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lettres à mes amis en prison



Louise Thunin

 

 

 

Van Dieren éditeur
98 pages - 13 €

 

recension Gilles Castelnau

 

Voir de Louise Thunin
CHATkra du CŒUR
Thé-au-logis avec mes chats

 

28 octobre 2015

C’est avec une infinie sensibilité, beaucoup d’empathie et une foi bien accrochée que la visiteuse de prison Louise Thunin nous fait part de ses rencontres. Il émane de ses « lettres » un sourire apaisé et confiant en la nature humaine : elle « croit » en ceux qu’elle rencontre, tels qu’ils sont, puisqu’il est évident pour elle que Dieu croit en eux.
Elle regarde ses interlocuteurs sans illusion ni naïveté mais convaincue que le Souffle créateur d’humanité est latent au fond de leur être.
Elle leur parle comme aux créatures nouvelles qu’ils peuvent être au regard de Dieu et tels qu’ils sont déjà dans l'éclairage de l'Évangile.

Voici deux de ces pages ainsi qu’une prédication du dimanche, Bonne Nouvelle telle qu’elle résonne dans les cœurs de ceux qu’elle visite... lorsqu’ils l’écoutent !

 

.

 

page 45

Lettre à une mère au parloir

« En vérité je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Luc 23,43)

 

Chère Andrée,

Depuis un mois tu attends le jour et l'heure. Tu viens de faire cent cinquante kilomètres par la route. Enfin, tu vas le voir, ton rejeton, la mauvaise graine du quartier (qu'ils disent, les autres), le tatoué, la petite frappe, celui-qui-voulait-être-caïd et qui n'a réussi qu'à se faire coffrer. Il a cessé de te demander de lui apporter du shit ; il a même esquissé le regret d'avoir eu le culot de le faire. Comme s'il ne savait pas à quel point cela te choquerait. Il sait aussi que tu ne le laisseras pas tomber, jamais. S'il faut faire le tour des centres pénitentiaires de France, tu le feras.

Ce n'est pas pour cela qu'il va te parler aujourd'hui. Si jamais il t'a parlé. Tu ne sais pas d'où il sort, ce gamin indéchiffrable, boudeur, susceptible, violent. Mais c'est ton fils et tu I'aimes. Tu lui prends la main. Il recule un peu, puis te la laisse. Tu es une mère, ça il comprend un peu quand même. En fait, il a envie de pleurer, même de se jeter dans tes bras, mais ça non, on est un homme après tout, Pas une fillette.

Il te dit que ouais, ça va, la bouffe toujours aussi nulle, pas pu faire de muscu cette semaine, le moniteur est malade, pas vu son agent de probation non plus, ils n'ont jamais le temps ces types-là, ils croulent sous les dossiers, l'avocat de toute façon ne vient jamais, c'est toujours la même vie, monotone comme la pluie. Non il n'écrit plus à sa copine, elle l'a largué, il le sent, de toute façon, elle va pas l'attendre, vu le temps qu'il doit croupir ici.

Tu soupires. Il voit les ridules autour de ta bouche, de tes yeux. Il a envie d'étendre son doigt, de les toucher, histoire de dire qu'il sait que tu te fais du mouron pour lui, mais sa main reste bloquée, il baisse le regard.

Tu jettes un coup d'œil à ta montre, le temps d'une visite est vite écoulé. Il ne te demande rien, ni si ça roulait bien ce matin, ni si ton boulot ça va, ni si sa sœur passe te voir des fois. Le silence entre vous est plein : de non-dits, de remords, d'excuses non prononcées, de « je t'ai-me, tu sais ».

Le surveillant est là.
« À dans un mois mon grand. »
« 'voir, M'man. »

Au Golgotha, il y avait la mère du Christ au pied de la croix. On ne sait pas s'il y avait la mère du voleur crucifié à ses côtés. Je pense que oui, et qu'elle aussi pleurait.

 

 

page 59

Lettre à Salomon

« Seigneur, viens vite à mon aide ! » (Psaume 40,14)

 

Cher Salomon,

Mbote l Tu m'a appris le mot pour « bonjour » en lingala, toi qui es né au Congo.

Quand on porte le nom d'un roi si magnifique et sage, comment est-ce possible de braquer une bijouterie ? Se hisser à la hauteur de celui qui a légué pareil nom n'est pas facile, sans doute, surtout quand on sort d'une cité défavorisée, d'une famille nombreuse et pauvre où certains enfants ont moins leur place que d'autres. C'est ton cas, puisque l'épouse de ton père n'est pas ta mère. Tu l'as perdue, ta mère, à deux ans, me racontes-tu, à cause d'un acte de sorcellerie. Tu as ramené dans ta valise africaine bien des croyances, quelques-unes aptes à te soutenir, alors que d'autres réveillent en toi une peur ancestrale. Ainsi, les soirs d'angoisse, tu entoures ton lit avant d'aller te coucher d'une traînée de sel ; tu en étales aussi sur le rebord de la fenêtre. Les surveillants arrivés un soir pour la fouille en ont été bien bluffés ! De la poudre... ? Mais non, du sel, leur as-tu dit. « Allez-y, goûtez-le ! »

Tu m'expliques que les démons pensent devoir compter chaque grain de sel pour traverser correctement cette barrière et comme cela les occupe, ils n'ont pas le temps d'attaquer. Décidément, ces démons souffrent de tocs (troubles obsessionnels compulsifs) ! Je ne ris pas de toi. N'avons-nous pas en Europe une superstition qui consiste à jeter du sel par-dessus l'épaule gauche ? Je te signale juste que nous risquons d'attirer à nous ce qui occupe le plus notre pensée et je te conseille de tourner la tienne vers la lumière.

