Libre opinion
lettre de l'Église réformée de France
au Secrétaire d’État au logement
Laurent Schlumberger
pasteur,
président du Conseil national de l'Église réformée de France
à
M. Benoist Apparu
secrétaire d’État au logement
Monsieur le Secrétaire d’État,
Depuis bien des villes de France ces temps-ci, militants associatifs, fonctionnaires des services concernés, travailleurs sociaux et simples citoyens, attirent notre attention sur la remise à la rue de personnes précédemment accueillies dans des hébergements d’urgence. A un moment où les conditions climatiques et l’ambiance estivale en amenuisent l’impact social et médiatique, ces remises à la rue ont parfois concerné des familles entières, y compris des femmes seules avec des enfants, voire avec des bébés âgés de quelques jours seulement.
La baisse des subventions ou le retard croissant de leur paiement, la déficience de la prise en charge par l’État du fait du financement insuffisant de structures telles que le Samu social, sont la cause immédiate de cette situation. Le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées a de nouveau dénoncé cette logique, il y a trois jours dans vos bureaux.
Chaque être humain, en particulier dans les premiers jours de son existence mais aussi tout au long de celle-ci, a besoin d’être inconditionnellement accueilli et reconnu par ses semblables, pour pouvoir vivre. Ce devoir d’hospitalité et de vigilance incombe à chacun comme à la collectivité. Lorsque l’insuffisance des moyens affectifs, culturels et économiques mettent cette hospitalité minimale en danger, il est de la responsabilité des instances politiques élues d’organiser sa prise en charge. En France, cette responsabilité relève de manière ultime de l’État.
L’Église réformée de France est liée à plusieurs des associations du Collectif des associations unies (Centre d’action sociale protestant, Collectif Les morts de la rue, Fédération de l’Entraide protestante, Fondation de l’Armée du Salut, etc.), soit parce qu’elles sont directement issues de ses rangs, soit par l’engagement de ses membres, soit par des partenariats et des compagnonnages souvent de longue date. Elle a rappelé dans ses synodes récents combien son engagement social devant la précarité et l’exclusion – ce qu’elle appelle en termes théologiques la « diaconie » - est non seulement attention compassionnelle mais aussi « pratique de libération et exigence de justice ».
C’est à ce double titre que le Conseil national de l’Église réformée de France, réuni aujourd’hui, vous fait part de sa vive préoccupation devant les effets inacceptables de choix politiques qui aboutissent à étrangler les moyens dont doivent pouvoir bénéficier les personnes les plus faibles et fragiles de notre société et demande au gouvernement d’honorer ses engagements en matière de logement social et d’hébergement d’urgence.
Par ailleurs, le Conseil national apporte son soutien aux démarches entreprises par le Collectif des associations unies. Il encourage, dans le prolongement des décisions du Synode national de 2010, les communautés locales de l’Église réformée de France, qui agissent par leurs propres services de diaconie ou par des associations sœurs, dans leur effort de vigilance, d’action et de prière.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Secrétaire d’État, l’assurance de ma haute considération.
Paris, le 3 juillet 2011
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