Pour comprendre Dieu
il faut parler de l’homme
et pour comprendre l’homme
il faut parler de Dieu
Jean 4.10-15
Voir Robert Funk Les paraboles de Jésus le sage
Gilles Castelnau
15 juillet 2017
Jean 4.10-15
Jésus dit à la femme samaritaine :
-
Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t'aurait donné de l'eau vive.
- Seigneur, lui dit la femme, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; d'où aurais-tu donc cette eau vive ?
Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ?
Jésus lui répondit :
-
Quiconque boit de cette eau aura encore soif mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.
La femme lui dit :
-
Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici.
Parler de Dieu
Ce n’est évidemment pas de l’eau du puits, que Jésus parle avec la femme : c’est de Dieu et de sa présence créatrice de vie en nous.
La présence de Dieu en nous est comme l’eau vive, qui désaltère et redresse celui – ou celle – qui est abattu par la soif et la chaleur.
Elle est en nous et même elle rejaillit sur notr eentourage en un grand élan de vie. Comme autour de Jésus le dynamisme de la vie faisait marcher les paralysés, voir les aveugles et réjouir les pauvres.
Elle rejaillit en vie éternelle ce qui lui donne une dimension d’absolu, de totalité. Une vie intérieure enracinée dans la grande vie qui anime le monde éternellement, depuis les origines.
Quel langage ! Quelle puissance d’expression !
Jésus n’entre pas dans les questions théologiques théoriques auxquelles la femme était habituée par ses rabbins : faut-il se tourner vers « cette montagne » comme disaient les rabbins samaritains ou vers Jérusalem come disaient les juifs.
(pourtant un prédicateur ultérieur a ajouté : « mais c’et des juifs que vient le salutl ! »
Il ne dit pas qu’il faut lire les Prophètes et pas seulement la Torah comme disaient les Samaritains.
(pourtant c’est bien un texte du prophète Esaïe qu’il citait dans la synagogue de Nazareth)
Il ne lui fait pas la morale sur ses 5 maris
Il ne lui explique pas qu’hommes et femmes peuvent communiquer
(ce qui étonne pourtant les disciples)
Il parle d’eau vive.
• Jésus ne parle pas en théologien froid et dogmatique, il ne propose pas une doctrine parfaite. Il parle de Vie.
Aujourd’hui, ce n’est pas une Samaritaine que Jésus aurait rencontré en France.
Peut-être une musulmane.
Dont on peut légitimement discuter le voile, la nourriture hallal, le ramadan, le allahou akbar)
Peut-être une juive
Don on peut aussi discuter le shabbat, la cacherout
Peut-être une catholique ou une évangélique dont on peut discuter l’attachement trop radical à une Eglise, à des doctrines indiscutables et « seules vraies », ou sa fixation sur la sexualité, l’homosexualité.
Il leur aurait parlé de la source jaillissante de vie qui montait dans les cœurs, décoince, désaliène, relance et réouvre à la vie… avec toutes les conséquences que l’on peut en tirer.
Tillich disait : si vous n’avez pas l’impression qu’on vous parle de votre préoccupation fondamentale (ultime) ce n’est pas de votre Dieu que l’on vous parle.
Si un sermon vous ennuie, ne vous concerne pas vraiment, c’est qu’il ne parle pas de Dieu.
Dieu de la vie, de cette eau jaillissante jusque dans la vie éternelle, Dieu de nos préoccupations fondamentales :
Et nos préoccupations fondamentales, ultimes, ce n’est pas tant de réussir son bac (bien que ce soit préoccupant), ou son permis de conduire, de boucler ses fins de mois, de régler un problème amoureux, de supporter ses enfants adolescents – ses parents quand on est adolescent.
Car à travers ces préoccupations, on peut vivre quand même.
L’eau de la vie est celle qui nous permet de tenir debout, de sourire, de participer vraiment à la vie.
Les théologiens argumentent – et pourquoi pas ? Mais les chrétiens sourient.
Pour parler de Dieu, et le comprendre, le faire comprendre, il ne faut pas se centrer sur Dieu. C’est de l’homme qu’il faut parler et de la vie – divine – qui monte en lui.
Jésus ne dit pas qu’il faut se focaliser sur Dieu. Il ne dit pas : détachez-vous de vos soucis et unissez-vous à Dieu, priez, venez trois fois par semaine à la synagogue, chantez des cantiques, affirmez la Trinité, l’Incarnation, la Rédemption, le Sacrifice de la croix libérant du Péché originel.
Pour faire comprendre Dieu, Jésus nous focalise sur notre vie humaine et celle de nos contemporains. Sur le mystérieux dynamisme intérieur qui n’anime, l’élan surnaturel qu’il produit , la force de vie, le Souffle (Jean dit qu’à Pâques, le Christ ressuscité souffle son Esprit sur ses disciples).
Il ne faut pas discuter de la nature de Dieu, de son existence ou non. Il faut sourire à Dieu dont l’eau de vie jailit en nous.
Parler de l'homme
D’ailleurs pour comprendre la vie humaine il ne suffit pas de faire l’introspection de la femme. Il ne suffit pas de sqvoir qu’elle est samaritaine, qu’elle a eu 5 maris et que celui qu’elle a n’est pas le sien. Connaître peut-être son éducation, ses opinions politiques, sa famille, son village, sa ville, sa banlieue, le pays d’où il vient…
Untel a vécu toute sa vie isolé dans une banlieue
avec les vendeurs de drogue, les grands frères islamistes. Celui-ci a vécu dans la misère et la peur du Sud Soudan.
Celui-là a vécu une existence dorée dans les quartiers privilégiés de Paris ou de la Silicon Valley.
Et puis ?
Le regard chrétien est le regard que pose sur lui Dieu lui-même, avec sa créativité, son eau de la vie qui rejaillit jusque dans la vie éternelle. Dieu fait monter en son cœur, qui peut y faire monter si l’homme ne l’étouffe pas la force, la nouveautés, l’espérance qui rend possible ce qui était impensable.
Un homme n’est pas figé, dans une existence dans un Destin vitrifié. Pour parler de lui, penser à lui, il faut évoquer le dynamisme créateur divin, le souffle de courage et de force qui monte en lui, qu’il le sache ou non.
• Pour savoir si on est fidèle à Dieu, disait Albert Schweitzer, il faut commencer par faire quelque chose dans la direction qu’il indique.
• Jésus ne dit pas que Dieu va tout faire, qu’il n’y a qu’à attendre qu’il agisse. Il ne fait pas tout comme un tout-puissant : il donne l’eau de la vie qui rejaillit en vie éternelle.
Ce n’est pas Dieu qui va apporter de la nourriture au Sud Soudan et arrêter les massacres, arrêter la persécution des homosexuels en Tchétchénie, apaiser les islamistes et arrêter leurs attentats, redonner du courage aux Français désespérés, s’occuper des licenciés, des délocalisés, des chômeurs, des immigrés, des malades du cancer, du sida, des endeuillés...
Mais ce qu’il fait est d’apporter la force, l’élan, le courage, l’espoir permettant la solidarité, l’entraide, le soutien mutuel, le courage de vivre. Il est l’eau qui désaltère et nous fait vivre.
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