31 mai 2015
Dans une video publiée sur YouTube, le pasteur Guillaume de Clermont s’exprime ainsi :
« Si on perd le fondement des Écritures bibliques, je ne sais pas où on va ? [...]
Dieu fit l’homme et la femme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme et les deux époux deviendront une seule chair.
Jésus fait référence à ce texte de la Genèse
Il y a contradiction pour moi à bénir le couple homosexuel alors que dans les textes bibliques l’altérité biblique, qui n’est pas dans un couple homosexuel, est au cœur du couple. [...]
Si nous sommes église protestante et si nous témoignons de notre foi c’est parce que nous puisons dans les Ecritures bibliques la source de ce témoignage.
Et donc demain, par rapport à l’euthanasie, par rapport à toutes les techniques de procréation qui pourraient se développer, dans tous les champs éthiques on pourrait être déstabilisé pour prendre nos décisions si nous quittons les Ecritures bibliques. »
La décision de l’Église Protestante Unie de France de bénir désormais les mariage homosexuels serait-elle donc la « perte du fondement des Écritures bibliques » ? Avons-nous vraiment « quitté les Écritures bibliques » ?
Le texte de la Genèse
Guillaume de Clermont cite comme l'un des fondements des Écritures bibliques le verset de la Genèse :
« l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme » (2.24)
Il le lit comme un commandement précis qui exclut tout autre forme d'attachement, notamment l'attachement homosexuel.
Lecture vraiment discutable : les hommes qui ne quittent pas père et mère et demeurent au foyer familial, ceux qui ne s'attachent pas à une femme et demeurent célibataires, ont-ils donc, eux aussi, « perdu le fondement des écritures bibliques »?
Le texte du Lévitique
Il est vrai que parmi les nombreuses prescriptions de pureté rituelle, le livre du Lévitique contient celle-ci qui est toujours citée comme l'interdiction biblique décisive :
« Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme,
ils ont fait tous deux une chose abominable ;
ils seront punis de mort » (20.13)
Les fondamentalistes fondent traditionnellement leur pensée sur cette parole.
(NB. Je me demande ce qu’en aurait dit le réformateur Jean Calvin devant la statue duquel ce pasteur a pris la pause : ne disait-il pas au contraire que « le fondement de notre foi est le Témoignage intérieur du saint-Esprit ? »)
Mais je remarque qu’ils la fondent plutôt sur la 1ère moitié du verset :
« Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme,
ils ont fait tous deux une chose abominable ;
et ils perdent manifestement le fondement biblique de la 2e moitié :
« ils seront punis de mort »
Je m’en réjouis d’ailleurs ! Je frémis en pensant à la guillotine (à la lapidation ?) de tous les homosexuels de la ville d’Orléans !
Mais en poursuivant la lecture du livre du Lévitique, je constate que le pasteur Guillaume de Clermont devrait prendre garde à ne pas se détourner des autres prescriptions « fondamentales » qui y sont parsemées :
« Tu ne porteras pas un vêtement tissé de deux espèces de fils. » (19:19)
Vérifie-t-il vraiment lorsqu’il achète ses chemises qu’elles ne sont PAS tissées de coton ET de polyester ?
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Lorsque nous chantons en pensant à nos ancêtres dans la foi et notamment à ceux qui de tout leur cœur et de tout leur esprit ont écrit la Bible :
« Esprit qui les fis vivre
Anime leurs enfants
Pour qu’ils sachent les suivre »
c’est pour que nous sachions nous laisser animer de l’Esprit saint qui souffle dans la Bible et non pas pour que nous suivions comme des robots les gestes de fidélité qu’en des temps très anciens les premiers fidèles ont cru devoir proposer.
Ce n’est pas dans le granit des Tables de Moïse que nous lisons la Loi de Dieu. Depuis Pentecôte c’est dans nos cœurs que l’Esprit la trace et que notre fidélité l’y trouve.
Je suis triste de penser à l’image sclérosée que cette vidéo donne du christianisme protestant qui n’est certainement pas une observance aveugle de rites et de conceptions d’autrefois mais la compréhension intelligente du dynamisme créateur de Dieu dans le monde d’aujourd’hui.