Progressivechristianity.org
J’aime Richard Dawkins
I Love Richard Dawkins!
Fred Plumer
pasteur de l’Église Unie du Christ
Irvine, Californie, États-Unis
président du réseau ProgressiveChristianity.org
10 novembre 2011
J’aime Richard Dawkins ! (écrivain anglais militant de l’athéisme qui a écrit notamment un livre traduit en français sous le titre de Pour en finir avec Dieu. Note de GC). Je ne l’ai jamais rencontré mais je l’aime et je suis content qu’ils continue à faire parler autant de ses idées. Le plus amusant est que je suis d’accord avec presque tout ce qu’il écrit.
Il a mis en place une « représentation » de Dieu que la plupart des gens qui ont un minimum de connaissance théologique récuseraient absolument. Mais il est vrai que cette « représentation » de Dieu circule en réalité aujourd’hui dans la plupart de nos églises. Elle y est l’objet de prières, de contrats, y reçois des supplications, des reproches et des remerciements.
J’assistais, il y a quelques années, à une conférence donnée dans un des plus importants séminaires du pays. Une table ronde était organisée avec des représentants de plusieurs de nos dénominations religieuses sur la question de l’avenir de l’Église. Lorsque fut évoquée la question des nouvelles théologies et des « nouveaux athées », les interventions se firent vagues et confuses, plus tournées vers la défensive que créatrices, plus dogmatiques que vivifiantes.
Leur désir évident de maintenir une tradition usée manifestait une absence frappante de réflexion novatrice. Ils utilisaient ce mot de « Dieu » avec une telle assurance qu’on avait vraiment l’impression que nous étions tous d’accord sur sa signification. Mais cela ne semblait guère être le cas pour les jeunes séminaristes présents dans l’audience.
Depuis plus de trente ans j’essaye de persuader les membres de nos paroisses d’abandonner l’ancienne conception théiste de Dieu que nous avons héritée du monde grec d’il y a 2000 ans et dont nous ne parvenons pas à nous débarrasser. Je n’ai guère eu de peine à persuader la plupart des gens qu’on ne peut plus continuer à soutenir l’historicité des récits des évangiles. Sans doute les biblistes du Jesus Seminar et les autres bons spécialistes peuvent en être remerciés.
Mais je me heurte à un mur lorsque je suggère qu’il nous faut nous libérer du Dieu qui demeure dans le ciel, écoute nos prières et arrange nos affaires si nous sommes des enfants sages. Je ne crois pas que Dieu soit un être demeurant à l’extérieur, investi d’une puissance surnaturelle et toujours prêt à intervenir dans l’histoire des hommes. Je ne peux pas admettre un Dieu qui serait comme un père ou un juge et récompenserait ou punirait les enfants suivant qu’ils lui obéissent ou lui désobéissent.
Lors de mes déplacements dans des Églises libérales, j’ai les dents qui grincent en entendant des lectures, des prières ou des cantiques qui disent que Dieu attend une bonne conduite de notre part ou que Dieu veut que nous nourrissions ceux qui ont faim et que nous nous occupions des pauvres ou encore que Dieu va faire quelque chose pour nous récompenser d’avoir fait ce que nous avions à faire.
Etant donné ce que nous savons maintenant de l’immensité de l’univers, des trous noirs, de l’évolution et de notre minuscule petite planète, il est temps de changer notre conception du fonctionnement du monde. Croyons-nous réellement qu’il existe une entité, une puissance qui est contente que nous lui obéissions ? Nous attribuer une telle importance me semble vraiment présomptueux. Même les plus traditionnalistes nous disent que Dieu est insondable et tout-puissant. Comment peut-on dès lors penser qu’il attende quelque chose de nous ? Une telle idée est celle d’une divinité théiste que nous devons abandonner. Et dire qu’il est un Dieu Père ne nous mène pas très loin.
Il me semble que nous nous égarons depuis longtemps. Je ne crois pas que Jésus cherchait à expliquer à ses disciples comment ils devaient se conduire pour plaire à Dieu. Je crois que, comme les autres maîtres de sagesse inspirés, il enseignait comment vivre en union avec ce que nous nommons - sans trop y réfléchir - Dieu .
