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14 novembre 2011

Question

Que doivent faire les pasteurs s’ils ne croient plus aux doctrines de leur Église ? Ont-ils une obligation morale de ne pas mettre en question la foi sincère de leurs paroissiens ? Mais si cela les oblige à dissimuler leur opinion, n’est pas de l’hypocrisie qui pénètrerait au cœur de la religion.

 

Réponse

Je déjeûnais récemment à côté d’une femme rabbin bien connue. Elle m’a demandé de manière un peu belliqueuse si je disais la bénédiction quand c’était mon tour de présider le dîner officiel de mon collège d’Oxford.
J’ai répondu :
« oui, par simple courtoisie et respect pour les traditions médiévales de mon collège ».
Elle m’a alors attaqué sur la question de mon hypocrisie et n’a pas été convaincue lorsque je lui ai cité le grand philosophe A.J. Ayer qui disait lui aussi la bénédiction dans le même collège et déclarait :
«  je ne dis rien de faux, ce sont des phrases sans signification ».

Cette rabbin n’avait pas d’humour et j’ai donc essayé des explications sérieuses. Pour vous, rabbins, les invocations à Dieu ont du sens et ne peuvent donc pas être dites par un athée. Mais pour moi les formules de bénédictions n’ont pas plus de signification que si je disais : « O Dieu lapide les corbeaux ! ».
Et de même je ne m’attend pas à ce que des pierres soient jetées à d’innocents corbeaux en réponse à mon appel, de même c’est avec une joyeuse indifférence que je prononce ou non à table la bénédiction à une déité non existante. Dans l’atmosphère conviviale d’un dîner au collège, je me conduis amicalement, avec politesse et je ne fais pas étalage ostensible de mon incroyance – une incroyance, entre parenthèses, qui est partagée par la plupart de mes collègues et qui approvuent tout à fait le fait que je maintienne la tradition de la bénédiction d’avant dîner.

Mais la rabbin ne m’a pas approuvé cette fois non plus.

Et d’ailleurs que dire des pasteurs qui sont payés pour prêcher le christianisme à leur troupeau fidèle et qui se dissimulent derrière le libéralisme d’une Karen Armstrong qui ne vaut pas mieux qu’une athée malhonnête lorsqu’elle définit que Dieu comme le « fondement de toute existence ».
Imaginez le choc provoqué sur des paroissiens qui croient encore que Jésus est né d’une vierge, a marché sur l’eau et est mort pour leurs péchés.

Ces pasteurs ne devraient-ils pas être accusés de trahir la confiance que leurs paroissiens mettent en eux puisqu’ils savent que ceux-ci prennent à la lettre le langage que ces pasteurs considèrent quant à eux comme des métaphores et des images. [...]

 

Traduction Gilles Castelnau

 

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