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Un moineau ne tombe pas...

 

 

Gilles Castelnau

 

prédication

 

5 avril 2015

Éphésiens 3.14-20

Je fléchis les genoux devant le Père, duquel tire son nom toute famille dans les cieux et sur la terre, afin qu'il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d'être puissamment fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi.
Afin qu'étant enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu.
A celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au delà de tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l'Eglise et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles !
Amen !

 

L’auteur de l’épitre aux éphésiens souligne le dynamisme créateur de Dieu jaillissant en nous. Le mot « dynamisme » revient à trois reprises dans le texte grec de ce paragraphe :

Puissamment fortifiés par son Esprit
Remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu.
La puissance qui agit en nous.

Ce message nous fait jeter un regard nouveau, animé par la créativité divine sur notre vie et celle du monde. Sur la mort des oiseaux aussi. Essayons seulement :

Mt 10.29
Est-ce que l’on ne vend pas deux moineaux pour un sou ?
Pourtant pas un d’entre eux ne tombe à terre sans votre Père.
Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés.
Soyez donc sans crainte : vous valez plus que beaucoup de moineaux.

Le rôle du Père dans la « chute » des moineaux est comprise de manières bien différentes par les différents traducteurs de ce texte. L’original grec, suivi par la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) dit :

pas un d’entre eux ne tombe à terre sans votre Père.

Cette affirmation de Jésus que Dieu est avec nous est le message de Noël.

Voyons le sens que d’autres traducteurs donnent à cette parole :

 

1

Dieu l'a su

La traduction en français courant :

sans que Dieu votre Père le sache

La Bible de Jérusalem :

à l’insu de votre Père

Les traducteurs ont ajouté au texte la précision que lorsque les moineaux tombent, Dieu ne l’ignore pas. C’est l’idée que Dieu est témoin omniscient de tout ce qui se passe en notre monde.

En effet, le prophète Jérémie avait déjà écrit (29.23) :

Je sais tout cela, dit l’Éternel, j'en suis témoin

Les enfants ont entendu leur mère leur murmurer :

« mon petit doigt me l’a dit »

Mais cette connaissance a quelque chose d’inquiétant : elle concerne surtout les mauvaises actions commises par l’enfant. Mauvaises actions commises par le peuple ?

Le magnifique Psaume 139 célébrant la connaissance que Dieu ne manque pas d’avoir de chacune de nos pensées les plus intimes serait-il inquiétant ? Est-il rendu menaçant à notre égard dans la mesure où il suggère le regard sur nous d’un juge omniscient ? Dieu serait-il aussi impossible à esquiver que le comptable du Trésor dans un redressement fiscal ? La menace d’un examen de passage qui peut déboucher sur l’échec et la condamnation à l’enfer plane-t-elle sourdement sur ces paroles pourtant splendides et débouchant sur la promesse de la lumière et non pas des ténèbres ? Quelle conception de Dieu a le lecteur ?

Éternel ! tu me sondes et tu me connais,
Tu sais quand je m'assieds et quand je me lève,
Tu pénètres de loin ma pensée;
Tu sais quand je marche et quand je me couche,
Et tu pénètres toutes mes voies.
Car la parole n'est pas sur ma langue,
Que déjà, ô Eternel ! tu la connais entièrement.
Tu m'entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi.
Si je monte aux cieux, tu y es ;
Si je me couche au séjour des morts, t'y voilà.
Si je prends les ailes de l'aurore, et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer,
Là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira.
Si je dis : les ténèbres me couvriront, la nuit devient lumière autour de moi ;
Même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi,
La nuit brille comme le jour et les ténèbres comme la lumière.

Le dynamisme créateur manifesté par la Résurrection du Christ tel que le comprend l'auteur de l'épitre aux Éphésiens révèle une tout autre conception de Dieu !

 

2

Dieu l'a permis

 

Le traducteur de la Bible « Parole de vie » a choisi d’écrire :

c'est votre Père qui permet cela

Quand un oiseau tombe, quand les rhumatismes s’installent, quand un cancer emporte une jeune mère de famille, quand un tremblement de terre ou un tsunami fait 10 000 morts, Dieu le « permet ».

Certains expliquent que Dieu « permet » ce mal car il « sait » qu’un bien supérieur en adviendra. Certains disent, en effet :

« Une bonne maladie, une terrible infirmité approfondit notre spiritualité et notre réflexion sur le monde. »

On dit aussi que d’ailleurs, les parents « permettent » bien à leurs enfants de faire leurs expériences. Sauf qu’évidemment, les parents ne « permettraient » pas que leurs enfants soient brûlés vifs, écrasés ou massacrent les autres, même dans le but d’apprendre à vivre !

Une tradition juive de la cabbale imagine que Dieu qui prenait tout la place dans l’univers de sa présence dominatrice, a choisi de se retirer en lui-même, se faire tout petit : « tsim tsum », dit-on en hébreu, pour laisser la place à la création de se développer librement, de vivre à sa manière.

