Après Orlando

lettre à mes amis évangéliques

 

Morgan Guyton

pasteur de l’Église méthodiste unie, La Nouvelle Orléans, Louisiane

 

traduction Gilles Castelnau

 

16 juin 2016

Au lendemain du massacre d’Orlando, puisque je parle évangélique, je fais quelques suggestions à mes amis sur la manière de réagir ou de ne pas réagir à cette tragédie.

 

Ne vous mettez pas sur la défensive
Parmi tous les gens meurtris par ce drame et qui s’expriment sur internet, il y en a qui disent probablement des choses qui vous attaquent injustement. Dans la communauté gay, la plupart des gens ont subi des agressions orales ou physiques durant toute leur vie et vivent le massacre de la boite de nuit homosexuelle comme un élément de plus qui ne fait que s’ajouter à l’animosité vécue dans le milieu scolaire et à l’exclusion vécue dans les églises.
La manière dont vous pouvez leur manifester un peu compassion n’est certainement pas de prendre une posture défensive, même si vous trouvez injuste que l’on vous reproche un acte qui vous est étranger.

 

N’essayez pas d’expliquer les choses
J’ai entendu des conservateurs dire « ce sont tous les Américains qui ont été attaqués » ou « la tendance sexuelle n’a rien à voir avec ce drame ». C’est le genre d’attitude qui blesse profondément les homosexuels. Quand un club gay est l’objet d’un massacre, la sexualité a évidemment tout à y voir. Quelle que soit votre opinion sur la sexualité, il est insultant et inhumain de nier ainsi l’identité sexuelle des victimes. Vous ne vous rendez pas compte de la désolation que vivent actuellement les gay dans notre pays.

 

Arrêtez un instant votre polémique à l’égard des LGBT
Pouvez-vous faire une pause dans votre discussion du fait que l’homosexualité est ou n’est pas un péché, que les transgenre ont ou n’ont pas le droit d’utiliser les toilettes publiques et autres questions semblables.
Votre silence ne signifie pas que vous n’avez rien à dire, il est simplement signe de respect. Vous n’avez jamais convaincu personne dans ce genre de discussions. Et si quelqu’un cherche à vous y entraîner - ce qui se produira évidemment – dite seulement que vous ne souhaitez pas vous engager pour l’instant sur ce terrain. Vous manifesterez ainsi puissamment la valeur de votre maîtrise personnelle.

 

Saisissez l’occasion de réfléchir et de vous convertir
Je ne dis pas que vous êtes responsable de l’acte terrible d’ Omar Mateen, mais vous avez certainement contribué d’une certaine manière, comme moi aussi, aux dommages anti-chrétiens que subit la communauté gay depuis de nombreuses années.
Indépendamment de vos opinions sur la sexualité, vous reconnaîtrez que l’Église d’Amérique a abominablement trahi le Christ par sa conduite à l’égard de la communauté gay. Des centaines de milliers d’Américains ont été perdus pour l’Évangile à cause de la manière dont l’Église s’est focalisée sur la question sexuelle. Nous avons une compréhension différente de la nature exacte du péché. Je crois que l’idolâtrie de la famille hétérosexuelle est un péché et que mettre inutilement devant l’Évangile la pierre d’achoppement qu’est l’obsession sexuelle est aussi un péché.
De toutes façons, quelle que soit la manière dont nous comprenons notre péché, « Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous. » (I Jean 1.8)

 

Trouvez une manière de manifester un amour authentique pour la communauté homosexuelle
C’est la meilleure réponse chrétienne à la tragédie d’Orlando. Si vous ne pouvez rien dire de fraternel sans y ajouter une quantité de remarques désobligeantes, alors ne dites rien du tout.
Vous ne renoncerez pas à votre opposition à l’homosexualité en assistant à la Gaypride, à une célébration, en portant un symbole arc-en-ciel ou en le mettant sur Facebook. Si une de vos connaissances est gay,
essayez seulement, en vous efforçant de ne pas paraître artificiel et contraint, de lui dire un mot amical comme : « Ces jours-ci sont terribles pour vous et je veux seulement vous dire ma sympathie ». Manifester de l’amour sans se croire obligé d’y ajouter un « mais... » est sans doute le meilleur témoignage que vous pouvez avoir pour le moment.

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