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Religion ou spiritualité ?

 

Jérémie 7

 

Gilles Castelnau

 

prédication

 

12 janvier 2016

Jérémie 7. 1-11
La parole fut adressée à Jérémie de la part de l'Eternel, en ces mots :
Place-toi à la porte de la maison de l'Eternel et là publie cette parole :
Ecoutez la parole de l'Eternel vous tous qui entrez par ces portes,
pour vous prosterner devant l'Eternel !
Ainsi parle l'Eternel des armées, le Dieu d'Israël :
Réformez vos voies et vos œuvres et je vous laisserai demeurer dans ce lieu.
Ne vous livrez pas à des espérances trompeuses, en disant :
c'est ici le temple de l'Eternel, le temple de l'Eternel, le temple de l'Eternel !
Si vous réformez vos voies et vos œuvres,
Si vous pratiquez la justice envers les uns et les autres,
Si vous n'opprimez pas l'étranger, l'orphelin et la veuve,
Si vous ne répandez pas en ce lieu le sang innocent,
Et si vous n'allez pas après d'autres dieux, pour votre malheur, je vous laisserai demeurer dans le pays que j'ai donné à vos pères…
Est-elle une caverne de voleurs cette maison où mon nom est invoqué ?

2 Rois 23.4-7
Le roi ordonna de sortir du temple de l'Eternel tous les ustensiles qui avaient été faits pour Baal, pour Ashéra, et pour toute l'armée des cieux et il les fit brûler hors de Jérusalem.
Il chassa les prêtres qui offraient des parfums à Baal, au soleil, à la lune, au zodiaque et à toute l'armée des cieux.
Il sortit de la maison de l'Eternel la statue d'Ashéra, il abattit les maisons des prostitués qui étaient dans la maison de l'Eternel, et où les femmes tissaient des tentes pour Astarté.

 

Nous sommes à la fin du 7e siècle av. JC. Le prophète Jérémie se tient à la porte du Temple de Jérusalem et il interpelle les fidèles qui y entrent pour prier ou offrir un sacrifice. Il condamne leur zèle religieux qui ne s’accorde pas avec une honnête éthique sociale et qui se dévoie dans le culte de divinités inacceptables :

On est à l’époque de la grande réforme du roi Josias qui veut épurer la piété israélite des cultes païens promettant la réussite et le succès en échange d’actes de dévotion rituelle sans aucune référence à un quelconque respect du prochain et de justice sociale.
Il faut dire que les statues de Baal, d’Ashéra, des signes du zodiaque avaient trouvé place dans le Temple même de Jérusalem, aussi incroyable que cela puisse paraître.

Le roi ordonna de sortir du temple de l'Eternel tous les ustensiles qui avaient été faits pour Baal, pour Ashéra... pour le soleil, la lune, les signes du zodiaque et toute l'armée des cieux. (2 Rois 23)

Si vous pratiquez la justice envers les uns et les autres,
Si vous n'opprimez pas l'étranger, l'orphelin et la veuve,
Et si vous n'allez pas après d'autres dieux, pour votre malheur,
Alors je vous laisserai demeurer dans ce lieu…
Est-elle à vos yeux une caverne de voleurs,
Cette maison sur laquelle mon nom est invoqué ? (Jér 7)

Josias, avec l’aide de Jérémie, veut que la religion rituelle laisse place à une spiritualité humaniste et fraternelle.

L’évangéliste Matthieu avait mentionné la parole de Jésus qui reprenait cette même idée :

Ce ne sont pas ceux qui disent : "Seigneur ! Seigneur !" qui entreront dans le royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux. (Mat 7.21)

 

Y a-t-il encore aujourd’hui des gens égoïstes, « opprimant l’étranger, l’orphelin et la veuve » qui se lancent dans des prières vides dont la seule récitation leur permet de se sentir en harmonie avec Dieu et avec eux-mêmes ?
Des gens qui, au fond, bien qu’ils prétendent s’adresser à Dieu, au Christ, à la Vierge ou à sainte Rita, prient en réalité le Dieu Baal, ou la déesse Ashéra, divinités qui promettent succès et réussite en échange des prières, des rites ou des cierges allumés.
Peut-être Jérémie aurait-il alors encore des reproches à certains qui entrent dans les églises, les temples, les synagogues et les mosquées.

 

.

 


Mais de nos jours on a peine à imaginer que les gens fassent la queue pour entrer dans les temples et les églises afin d’y pratiquer prières et rites religieux. Ils sont de plus en plus nombreux à s’en détourner.

Nombreux sont, sans doute ceux qui ne prient pas, n’ont pas d’élévation spirituelle, se laissent enfermer dans les soucis professionnels, financiers de fin de mois et ne s’en détournent que pour parler des bons restaurants et des semaines passées au ski ou sur des plages ensoleillées. Et dont le discours au café du coin ou dans les dîners en ville est tissé de racisme et des bienfaits du Front National.

