Petit catéchisme libéral
Gilles
Castelnau
Leçon 9
La vie éternelle dans l’au-delà
Les prophètes d'Israël ne promettaient pas de paradis ni ne menaçaient d'un enfer éternel. Les paroles de Dieu dont ils se faisaient l’écho ne se préoccupaient « que » de la vie terrestre. Jésus était tout à fait dans leur ligne. Il menaçait de la Géhenne ceux qui profanaient la vie des autres mais ne prétendait jamais que le but de l'existence pourrait être de mériter le paradis.
C'est pourquoi il me semble que l'on peut tout à fait ne pas croire en l'au-delà et être néanmoins parfaitement en harmonie avec le dynamisme créateur de Dieu, symbolisé dans l'Ancien Testament par la Sortie d' Égypte et dans le Nouveau Testament par la Résurrection du crucifié.
Le souffle de vie que Dieu fait monter en nous et qui résiste au péché, à la souffrance et aux malheurs nous rend capables d'affronter également l'angoisse de la mort, sans pour cela chercher un apaisement dans la croyance à l'entrée dans un paradis. Le message de l'Évangile ne doit pas être identifié à la foi en la résurrection des morts. Après tout ni Abraham, ni Moïse, ni David ni les prophètes n'en avaient la moindre idée.
Certes, l'espérance de la vie éternelle auprès de Dieu s'accorde parfaitement avec la foi en la victoire de Dieu sur toutes les forces destructrices de vie.
La vie éternelle telle que l'apôtre Paul l'enseigne n'est pas celle d'une immortalité de l'âme qui retournerait naturellement dans l'au-delà (et qui pourrait d'ailleurs, selon certains, se réincarner dans une nouvelle existence). On peut comprendre le franchissement du voile qui nous cache l'au-delà comme le retour à la Source de la vie, l'entrée dans l'émerveillement de la contemplation face-à-Face du Dieu qui nous a accompagnés tout au long de notre existence. Paradis qui n'est pas immobilité permanente au son des psaumes mais union avec Dieu dans sa créativité cosmique incessante. Cette prédication - qui sera considérée comme une image par ceux qui ne peuvent croire en sa réalité - a l'avantage de marquer la valeur de l'homme aux yeux de Dieu et d'en souligner la transcendance. Quant à l'idée de l'enfer, qui réapparaît de nos jours sous l'influence de l'islam et d’une certaine prédication évangélique, il me semble que le Dieu de Jésus-Christ ne laisserait évidemment pas fonctionner à la porte de son paradis un camp de concentration avec de misérables damnés torturés pour l'éternité. Il en enfoncerait la porte et en libérerait les « damnés » comme les Alliés l'ont fait à Auschwitz !
Celui qui croit en la vie éternelle a raison de faire confiance en la puissance créatrice de Dieu qui est tout à fait capable de ressusciter les hommes et de les faire participer à son éternel dynamisme de vie. Mais celui qui ne peut pas croire en sa propre résurrection ne doit pas se penser indigne des enfants de Dieu et des disciples de Jésus-Christ. La participation ici et maintenant au dynamisme créateur de l'Esprit saint est un gage de la vie chrétienne.
Le théologien Paul Tillich disait que la présence divine nous libère et nous détourne de trois choses :
- L’incroyance qui nous fait croire que nous sommes seuls pour affronter nos angoisses et nos souffrances.
- La prétention qui nous fait croire que pour être heureux nous devons être les plus grands, les plus jeunes et les plus beaux, supérieurs, comme les héros antiques, les mannequins de nos magazines ou les stars de notre télévision.
- L’esprit de possession qui nous fait croire que l’argent et l’abondance sont les éléments de notre bonheur. Nous savons bien que l'argent est nécessaire et agréable et Jésus n’a jamais dit le contraire. Mais il a dit surtout que « l'homme ne vivra pas de pain seulement » ce qui nous recentre sur l'essentiel de notre vie. (Tillich…)
L’homme dont toute la vie aura été ainsi stabilisée par cet amour et cette paix saura mourir dans l’amour et la paix de Dieu, qu’il croie en la vie éternelle ou qu’il n’y croie pas.
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