ont pas véritablement compris ? L'évangile de Jean l’a fait, d'où sa place unique dans le développement du christianisme.

Je pense maintenant que cet évangile a été tragiquement déformé par les pères de Nicée et de l'après-Nicée ; ils l'ont utilisé pour formuler leurs credo. Penseurs grecs, ces leaders chrétiens des débuts n'apprécient guère ce qui est juif et n'ont vraisemblablement aucune compréhension du mysticisme juif. Dualistes, ils voient Dieu et la vie humaine, les choses spirituelles et les choses matérielles, les âmes et les corps comme deux domaines dissociés, voire antagonistes. Ignorant le langage du mysticisme juif, ces autorités religieuses sont inaptes à percevoir la tradition johannique qui voit Jésus non comme un envahisseur venu d'un autre royaume, mais comme la vie humaine qui s'accomplit, dans l’unité de l’humain et du divin ; elles sont de même incapables de comprendre le divin comme une présence qui imprègne et ouvre ceux qui la reçoivent à une nouvelle dimension de conscience. Ces concepts leur sont totalement étrangers.

 

Jean, le non-littéral

Il est impossible d'être à la fois mystique dans son approche de Dieu et littéral en ce qui concerne les symboles utilisés pour Dieu, L'idée même du mystique est que les mots sont inaptes à saisir Dieu. Le mysticisme étire les mots au-delà de leurs limites conventionnelles et fait entrer le mystique dans une expérience ultime au-delà du monde. Ce que les mots, au lieu d’être seulement des indices, peuvent faire de mieux est d'indiquer une direction au-delà d'eux-mêmes, vers une réalité nouvelle qu’ils ne peuvent ni contenir ni même décrire. Le littéralisme prétend que les mots, au lieu d’être seulement des indices, peuvent décrire des réalités concrètes, en vérité indémontrables. Dans cet esprit, un système religieux est capable de saisir la vérité et d'en fournir une explication.

 

 

 


Deuxième partie

Le livre des signes :
Des personnages mythologiques revêtus d’histoire

 

Nicodème : ce que signifie être né de l'Esprit

Le personnage connu sous le nom de Nicodème est présenté par Jean, à la suite d'un récit où Jésus débarrasse le temple du marché de bœufs, de moutons et de pigeons. Curieuse introduction, car cette histoire de purification a totalement changé de place par rapport aux évangiles précédents où elle prélude à la crucifixion. Cela signifie à nouveau qu'il ne faut pas lire cet évangile textuellement, comme de l'histoire. Dans cet épisode de purification du Temple, d'après Jean, Jésus identifie son corps au Temple : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le rebâtirai » (Jn 2,19). Divers textes des écritures hébraïques se dessinent clairement en toile de fond.
Les disciples, est-il dit, se rappellent le Psaume 69,9, qui parle de quelqu'un brûlant de zèle pour la maison de son père. Luc, auparavant, avait présenté Jésus à douze ans qui parle du Temple comme de « la maison de mon Père », lorsqu'il avait été perdu « trois jours » (Lc 2,4l-5l). Jean, lui, montre Jésus adulte, et aussi à Pâques, déclarant le Temple « la maison de mon Père » (Jn 2,l6).

La scène est ainsi prête pour l'introduction par Jean d'un autre de ses personnages mythologiques qui servira à opposer l'ancien contre lequel se dresse Jésus, et le nouveau qu'il préconise. Ce personnage souligne aussi le contraste entre ceux dont la pensée est limitée à ce monde (avec un esprit attaché au texte) et ceux qui sont ouverts à une conscience nouvelle.
C'est le contexte de l'irruption de Nicodème, une des figures les plus mémorables de tout le Nouveau Testament. Je ne crois pas possible que Nicodème soit une personne qui ait réellement vécu. Autour de cette figure, dans un style qui lui est propre, l'auteur de l'évangile développe les thèmes de son récit.
Avec Nicodème, Jean fait le portrait d'un pharisien, une autorité chez les Juifs, mais également quelqu'un qui cherche avec sincérité à se renseigner sur Jésus de Nazareth. Il est clairement un symbole des gens de la synagogue, de la hiérarchie même, qui sont impressionnés par Jésus mais ne peuvent faire le pas définitif pour entrer dans ce que l'évangéliste estime être l'expérience transformatrice du Christ. Nicodème est celui qui préfère l'obscurité à la lumière. Jean le fait venir à Jésus « de nuit ». L'obscurité et la nuit sont des images fortes pour cet évangéliste, toujours opposées à la lumière et à la clarté du jour.

[...]

À l'évidence, Nicodème conçoit encore Dieu comme un être surnaturel, capable d'actions puissantes quoique redoutables aux yeux des autorités religieuses ; en effet, ces actions n'entrent pas dans le cadre du contrôle religieux et échappent aux canaux normaux à travers lesquels Dieu est censé agir. Le Dieu de Nicodème a besoin d'être sous contrôle et d'être craint. Les actes divins doivent être validés par les autorités ecclésiastiques. Nicodème ne saisit pas qu'est en train de naître une conscience nouvelle. Jésus comprend immédiatement ce genre d'attitude ; et c'est sur la tension entre le monde tout en contrôle et la puissance de la vie nouvelle que porte leur conversation.

 

 


Troisième partie

Les discours d’adieu
et la grande prière sacerdotale

 

Pierre et le commandement d’aimer

À mesure que cet évangile progresse vers son apogée, une nouvelle atmosphère s'impose, à la fois sombre et éclairante. D'abord, Jésus s'éloigne des foules et se tourne vers ses disciples. C'est un cadre familier, déjà présenté dans chacun des évangiles synoptiques. Dans ceux-ci, le sommet de la phase galiléenne de la vie publique de Jésus est l'expérience appelée la Transfiguration. Dans cet épisode, Pierre parvient à comprendre partiellement, mais incomplètement, qui est Jésus. C'est alors que chez Marc, Matthieu et Luc, Jésus entame son voyage vers Jérusalem et se concentre désormais sur ses disciples. Il est dit que ce voyage se déroule sur plusieurs jours, durant lesquels il instruit ses disciples, question après question, épisode après épisode où sont détaillés les enseignements de Jésus. Au cours du voyage est ressentie de plus en plus une atmosphère prémonitoire. Se dessine la crucifixion inévitable ; est également présente l'idée que les disciples doivent fonctionner d'une manière nouvelle pour porter à son accomplissement le ministère de Jésus ; les disciples commencent à comprendre qu'ils doivent en quelque sorte réaliser le dessein du Christ sans lui.

Ce segment est appelé les Discours d'adieu, et discours ils le sont. Leur contenu vise, en fait, les problèmes auxquels la communauté johannique est confrontée au moment de la rédaction de cet évangile, quelque soixante-cinq à soixante-dix ans après la crucifixion. Cela signifie que, dans ces discours, les. disciples eux-mêmes deviennent des symboles de la communauté johannique croyante. Ils sont dépeints aux prises avec la persécution.


 

 


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