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Relation entre la crucifixion

et la Résurrection


The Connection between the Crucifixion and the Passover

 

évêque John S. Spong


publié le 15 octobre 2003

 

14 juin 2019

Traduction Gilles Castelnau

 

Les récits de la Passion sont à lire en relation avec les traditions juives qui ont fourni aux premiers chrétiens les éléments pour comprendre la signification de la mort de Jésus.
Le récit de la Pâque juive et celui de la Semaine sainte célèbrent l’un comme l’autre la mort et la naissance d’une vie nouvelle et appellent les fidèles qui en observent les rites, d’entrer dans un nouveau commencement.
Les deux récits parlent de la libération d’un esclavage. L’esclavage d’Égypte pour la Pâque, l’ « esclavage du péché » pour la Semaine sainte.
Pour la Pâque, la mort et la résurrection d’une nation à travers la mer Rouge, pour la Semaine sainte la mort et la résurrection d’un individu à travers l’eau du baptême conduisant à la vie éternelle.

C’est ainsi que les liturgies de la Pâque, de l’eucharistie et du baptême en sont arrivées à être associées. La célébration de la Pâque avait lieu au début du printemps, époque où – du moins dans l’hémisphère nord – les premières pousses vertes étaient l’indice du renouveau d’une « mère Terre » apparemment morte. Cette idée fut transférée sur celle de la mort et de la résurrection. Je pense que ce sont ces raisons liturgiques plus que la vérité historique qui ont réuni la Pâque juive et la Passion chrétienne.

Je crois aussi que c’était la difficulté de trouver un sens à la mort de Jésus qui a amené les chrétiens à identifier la Croix et la Pâque et que la Pâque en retour à permis de mettre la mort de Jésus en rapport avec le salut.
Il faut donc premièrement séparer la croix de la Pâque. Deuxièmement et c’est probablement le plus important, il faut admettre que l’expérience de la résurrection peut suivre la crucifixion non pas de trois jours mais de six mois ou un an. Cela permettrait de comprendre que la résurrection n’a rien à voir avec la résurrection d’un cadavre.

Si l’on peut démontrer ces deux points, cela prouvera que l’on peut regarder la croix et Pâques de façon nouvelle.
Il faut premièrement voir exactement ce que la Bible dit. Marc, l’Évangile le plus ancien (70-75 ap. JC), dit que le repas que Jésus a pris avec ses disciples le soir avant sa crucifixion était le repas de la Pâque juive. Il raconte que Jésus a envoyé ses disciples à la rencontre d’un homme qui leur montrerait une « une grande chambre haute, meublée et toute prête : c'est là que vous nous préparerez la Pâque. » Il rapporte ensuite en détails les 24 dernières heures de la vie terrestre de Jésus.

Ce récit stylisé commence en Marc 14.17 avec la mention « Le soir étant venu, il arriva avec les douze. » : c’était donc à environs 18 h que les disciples commencèrent le repas de la Pâque.
Le repas durait habituellement trois heures, et se terminait par le chant de psaumes vers 21 h.
Marc rapporte ensuite sept autres épisodes survenus durant cette nuit, dont chacun doit avoir duré deux ou trois heures :
Jésus et ses disciples se rendent au jardin de Gethsémané où Pierre, Jacques et Jean n’ont pas pu veiller avec lui deux ou trois heures. Il était donc environs minuit. Jésus est alors arrêté et amené au chef des prêtres, ce qui nous mène au plus tard à 3 h du matin. On peut d’ailleurs douter de la réalité de cet épisode dans la mesure où la Torah interdisait aux autorité juives de siéger durant la nuit. Mais la liturgie pouvait bien ignorer un tel détail.
Durant la veille de la nuit de 3 h à 6 h, nommée « chant du coq », Marc situe la scène du triple reniement de Pierre. Je dirais un reniement pour chaque heure.
A 6 h, Marc dit « dès le matin », le Conseil des juifs mène Jésus devant Pilate.
Cet épisode de trois heures comporte l’histoire de Barabbas, la flagellation de Jésus et son couronnement d’épines. Marc précise alors que la crucifixion eut lieu à 9 h : « C'était la troisième heure, quand ils le crucifièrent  » (15.25)
« A la sixième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure », c’est-à-dire 15 h.
« Et à la neuvième heure Jésus s'écria d'une voix forte : Eloï, Eloï, lama sabachthani ? ce qui signifie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? [...] et il expira. »
De 15 h à 18 h, Marc dit que l’on enleva le corps de la croix et qu’on l’ensevelit dans le tombeau de Joseph.

