Libres opinions

 

Église anglicane

et homosexualité

 

 

17 octobre 2003

La question homosexuelle provoque un débat enflammé dans la Communion anglicane, notamment à la suite des trois faits suivants :

- L'évêque de New Westminster au Canada, a autorisé les unions homosexuelles à la suite du vote positif de son synode. Une première union a été célébrée en mai dernier entre deux hommes qui cohabitaient depuis 21 ans.

- Le chanoine Gene Robinson, homosexuel déclaré, a été élu évêque dans le diocèse du New-Hampshire aux États-Unis et doit être consacré prochainement.

- Jeffrey John a été élu évêque en Angleterre mais a renoncé à cette fonction en raison des tollés que son élection a soulevée notamment dans les milieux évangéliques.

L'archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams, a réuni dans sa résidence de Lambeth palace à Londres les 16 et 17 octobre derniers, les Primats anglicans pour en délibérer. Voici l'essentiel de leur résolution finale.

 

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Introduction

de Mgr Rowan Williams, archevêque de Cantorbéry
à la déclaration des évêques primats anglicans

Service de presse anglican

 

 

La difficulté de nous mettre d'accord a été considérable en raison de l'importance du défi auquel nous devions faire face durant ces deux jours et des convictions contradictoires qui étaient les nôtres. Notre accord final n'en est que plus remarquable.
Nombreux étaient ceux qui prédisaient l'éclatement de notre groupe mais nos discussions nous ont au contraire rapprochés les uns des autres de sorte qu'il n'y eut finalement ni vainqueurs ni vaincus.

Le débat sur la sexualité va se poursuivre et il est évidemment qu'il sera difficile aussi bien dans la Communion anglicane que dans le monde chrétien en général, avec son cortège de peine et de colère, d'incompréhension et de ressentiment. Aussi bien, nos discussions ont porté moins sur la question de l'homosexualité elle-même que sur la manière de vivre notre engagement commun.

La question n'est pas tant de préserver nos structures ecclésiastiques. Il s'agit concrètement qu'un club de dames du Lancashire puisse aller rencontrer les anglicans du Burundi et que des jeunes travailleurs d'une paroisse des Indes puissent visiter fraternellement les États-Unis. C'est notre fraternité spirituelle qui doit être préservée. Notre vocation est d'être ensemble au service de l'amour que Dieu manifeste à ce monde et nous n'avons pas d'autre but.

C'est vers le monde et vers lui seulement que se tournent nos pensées et que vont nos prières en vue de l'oeuvre qu'il nous est donné d'y accomplir encore.

 

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Déclaration

des évêques primats de la Communion anglicane

Lambeth Palace
16-17 octobre 2003

larges extraits

 

C'est avec difficulté que nous avons abordé les sujets difficiles qui nous étaient proposés, mais c'est un renouvellement et un renforcement de notre Communion que nous avons ressentis dans la prière et les études bibliques que nous avons faites. Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise, notre désir d'oeuvrer ensemble s'en est trouvé renforcé dans la fierté de notre héritage anglican.

Nous réaffirmons que notre foi est fondée sur l'autorité souveraine de la Bible. La diversité des interprétations est légitime dans l'Église et elle ne signifie pas que certaines soient plus fidèles que les autres.
Néanmoins chaque Province de l'Église doit prendre conscience de l'impact que ses interprétations de l'Écriture peuvent avoir sur les autres. Nous nous engageons à penser à ce respect mutuel lorsque nous réfléchirons à la manière dont Dieu parle aujourd'hui à notre monde.

Nous rappelons à tous les membres de la Communion anglicane, les résolutions de la conférence de Lambeth 1998, son insistance sur « l'écoute de l'autre » et son affirmation de « l'amour de Dieu pour tous les baptisés, croyants et fidèles, quelle que soit leur orientation sexuelle, membres à part entière du corps du Christ. »

C'est pourquoi nous regrettons profondément l'attitude du diocèse de New Westminster et de l'Église épiscopalienne des États-Unis à qui plusieurs Provinces reprochent d'avoir court-circuité ces décisions et qui pourraient paraître altérer unilatéralement l'enseignement de la Communion anglicane. Nous reconnaissons l'autonomie juridique de chaque Province de notre Communion ; néanmoins notre mutuelle interdépendance nous interdit de promouvoir un enseignement nouveau comme s'il était celui de la Communion anglicane tout entière.
Nous disons que l'attitude du diocèse de New Westminster et de l'Église épiscopalienne des États-Unis ne reflète pas l'opinion de l'ensemble de la Communion anglicane et au contraire met en question notre unité sacramentelle.

Quant à l'élection du chanoine Gene Robinson, elle aurait été impossible dans la plupart de nos Provinces en raison de la conduite qu'il a adoptée. Au cas où sa consécration épiscopale aurait néanmoins lieu, la Communion anglicane se trouverait dans une situation critique et son avenir serait en question. Le ministère de l'évêque concerné ne serait pas reconnu dans l'ensemble du monde anglican et nombre de Provinces ne se considéreraient plus en communion avec l'Église épiscopalienne des États-Unis. L'unité anglicane en serait très gravement déchirée.
Il en est de même en ce qui concerne la situation du diocèse de New Westminster.

Nous invitons instamment nos Provinces à se donner le temps de la réflexion et à ne prendre aucune décision précipitée sur des sujets aussi graves.

Voici les exhortations que j'adresse aux anciens qui sont parmi vous,
moi ancien comme eux,
témoin des souffrances de Christ,
et participant de la gloire qui doit être manifestée :
Paissez le troupeau de Dieu, il est sous votre garde. 1 Pierre 5.1-2

 

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Frank Griswold

évêque président de l'Église épiscopalienne des Etats-Unis

 

A l'issue de la réunion de Lambeth, Mgr Frank Griswold a fait la déclaration suivante :

Il est clair que nous nous efforçons tous de vivre et de proclamer l'Évangile dans des situations très différentes. La bonne nouvelle ici peut être mauvaise nouvelle là-bas.

Dans ma Province des États-Unis, une majorité des fidèles, sinon la totalité, se trouve depuis plus de 30 ans, aux prises avec la question de l'homosexualité. elle est aujourd'hui parvenue à la conclusion que les hommes et les femmes que leurs sentiments orientent vers les personnes du même sexe, n'en sont pas moins des membres fidèles de l'Église et nous les ordonnons au même ministère que les autres.

C'est ainsi que nous avons été amenés à l'élection de l'évêque du New Hampshire qui a provoqué de telles oppositions qu'il a certainement contribué à la convocation de notre rencontre d'hier et d'aujourd'hui.

Mais je pense que ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise, en dépit de cette question de l'homosexualité qui est loin d'être réglée. C'est pourquoi nous allons, comme l'a dit l'archevêque, poursuivre ensemble notre mission à l'écoute du monde. Elle exige toute notre attention.

Mgr Griswold a ajouté que seul le Retour en gloire du Christ marquant la fin des temps pourrait l'empêcher de célébrer le 2 novembre prochain la consécration de Gene Robinson.

 

 

Traduction Gilles Castelnau

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