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John S. Spong

 

La croix

 

 

6 octobre 2016

Traduction Gilles Castelnau

Question

La croix qui est un instrument de mort, me semble être un symbole barbare qui ne convient en rien à représenter le christianisme.

 

Réponse

 

En effet le symbole de la croix provient non pas de Jésus lui-même mais d’une compréhension déformée du christianisme datant du 4e siècle de notre ère. C’était l’époque où l’Église focalisait sa théologie sur les notions de péché et de culpabilité.  Cette conception perdure d’ailleurs dans le christianisme d’aujourd’hui. Elle finira pas en provoquer la mort à moins que nous réussissions à la mettre en question, à la déjuger et à la faire disparaître.

Elle est représentée par le pieux mantra « Jésus est mort pour mes péchés ». Cette mort étant celle de la croix, celle-ci est devenue le symbole du salut.
C’est ainsi qu’elle apparaît sur les clochers de nos églises, qu’on la porte en bijou autour du cou et qu’elle figure sur la couverture de nos bibles. Je ne propose pas de la supprimer mais d’en transformer le sens de péché et de culpabilité en une image de don de la vie par amour.

Je m’explique.
Le 4e siècle, époque où les credo (symbole des Apôtres et de Nicée Constantinople) ont été adoptés et où le christianisme a été institutionnalisé, était sous l’autorité spirituelle d’un homme nommé Augustin, évêque d’Hippone en Afrique du Nord. Il s’était converti au christianisme en venant d’une religion nommée manichéisme qui représentait un dualisme divisant le monde entre bien et mal, ciel et terre, corps et âme, chair et esprit.

Augustin était obsédé par le péché ; il le révèle dans son autobiographie « les Confessions ». La volonté humaine lui paraissait orientée vers la satisfaction de la chair. Il se sentait incapable d’éviter de « tomber dans le péché » et il priait pour être délivré de son obsession du mal.

Il projetait cette expérience dans les récits du début du livre de la Genèse où la perfection de la Création de Dieu du 1er chapitre débouche au 2chapitre sur l’expulsion d’Adam et Ève du Jardin d’Eden. Il construisait sa théologie sur la juxtaposition de ces deux récits. Il pensait – par erreur, comme les biblistes le savent aujourd’hui – que les chapitres 1 et 2 donnaient la suite d’un même récit et il croyait que Dieu l’avait dicté.

Il postulait donc une perfection originelle de la création et de l’homme suivie par une chute cosmique dans ce que l’on a appelé le « péché originel ». Il disait donc que la vie était « déchue », dans le péché et incapable de retrouver la perfection dans laquelle elle avait été créée.

Étant donné ce diagnostic, il proposait une prescription qui était basée sur l’idée que nous serions sauvés par Jésus de la chute du péché originel : Dieu punissait Jésus pour nos péchés. La justice de Dieu était ainsi satisfaite et la chute de l’humanité était restaurée. Jésus était le sauveur et la croix était le symbole de cet acte rédempteur. C’est ainsi que la croix est devenue le symbole identifiant du christianisme.

Je considère ceci comme une manière barbare de présenter le christianisme. D’abord un Dieu qui ne peut pas pardonner, une divinité qui exige un sacrifice humain, une offrande de sang pour pardonner. Une telle divinité me semble un monstre.
Ensuite un Jésus qui est heureux de souffrir, désireux de monter sur la croix pour mourir. Finalement, cette doctrine présente la vie humaine comme chargée de culpabilité et de péché puisque c’est à cause de nos péchés que Dieu a dû punir Jésus de la mort de la croix.

Ce que je pense de cette théologie, c’est que cela ne va pas du tout, ce n’est pas biblique, ce n’est pas le christianisme.
Il n’y a jamais eu de perfection originelle. Nous qui connaissons Charles Darwin, nous savons que la vie a émergé sur notre planète il y a environs 3,8 milliards d’années sous la forme d’une unique cellule. Nous ne sommes pas nés, même métaphoriquement, d’un homme et d’une femme parfaits dans le Jardin d’Eden.

La vie a évolué d’étapes en étapes, depuis l’unique cellule originelle à des groupes de cellules, à une division entre la vie animée et la vie inanimée, à une conscience primitive de la vie animée et finalement à la pleine conscience et à l’émergence d’une authentique vie humaine il y a 250 000 ans.
Il n’y a pas eu de perfection originelle et il n’a donc pas pu exister de chute dans un « péché originel ». On ne peut pas «  tomber » d’un état que l’on n’a jamais eu.
S’il n’y a pas eu de chute, il ne peut pas y avoir de salut. On ne peut pas être sauvé d’une chute qui ne s’est jamais produite et on ne peut pas être sauvé et restauré dans un statut qu’on n’a jamais possédé.

Cette compréhension de la croix dans l’histoire du christianisme est  aberrante, non crédible. Elle est tout simplement fausse.

Si nous ne sommes pas des pécheurs déchus qui doivent être sauvés, que sommes-nous ?
Nous sommes des humains incomplets qui recherchent leur plénitude. Le salut n’est donc pas d’être sauvé du péché mais de recevoir la capacité d’être plus profondément et plus pleinement humains.
Le processus d’évolution nous a fait traverser des moments d’insécurité dans lesquels la lutte pour la vie devient l’élément dominant. Si ma propre survie est ma première préoccupation, c’est en  pensant que je  regarderai toute chose et tout le monde. Tout sera subordonné à ma survie personnelle et le résultat sera que je deviendrai une créature radicalement égocentrée. Le salut sera alors d’acquérir la liberté de transcender ce besoin physique vital et d’être capable de donner ma vie par amour.

C’est là le sens de la croix tel que je la comprends, pourquoi je l’honore et pourquoi je ne veux pas la supprimer de la place centrale qu’elle occupe dans le christianisme. Je m’efforce plutôt de promouvoir sa nouvelle signification.

C’est ainsi que je porte une croix qui signifie que je crois à une liberté que je peux recevoir d’aimer un autre plus que moi-même.

C’est, à mes yeux, l’expérience de la présence de Dieu. Je rejoins Paul qui disait : « oui, Dieu était en Christ ».
Nous voyons Dieu lorsque l’amour nous appelle à la plénitude de la vie.

 

 

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