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Faut-il ouvrir le mariage

aux homosexuels ?

 

 

Marc Pernot

pasteur de l’Église Réformée de France
à l’Oratoire du Louvre

 

19 novembre 2012

Faut-il ouvrir le mariage aux homosexuels ? Oui, et ouvrir à sa bénédiction.
Dans l’Église Réformée et à l’Oratoire, cette question est débattue et je n’exprime donc ici que mon opinion personnelle. Opinion qui peut d’ailleurs continuer à évoluer. Je ne suis pas un militant de la cause homosexuelle, et je ne me sentais pas particulièrement concerné par cette question avant d’être pasteur, dois-je avouer. Elle se pose à moi de façon très simple. Il existe des couples homosexuels parmi les fidèles, en même proportion que dans la population française. J’ai donc rencontré, écouté, accompagné aussi des dizaines de couples et de familles homosexuelles dans les paroisses où j’ai été en poste. Qui ais-je rencontré ? Des personnes qui ne ressemblent en rien aux personnes extravagantes de la « gay pride », mais des personnes qui vivent leur foi, des personnes qui cherchent l’âme sœur ou qui vivent en couple, qui espèrent bâtir un vrai couple et une famille avec l’aide de Dieu, des personnes qui viennent au culte et donnent un coup de main. J’ai entendu des personnes qui me disent en général qu’elles ne peuvent choisir d’être autrement qu’homosexuelles et qui me disent cela avec l’expérience de leur désir mais aussi leur réflexion, leur foi, leur prière, leur espérance. J’ai entendu des personnes blessées par des personnes maladroites voire haineuses, par la République, et par bien des croyants.

Ces rencontres m’ont conduit à évoluer et, bien entendu, comme chrétien et comme passionné par la Bible, cette évolution s’est faite dans un dialogue avec les Écritures, par l’étude et par la prière.

 

Sous l’angle de la morale biblique

Énormément de dégâts peuvent être faits avec une application brutale des préceptes moraux tirés de la Bible, alors qu’ils sont en général passionnants quand ils sont pris comme une interrogation. Le risque est moindre avec les paroles de Jésus car elles ne sont jamais de l’ordre de la morale simpliste. Je ne trouve absolument nulle condamnation ni mise en garde contre l’homosexualité dans les paroles de Jésus, mais un appel à vivre de la grâce et de la fidélité de Dieu en étant nous-mêmes plein de bienfaisance et de fidélité dans nos attachements, ce qui s’applique à toute personne quelle que soit sa couleur de peau, son sexe ou son orientation sexuelle. Il est donc possible d’en conclure déjà qu’il n’y a rien de critique dans cette question, sinon Jésus en aurait parlé.

Les préceptes moraux trouvés dans la Torah et des lettres de Paul sont souvent plus liés au contexte précis de l’époque, leur application est plus délicate. Lus à la lettre, ils soutiendraient parfois des horreurs comme l’esclavage, la lapidation des enfants désobéissant, l’obéissance aux autorités même les plus tyranniques et racistes, l’interdiction aux femmes de prêcher dans une église malgré la mission que le Christ donne à Marie-Madeleine d’annoncer sa résurrection à ses frères... Après un examen attentif, il me semble que les quelques condamnations de l’homosexualité que l’on trouve dans la Bible ne peuvent pas être appliquées aujourd’hui et encore moins envoyée à la face des homosexuels pour les traiter de pécheurs. Mais que quand ces versets sont lus au sens spirituel ils nous interrogent sur notre propre fidélité, nous invitant à moins nous prendre pour Dieu.

 

Sous l’angle de l’anthropologie biblique

Cet angle m’a semblé plus intéressant pour nourrir une réflexion théologique et pastorale sur le couple en général et donc en particulier sur ce projet de mariage homosexuel, de célébration de mariage homosexuel.

Prenons par exemple « Dieu créa l’humain à son image, il le créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et dominez-la » (Genèse. 1:27-28). Il est possible de bâtir plusieurs conceptions de l’humain à partir de ce texte. Là encore, mon point de vue n’est pas seulement biblique mais biblique et pastoral. Je ne peux même pas compter le nombre de personnes rencontrées qui ont été blessées, et même démolies par une anthropologie qui se limite à une lecture à la lettre de ce texte. Oui, un couple formé d’un homme et d’une femme qui ont des enfants et qui les élèvent dans un grand jardin taillé par un expert en art topiaire est un beau projet béni par Dieu. Mais dès lors que l’on interprète ce passage biblique en disant que le plan de Dieu se limiterait à ce modèle-là, tous ceux uqi sont seuls ou qui sont stériles... risquent de se sentir en échec personnel ou penser que Dieu les oublie… D’autres personnes risquent de s’inventer une vocation d’enfanter, avec de lourds dégâts humains, alors qu’un autre chemin aurait été bien meilleur pour eux. Cette interprétation a été parfois jetée plus ou moins subtilement à la face de notre prochain homosexuel, faisant de lui un anormal et un pécheur.

Cette anthropologie est cruelle et fausse. L’Évangile ne nous dit pas si Jésus était marié ou non, avec enfant ou non. C’est que cela n’a aucune importance pour nous, cela lui appartient en tant qu’individu. Mais Jésus n’est pas seulement pour nous un individu, il est aussi l’Homme avec un grand H, fondant une anthropologie chrétienne. L’homme que Dieu espère, l’humain « normal », c’est lui. Cela oriente la lecture du verset de la création de l’humain dans la Genèse. La fécondité dont il est question n’est pas seulement biologique. Cela nous invite à une compréhension de l’humain créé « homme et femme » qui ne soit pas non plus au ras de la biologie. Les caractères sexuels sont la différence la plus visible qui soit entre les humains. La différence sexuelle peut vraiment être comprise ici comme l’exemple type des mille différences qui existent entre les êtres humains, exprimant que cette diversité est voulue et bénie par Dieu, qu’elle est alors complémentaire et féconde. C’est ce qu’exprime l’apôtre Paul quand il nous présente l’humanité comme un corps (1 Corinthiens 12), il n’est pas question d’organes génitaux comme ceci ou comme cela dans cette union de l’humanité dans un unique corps constitué de membres différents. Il existe ainsi différents états « normaux » dans le corps du Christ. Le penchant hétérosexuel est plus répandu que le penchant homosexuel, cela ne lui donne pas le droit de mépriser l’autre, au contraire, selon l’Évangile du Christ cela devrait plutôt appeler ceux qui sont les plus forts par le nombre à soutenir les minorités.

Et si ce texte nous appelle à « dominer la terre » ce n’est pas pour nous appeler à sortir les bulldozers mais pour que l’Esprit domine en nous et dans notre société sur les autres dimensions de l’humain. C’est une question de foi, une ouverture à la bénédiction de Dieu pour que nos attachements soient stables et fidèles, favorisant l’épanouissement de la singularité de l’autre, cherchant à aimer Dieu et son prochain comme Christ nous a aimé.

Je pense sincèrement que Dieu bénit de tels couples sans autres distinctions.

 

 


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