Il est donc évident que le plus ancien récit de la crucifixion est organisé liturgiquement pour couvrir une période de 24 heures partagée en huit moments, non pas destinée à décrire ce qui arriva réellement mais pour conduire les fidèles dans le souvenir du rôle que Jésus a joué dans le drame du salut.
Cette importance de la liturgie apparaît aussi si l’on songe que les éléments mentionnés dans rédaction de l’évangile de Marc ne proviennent pas de témoins visuels mais principalement de deux sources des Écritures hébraïques, le Psaume 22 et Ésaïe 53.

Du Psaume 22 Marc tire la citation : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Il l’utilise aussi pour décrire l’attitude de la foule :
Ps 22. 7-8 : « Et moi, je suis un ver et non un homme,
L'opprobre des hommes et le méprisé du peuple.
Tous ceux qui me voient se moquent de moi,
Ils ouvrent la bouche, secouent la tête. »
Il mentionne la soif de Jésus avec les mots du Psaume :
v.16 : « Ma langue s'attache à mon palais »
Ainsi que le partage des vêtements :
v.19 : « Ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort ma tunique. »

Ésaïe 53 dit du Serviteur de l’Éternel
Es 53.12 :
« Il a été mis au nombre des malfaiteurs »
C’est à partir de là que Marc a élaboré l’histoire des deux malfaiteurs crucifiés de chaque côté de Jésus.
Et Marc a créé l’histoire du tombeau offert par Joseph d’Arimathée à partir du v.9 :
« On a mis [...] son tombeau avec le riche »
Ésaïe dit aussi :
v.12 : « Il a intercédé pour les coupables », ce qui permet à Luc de prolonger le récit de Marc en mentionnant l’intercession de Jésus pour les soldats : « Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » (Luc 23.34)

Marc avait noté en 14.50 que lors de l’arrestation de Jésus « Tous l'abandonnèrent, et prirent la fuite » ce qui signifie que Jésus était seul lorsqu’il est mort et qu’il n’y avait évidemment pas de témoin oculaire capable de rapporter les circonstances exactes de sa mort. Le récit de Marc ne peut pas être considéré comme historique. Il est une narration interprétative, hautement stylisée et présentée dans une dimension liturgique. Le récit de la Passion exige donc de nous une nouvelle réflexion.

Il ne faut pas oublier que Matthieu et Luc avaient l’Évangile de Marc devant eux lorsqu’ils écrivaient eux-mêmes et ils ont suivi son plan narratif. Dans les trois évangiles synoptiques le dernier repas de Jésus est le repas pascal et la crucifixion a eu lieu le jour suivant la Pâque.
Matthieu ajoute l’histoire du tremblement de terre et place une garde devant la tombe.
Luc ajoute l’histoire du bon larron (Luc 23:39-43) et donne aux femmes qui regardent de loin une plus grande place. Mais ceci ne fait pas de leurs évangiles des récits indépendants de celui de Marc.

Matthieu a repris 90 % du contenu de Marc et Luc 50 %. Marc a associé la crucifixion et Pâques et Matthieu et Luc en ont accepté l’idée.
Quant à l’Évangile de Jean, il est indépendant des synoptiques. Jean rapporte un dernier repas comportant le lavement des pieds mais il n’est en rien le repas pascal. Il met la crucifixion en rapport avec le sacrifice pascal des moutons. Cela signifie que pour lui la célébration de la Pâque a eu lieu après le coucher du soleil le jour de la crucifixion.
La chronologie est différente de celle des synoptiques mais la relation de la mort de Jésus avec la Pâque n’est pas moins nette.

Dans les quatre évangiles l’histoire de la crucifixion est construite avec des images de la Pâque.
Le fait de remarquer que la crucifixion de Jésus n’a pas été concrètement en rapport exact avec la célébration de la Pâque n’est pas sans importance : il montre bien qu’il s’agit d’une réflexion théologique et non pas d’une vérité banalement historique.

Ceci est la première partie de mon exposé.

 

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