Tu me rassures. Les cauchemars ne te hantent plus et tu ne ressens plus de présence maléfique à côté de toi. Un soir qu'« on » t'étranglait en rêve, tu as crié « Jésus », et ton agresseur de l'ombre a fait une marche arrière immédiate pour ne plus jamais se pointer. Un braqueur qui appelle Jésus ? Je parie que ce n'est pas commun.

On t'a placé à l'isolement à cause de tes bagarres en bâtiment. Avec ton large sourire et tes dreadlocks coquets, j'ai bien du mal à voir le « mauvais garçon » en toi, Salomon. Peut-être n'y est-il plus. Des mois de solitude sont propices à la réflexion. Tu reconnais abondamment l'erreur de tes choix, tu ne te trouves aucune excuse. Tu comptes demander pardon à ceux que tu as traumatisés.

Hier soir aux nouvelles, j'ai appris qu'un bijoutier, excédé au bout de plusieurs hold-up, a tiré sur deux délinquants venus l'agresser, tuant l'un d'entre eux. On peut comprendre sa réaction, mais j'ai été émue d'apprendre qu'il était effondré ; il n'avait pas voulu ôter la vie. L'acte de braquage était inexcusable. Cependant, je me dis que ce garçon mort était ton alter ego, un jeune paumé, tombé dans la pire bêtise, tout en ayant un véritable cœur d'homme et l'espoir d'un avenir. Quelqu'un qui, lui aussi, aurait peut-être fini par apprendre qu'il a un Secours dont il peut crier le nom, quand la détresse l'étouffe.

 

page 25

Culte de novembre

Dans la maison de Simon le Pharisien (Luc 7)


Chers tous,

C'est l'histoire d'un gars bien sous tous rapports, un « docteur de la Loi », qui invite rabbi Yeshoua à dîner pour voir de plus près de quoi retourne son enseignement. « Docteur de la Loi » ne veut pas dire avocat - c'est un Pharisien, quelqu'un d'instruit qui suit scrupuleusement la loi religieuse. Il s'appelle Simon. Les maisons à l'époque sont ouvertes, il faut croire, puisqu'arrive aussi une femme qui n'a pas été invitée ; ça se fait encore de nos jours. Les ados savent bien ce que c'est ! La Bible ne nous dit pas son nom. Pour les besoins de la cause, je vais l'appeler Rachel.

Rachel ne vient pas pour boire ni manger, elle vient voir l'hôte d'honneur de la soirée, le Christ, devant qui elle s'agenouille pour accomplir des gestes inattendus. Elle pleure, elle verse un parfum de grand prix sur la tête de Yeshoua, elle lui lave les pieds avec ses larmes et les essuie avec ses cheveux. Toute sa personne participe, cœur, corps, émotions.

Yeshoua lui dit que ses « péchés sont pardonnés ». Pourtant il ne l'avait accusée de rien, ne lui avait fait aucun reproche. Mais il pressent qu'elle s'en veut intérieurement.

Revenons à Simon, le maître de maison, le docteur de la Loi. Yeshoua devine aussitôt sa pensée pendant cet événement. Simon est tout de suite en mode « jugement ». Il plaque sa moralité sur la scène ; pour lui, la femme est une pécheresse. Peut-être même fait-elle ce qu'on appelle « le plus vieux métier du monde ». Si Yeshoua se laisse toucher par elle, c'est qu'il ne peut pas être un saint ; elle le contamine, il ne va plus être pur. Mais Yeshoua lui-même n'a que faire de ces jugements et de ce légalisme.

Simon est satisfait de répéter des prières, d'observer des pratiques religieuses. Il n'a pas retenu que le plus grand commandement commence par « Tu aimeras... » C'est un homme sérieux, dévoué - il n'a sûrement pas grand-chose à se reprocher aux yeux de la loi, religieuse ou autre. D'ailleurs, le Christ est chez lui ! C'est tout un symbole, ça !

[...]

Rachel est guérie de son passé, parce qu'elle a su recevoir l'amour qui lui est offert et qui était là de toute éternité. Simon, trop sûr de lui, devra attendre encore, à mon avis. Il est trop plein de lui- même, il ne sait même pas le besoin qu'il a de cet amour. Rachel a désormais un avenir. Simon aussi, mais trop de bien-pensance pour gagner l'amour divin (qu'il a pourtant en héritage) l'empêche pour le moment de voir cet avenir déjà présent - où tout est étincelant comme une neige fraîchement tombée.

Notre âme est comme cette maison où le Christ est éternellement présent. Mais même s'il est présent, il faut l'inviter consciemment, pour en faire notre hôte d'honneur. Il dit : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je prendrai la Cène avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3,20.)

Si on l'invite, Dieu seul sait ce qui peut se passer au cours du dîner ! Vous ne voudriez pas le risquer ?

 

 


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