Spiritualité
John
S. Spong
Compétition ou universalisme
14 juin 2010
Question
Si l’espèce humaine est soumise, comme le dit Darwin à la loi de la survie du plus adapté, n’allons-nous pas droit à l’extinction ?
Réponse
Chaque être vivant, plante, animal ou humain est programmé pour survivre. Si la survie est notre principale préoccupation, l’attitude egocentrique est inévitable et devient même partie intégrante de notre vie humaine. Traditionnellement, l’Église nomme cela « péché originel » et l’explique par le mythe de la« Chute ». C’est tout simplement faux.
L’instinct de survie, l’égocentrisme font partie de notre nature. Il n’y a pas eu de « Chute », ni de « péché originel » dont nous aurions besoin d’être sauvés par une intervention divine.
Il est vrai que la loi de la survie conduit finalement à l’extinction de l’espèce. Notre espoir n’est pas dans l’attente d’un secours extérieur. Il est dans le processus d’une évolution qui nous ferait franchir les frontières de la simple humanité pour parvenir à une union avec l’univers. Je ne pense pas que ceci implique que nous renions notre humanité mais que nous la transcendions.
C’est précisément là le rôle du christianisme et il me semble que les autorités des Églises et bien des fidèles lui ont tourné le dos. Nous avons besoin de cesser de voir Dieu et la vie chrétienne comme notre salut de la chute et de notre corruption : ce qui crée en nous un sentiment permanent de culpabilité et d’insuffisance que nous transférons d’ailleurs sur les victimes de nos préjugés.
Il nous faut voir Dieu et le Christ comme l’amour qui nous rend capables de pénétrer dans une nouvelle dimension qui est celle de la véritable humanité.
Il s’agit du passage de l’état de culpabilité à l’état de grâce, de l’attitude de jugement culpabilisante à l’attitude reconnaissante de celui qui sait discerner la divinité en toutes choses. L’égocentrisme et la préoccupation de sa propre existence sont des étapes nécessaires dans le processus d’évolution mais il est vrai qu’ils impliquent une attitude de compétition qui élimine finalement le vaincu.
L’unique espérance est donc de rechercher l’unité avec la nature et de transcender la conscience de soi afin de vivre dans la conscience de l’universalité.
Traduction Gilles
Castelnau
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