Quelle était son idée ? On ne peut pas savoir vraiment, mais j’ai l’impression que c’était très différent de l’idée qu’on s’en fait habituellement et qu’il disait plutôt à ses disciples qu’en vivant d’une certaine manière, en se rapprochant des autres, en aimant généreusement par exemple, ils pouvaient eux aussi faire l’expérience d’Alaha (« Dieu » comme le propose le professeur Neal Douglas-Klotz dans son ouvrage « Prayers of the Cosmos » qui pense qu’Alaha se traduit au mieux par « Unité Sacrée », « Totalité », ou « Unité ». Lire ci-dessous.)
Je ne crois pas que Jésus était directement inspiré par Dieu de telle sorte qu’il ait pu dire exactement ce que Dieu attendait de nous, mais je crois qu’il expérimentait le profond renouvellement de vie que procure l’Union complète de toute vie, le sentiment de paix et de plénitude que les mots ne peuvent dire.
Les maîtres de sagesse disent bien qu’un tel phénomène ne peut être exprimé et ne peut qu’être expérimenté. Mais qu’il est à la portée de chacun. Plusieurs chemins peuvent être enseignés qui conduisent à une telle expérience du sacré, du Divin, du « ciel sur la terre » que recherchent beaucoup de gens.
Pourquoi est-il donc si difficile d’abandonner l’idée théiste de Dieu ? Pour la grande majorité des fidèles, l’abandon de cette conception traditionnelle de Dieu et l’entrée dans ce qui paraît être l’inconnu d’un mystère immense, serait trop déstabilisante. Gordon D. Kaufman, professeur à Harvard, conclut ainsi son livre « In Face Of Mystery » : « Lorsqu’il est question de mythes et de symboles, de doctrines théologiques et de réflexion, on plonge dans un monde mystérieux profond et insondable. La connaissance ultime du monde et la vie humaine n’et pas accessible à l’esprit humain. »
C’est pourquoi j’aime Richard Dawkins et le mouvement des Nouveaux Athées. Leur œuvre brillante et souvent perspicace oblige de plus en plus de fidèles à repenser ce qu’ils entendent par le mot « Dieu ». Et en même temps qu’ils nous rendent conscients du sens trop simpliste que nous attribuons à un Dieu demeurant dans le ciel, ils nous font prendre conscience du mystère fascinant qui se trouve devant nous. Et nous pouvons alors commencer à découvrir ce qu’est vraiment la foi : avec l’aide d’un maître qui a vécu le Grand Mystère, nous pouvons nous aussi avancer dans l’expérience de vie qui dépasse tout enseignement.
Mais quel chemin extraordinaire !
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La prière du Cosmos
Neil Douglas-Klotz
Jésus n’a pas prononcé les mots « Dieu » ou « paradis ». Il n’a en fait jamais mentionné la plupart des mots que nous lisons dans la Bible. Ceci est indiscutable car Jésus ne parlait pas anglais. Il parlait araméen et disait « Alaha » et bwashmaya (transcription de l’araméen pour Dieu et paradis). Si Jésus ne nous a pas dit de prier « Notre Père qui es aux cieux... » qu’a-t-il donc dit ?
O Engendreur ! Père-Mère du Cosmos,
tu crées tout ce qui se meut dans la lumière.
O Toi, universel Souffle de Vie,
créateur de la musique qui nous anime
Respiration des sphères,
nous percevons ton haleine dans le silence du monde
Source de toutes choses,
dans les grondements et les murmures, dans la brise et l’ouragan
nous entendons ton Nom
Toi le Rayonnant, tu brilles en nous, autour de nous
et même l’obscurité devient lumière lorsque nous te nommons
Toi le Nom, toi qui nommes tout ce qui est,
c’est en Toi que nous trouvons notre petite identité
Action silencieuse, puissance secrète,
lorsque s’ouvrent nos oreilles et nos yeux, le Paradis nous apparaît
O Engendreur ! Père-Mère du Cosmos !
Traduction Gilles Castelnau
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