Évêque John Spong
Richard Dawkins
lance un défi au christianisme
Richard Dawkins and His Challenge to Christianity
John
S. Spong
19 novembre 2011
Le livre de Dawkins « The God Delusion » (l’illusion de Dieu) paru en 2006 a eu un succès populaire. Je l’ai lu avec intérêt et enthousiasme. Ce qui m’a fasciné est que le Dieu que Dawkins critique est précisément celui que je critique moi aussi.
Mon premier problème avec Dawkins est qu’il pensait que le Dieu que je révère est le même qu’il récuse si brillamment. Je ne considère pas Dieu comme un être d’une puissance surnaturelle, demeurant au dessus du monde dans le ciel et toujours prêt à intervenir dans l’historie des hommes pour restaurer une faute, faire un miracle ou exaucer une prière. Je ne vois Dieu ni comme un père céleste ni comme un juge du ciel récompensant ou punissant ses enfants selon qu’ils sont obéissants ou désobéissants.
Un tel Dieu est mort il y a des siècles, victime de la révolution des esprits qui introduisit à la conscience moderne. Cette révolution a commencé avec Copernic, Kepler et Galilée qui ont montré qu’il n’y avait pas dans le ciel de demeure de Dieu et ont réduit le Dieu primitif de notre enfance à être « sans domicile fixe ».
Ensuite vint Isaac Newton à la suite de qui la « loi naturelle » régentant l’univers fut reconnue et l’idée d’un Dieu surnaturel intervenant dans l’histoire du monde en brisant les lois naturelles fut abandonnée. Dieu fut dès lors réduit au « chômage » puisqu’il n’avait plus rien à faire. Il n’apportait plus la victoire dans les guerres, il ne guérissait plus les maladies, il ne préservait plus les gens des dangers et ne faisait plus prévaloir sa volonté contre le mal.
Puis ce fut Charles Darwin qui détruisit le mythe primitif de la « chute » : comment la création aurait-elle pu perdre une éventuelle perfection originelle si l’évolution l’avait fait progresser depuis une cellule primitive jusqu’à la complexité actuelle ? Avec la disparition de la « Chute » et du « péché originel » notre foi populaire a commencé à se lézarder.
S’il n’y avait pas de chute il devenait absurde de dire que Jésus représentait l’opération-salut précisément destinée par Dieu à réparer cette chute. Penser que Dieu exigeait la mort de Jésus pour payer le prix d’un tel péché devenait aberrant. Cela revenait à rejeter Dieu au niveau d’un père abusif exigeant la mort de son fils avant d’accepter de pardonner.
Cet inacceptable concept de « Jésus mort pour mes péchés » n’apportait pas autre chose dans nos esprits qu’une culpabilité débilitante et suggérait que pour recevoir notre salut nous devions « être lavés dans le sang de Jésus » et que pour être purifiés intérieurement nous devions boire son sang dans l’eucharistie. Ces images sont grotesques et pourtant c’est bien cela que Richard Dawkins attaquait en 2006.
Je peux concevoir Dieu sans faire appel au surnaturel. Je peux récuser la définition théiste de Dieu sans être pour autant un athée, car celle-ci n’est qu’une élaboration humaine et non une révélation divine.
Je crois que je peux vivre de la présence transcendante dans la vie de Jésus – ce qui est la manière dont je comprends la « divinité » - sans pour autant acheter l’explication qu’est le récit du premier siècle de la Naissance virginale et sans affirmer la vérité littérale des miracles.
Je crois que je peux affirmer la réalité de la vie éternelle et y entrer tout en récusant en même temps les définitions traditionnelles du paradis et de l’enfer.
Traduction Gilles
Castelnau
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