Pourtant, nombreux aussi sont ceux qui ne sont pas sans une spiritualité faite, justement comme le veut Jérémie, d’un humanisme de fraternité et de compassion. Jérémie leur trouverait toute leur place dans les temples et les églises. Pourquoi alors y sont-ils devenus si peu nombreux ?

Pour 1 Français qui pratique une religion, il y en a 4 qui s’y refusent et disent pourtant avoir une dimension spirituelle dans leur vie.
Il est vrai que de nos jours toutes les institutions sont en perte de vitesse. Les partis politiques aussi sont discrédités, les syndicats, les associations de diverses sortes manquent de militants.
La France en général est désorientée et recherche son identité.

 

La « religion » s’est discréditée

Il faut bien reconnaître que les religions et notamment notre christianisme se sont discréditées.
J’y vois deux raisons principales, pour lesquelles, d’ailleurs, nous pourrions faire quelque chose.

. A . L’approche historique et critique de la Bible et des grands dogmes est insuffisamment connue du grand public. Que voulaient dire les auteurs bibliques qui n’étaient pas plus sots que nous, lorsqu’ils parlaient de Jésus qui marchait sur l’eau, de sa naissance virginale, de sa résurrection corporelle. Que voulaient exprimer les évêques et les théologiens des premiers siècles lorsqu’ils parlaient de la divinité de Jésus, de la Trinité et du sacrifice de la croix du Christ expiant le « péché originel » ?
Le pasteur américain Jack Good, de Californie, disait que l’Église est devenue « malhonnête » car les prêtres et les pasteurs ne parlent guère de ces question de crainte de choquer leurs paroissiens, et à leur tour ceux-ci n’osent pas leur dire que c’est leur silence qui est choquant.

. B . L’approche traditionnelle des grandes affirmations d’éthique sexuelle comme le contrôle des naissance, l’homosexualité, la cohabitation hors mariage, les divorcés remariés, se borne tellement à répéter les conceptions des siècles précédents que la parole des Églises tombe désormais, sur ces sujets également, en dehors des préoccupations réelles de nos contemporains.

Alors contrairement au temps de Jérémie, on ne fait plus la queue pour entrer dans les temples et les églises et ceux d’entre nous qui ne sont pas matérialistes et indifférents à tout humanisme développent librement leur propre spiritualité.
On ressent confusément que la religion se confine dans une tradition alors que la spiritualité rassemble tous les hommes.
La religion enferme dans une doctrine sectaire alors que la spiritualité permet à chacun de se connecter librement à un amour inconditionnel.
La religion est une institution massive alors que la spiritualité est une aspiration : Dieu a sa demeure chez tous les hommes de bonne volonté, loin des schismes et des systèmes.
La religion est une contrainte alors que la spiritualité est un épanouissement (« pour moi la vie spirituelle ça sert à vivre heureux, cette valeur a été perdue par les églises chrétiennes qui ne m’ont en rien aidé à vivre heureux »),
La religion asphyxie dans des prières incompréhensibles, des rites incrédibles, des règlements d’un autre âge.
Les religions dérapent facilement vers l’intégrisme. « Moins on a de religion plus on est humain ».

La spiritualité est valorisée
Les images de Mère Térésa, de l’Abbé Pierre, de Martin Luther King, du pape François séduisent par leur spiritualité mais on ne voudrait pas entrer dans leur Eglise.

Méditation, prière individuelle. On va place de la République à Paris déposer des lumières et de courtes prières méditatives. On donne du temps comme bénévole aux Restaurants du cœur, à des repas pour sdf, au Secours populaire, à la Cimade. On finance le Téléthon, Médecins sans frontières, la lutte contre le cancer.
On est désormais sans religion mais on n’est pas égoïste et enfermé sur soi-même pour autant. Au contraire, on a peut-être une plus grande attention à l’autre sans discrimination.
La spiritualité n’est pas faite d’indifférence consistant à dire : « tu as tes idées, j’ai les miennes, restons-en là » mais bien à se projeter à la place de l’autre pour mieux s’entraider et communiquer 
On prend ce que l’on veut dans le grand marché religieux dont les nombreuses publications remplissent les rayonnages de nos librairies et même de nos supermarchés. On choisit dans la spiritualité non pas ce qui nous arrange (comme le prétendent les représentants des grandes institutions religieuses) mais ce qui semble essentiel, par discernement. C’est l’essentiel, c’est l’amour du prochain, c’est la fraternité universelle. Et n’est-ce pas cela que le Souffle créateur de vie et de fraternité que Dieu fait monter en nous ?

Jérémie approuverait sans doute nombre de nos contemporains qui, sans pratiquer les rites de leur religion, accomplissent pourtant les gestes d’engagement solidaire (la Bible parle d'« amour du prochain ») qui seuls importent à Dieu.
Encore faut-il que des voix crédibles et audibles, sympathiques et mobilisatrices, s’élèvent, comme celles de Jérémie et des autres prophètes, de Jésus-Christ lui-même et des apôtres, pour rappeler la grande parole de vie, de fraternité et de compassion qui seule peut renouveler le bonheur et la joie de vivre des hommes et de toute la création.

 

 

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