Le dynamisme créateur manifesté par la Résurrection du Christ tel que le comprend l'auteur de l'épitre aux Éphésiens révèle une tout autre conception de Dieu !

 

 

3

Dieu l'a voulu

Le traducteur Louis Segond a cru devoir préciser :

(sans la volonté) de votre Père

L’idée que Dieu a « voulu » que l’oiseau tombe à terre est plus forte que celle de la « permissions » divine.

C’est une conception courante dans les faire-part de deuil :

« nous avons la douleur d’annoncer que Dieu a rappelé à lui... »

Pourquoi Dieu aurait-il la « volonté » que les oiseaux tombent, ainsi d’ailleurs que les cheveux des chauves ?

 

Certains disent : Par punition car les parents punissent eux aussi leurs enfants pour les éduquer.

Ainsi, lors du cyclone qui a ravagé il y a quelques années la Nouvelle-Orléans, un pasteur a expliqué qu’il s’agissait d’une punition de Dieu méritée par l’aurorisation d’une gay pride qui devait avoir lieu le lendemain dans la ville et tout le monde sait bien que l’homosexualité est le péché suprême.

Un imam musulman avait d’ailleurs proposé la même explication du dramatique tsunami qui avait provoqué des dizaines de milliers de morts et de sans-abris dans l’Océan Indien : les homosexuels y étaient exagérément tolérés, avait-il dit.

Mais à la différence des punitions parentales, les « punitions » divines ne rendent pas les gens meilleurs : elles les tuent !

 

D’autres n’insistent pas sur l’idée de punition mais sur l’« évidence » que tout ce qui arrive vient de Dieu. Les stoïciens grecs disaient déjà cela « des Dieux ». C’était l’ « anankè », le Destin. La « piété » était de s’y soumettre et même de l’aimer.

 

Les musulmans ont repris cette ancienne idée : inch’Allah, disent-ils, c’était « écrit » (mekhtoub).

Le dynamisme créateur manifesté par la Résurrection du Christ tel que le comprend l'auteur de l'épitre aux Éphésiens révèle une tout autre conception de Dieu !

 

 

4

Dieu est avec nous

 

La 4e explication, qui est la plus simple et la plus évidente, celle qui me convient le mieux et qui me semble être justement le message de Dieu : Dieu avec nous, consiste à ne rien ajouter au texte :

Pas un d’entre eux ne tombe à terre sans votre Père.

Quand l’oiseau tombe à terre, le Père est là, présent à ses côtés, avec sa tendresse, sa compassion. « Emmanuel », Dieu-avec-nous. Présence permanente, encourageante, apaisante et consolante. Dieu fondement de notre être, Souffle de notre vie. Dieu en nous.

Les juifs disent « Shekinah » : présence en nous.

Les musulmans disent : « Dieu plus proche de nous que notre veine jugulaire. »

Ne cherchons pas Dieu au ciel, dans un extérieur lointain.

Le théologien Paul Tillich disait :
« Dieu est en toi, il est plus que toi mais il n’agit pas sans toi »
Souffle de paix, de force, de vie.

L’auteur du Psaume 23 disait déjà :

L'Eternel est mon berger
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom.
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi.

 

Laisons le dernier mot au poète brésilien Adémar de Barros :

J'ai fait un rêve, la nuit de Noël. 

Je cheminais sur la plage, côte à côte avec le Seigneur. 

Nos pas se dessinaient sur le sable, laissant une double empreinte, 

la mienne et celle du Seigneur.

L'idée me vint - c'était un songe -
que chacun de nos pas représentait un jour de ma vie. 

Je me suis arrêté pour regarder en arrière. 

J'ai vu toutes ces traces qui se perdaient au loin. 

Mais je remarquai qu'en certains endroits,
au lieu de deux empreintes, il n'y en avait plus qu'une.

J'ai revu le film de ma vie. 

O surprise !

Les lieux de l'empreinte unique 

correspondaient aux jours les plus sombres de mon existence.
Jours d'angoisse ou de mauvais vouloir ; 

jours d'égoïsme ou de mauvaise humeur ;
jours d'épreuve et de doute ;
jours intenables...
jours où, moi aussi, j'avais été intenable.

Alors, me tournant vers le Seigneur, j'osai lui faire des reproches :
« Tu nous a pourtant promis d'être avec nous tous les jours ! 

Pourquoi n'as-tu pas tenu ta promesse ?
Pourquoi m'avoir laissé seul aux pires moments de ma vie ? 

Aux jours où j'avais le plus besoin de ta présence ? »

Mais le Seigneur m'a répondu :
« Mon ami, les jours où tu ne vois qu'une trace de pas sur le sable, 

ce sont les jours, où je t'ai porté. »

 

La Bonne Nouvelle n'est pas que « Dieu l'a su »
ni que « Dieu l'a permis »
encore moins que « Dieu l'a voulu ».
c'est que Dieu est « avec nous »
L'épitre aux Éphésiens disait  bien : Être puissamment fortifié par l'Esprit divin dans l'homme intérieur... être rempli de toute la plénitude de Dieu... par la puissance qui agit en nous...

 

 

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