Question
S’il y a plusieurs chemins
qui conduisent à la vérité (au salut), peut-on
prêcher que Krishna (ou n’importe quel autre
Dieu) est un chemin conduisant au salut ?
Peut-on dire : « au nom de Krishna
vos péchés sont pardonnés » ?
Réponse
Lauren Van Ham
Ma théologie qui est de
tendance interreligieuse me fait répondre
absolument OUI.
J’aime bien que vous mentionniez justement
Krishna dans la mesure où Jésus et lui sont
fréquemment considérés comme semblables,
complémentaires ou peut-être comme le même
archétype de Dieu.
Dans toutes les cultures, langages, les époques
et les religions du monde, Dieu reçoit de
nombreux noms différents et il y révèle toujours
la Vérité d’une manière qui dépasse même toute
compréhension humaine.
Le terme grec désignant le salut est « soter »
ce qui signifie « guérison ».
Les traditions religieuses et les itinéraires
spirituels incitent à des pratiques conduisant à
l’illumination (la Vérité) et à la guérison si,
du moins, ils sont enseignés en plénitude et
dans un esprit sain.
En pratiquants fidèles de l’une de ces
Traditions, nous réfléchissons, nous
approfondissons pour vivre notre foi, quelle
qu’elle soit, de notre mieux, que ce soit dans
les bons ou dans les mauvais jours et dans ceux
où nous aurions voulu, aurions pu, aurions dû
faire autrement.
C’est vraiment un soulagement que dans la
solitude de ces moments difficiles nous sachions
vers qui nous tourner afin de nous sentir en
communauté avec d'autres croyants et ultimement
unis à la Source de la Vie où nous trouvons
compassion et sagesse, connaissance,
réconciliation et paix.
Finalement, les diverses traditions religieuses
et les différents noms que nous donnons à Dieu
sont bien moins importants que la piété
elle-même.
Que tous les êtres du monde entier se sachent
tous bienvenus dans les différentes traditions
de guérison, de réconciliation, de pardon et
d’amour.
Remarque
de Gilles Castelnau
Ma chère collègue Lauren
Van Ham a bien raison de pratiquer une
théologie libérale et interreligieuse.
Elle s’imagine néanmoins un peu trop facilement,
me semble-t-il, que toutes les religions
convergent dans l’idéal commun « de
guérison, de réconciliation, de pardon et
d’amour. »
Mais dans l’hindouisme de Krishna, où l’on
mentionne pourtant la grande Unité cosmique, il
n’est jamais question de tout cela : on
laisse les malades et les pauvres mourir sans
secours sur les trottoirs de Calcutta, et la
terrible ségrégation des castes marginaliser les
Intouchables (qui se réfugient fréquemment dans
les églises chrétiennes où ils sont accueillis).
Tout en affirmant l’Unité de toutes choses on
cultive un racisme scandaleux à l’égard des non
hindous.
Et que dire de quantités d’autres conceptions
de Dieu ?
On n’enseigne pas dans les mosquées que le Dieu
de l’islam promeut avant tout « la
réconciliation, le pardon et l’amour. »
(Le Dieu de l’islamisme radical enseigne la
haine).
Le Dieu du protestantisme évangélique du Sud
des États-Unis est manifestement raciste et
ignore ce que pourrait être une grande
réconciliation.
Le Dieu du catholicisme traditionaliste
d’Irlande, de Pologne et d’Amérique latine
manifeste une cruauté choquante à l’égard des
adolescentes enceintes après leur viol en leur
refusant l’IVG après avoir refusé tout contrôle
des naissance
Chacun trouvera – peut-être en
lui-même – de nombreuses autres conceptions
de Dieu extrêmement injustes et antipathiques.
Tous les Dieux - et donc toutes les
spiritualités - ne sont pas les mêmes.